Retraites : le gouvernement veut inciter les Français à recourir davantage au minimum vieillesse

Publié le 24 janvier 2023 à 16:06Mis à jour le 24 janvier 2023 à 17:26
C’est l’un des arguments du gouvernement pour défendre sa réforme des retraites : elle permettra de financer des mesures de solidarité et de justice sociale. Parmi celles-ci, un dispositif est prévu pour inciter les Français à recourir davantage à l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), autrement dit au moins à la vieillesse.
Le point de départ est que, comme pour le RSA, le taux de non-recours à cette prestation sociale est élevé : il atteint 50 %, ce qui signifie que seule une personne sur deux n’en fait pas la demande, alors qu’elle est éligible, selon au baromètre de décembre 2022 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). En moyenne, cela revient à se priver de plus de 200 euros de ressources chaque mois.
Sommes récupérées après le décès
Pour mémoire, il faut avoir plus de 65 ans et vivre seul avec des revenus inférieurs à 961,08 euros par mois pour percevoir le minimum vieillesse. L’écart entre les ressources et ce plafond (qui a été majoré de 0,8 % au 1euh janvier) détermine le montant perçu au titre de l’Aspa. Aujourd’hui, 320 000 personnes sont concernées et les sommes versées atteignent 1 milliard d’euros par an, indique la Drees.
Problème : si cette allocation est connue de 62 % des Français, seuls 19 % d’entre eux savent assez précisément qui peut en bénéficier. A cette méconnaissance s’ajoute un autre frein : l’inquiétude suscitée par le système de recouvrement sur succession.
De quoi s’agit-il ? Le système prévoit que les sommes versées au titre du minimum vieillesse sont récupérées par la caisse de retraite ou l’Etat après le décès du bénéficiaire, auprès de ses héritiers. Ce recouvrement de créances est prélevé sur la succession du défunt, précisément sur la partie de sa succession (l’actif net successoral) qui dépasse 39 000 euros. Ainsi, seules les personnes âgées disposant de faibles revenus, mais disposant encore d’un minimum de patrimoine, sont visées. Lorsque l’héritage (dettes déduites) transmis est trop modeste, l’organisme payeur ne récupère rien après le décès.
Impact sur les successions
Pour atténuer l’impact sur le patrimoine des bénéficiaires de l’abattement, le gouvernement entend relever le niveau des actifs au-dessus duquel s’applique le prélèvement. Le seuil passerait ainsi de 39 000 euros à 100 000 euros. En clair, seule la partie excédant 100.000 euros pourrait faire l’objet d’un recouvrement auprès de la caisse de retraite ou de l’Etat, ce qui devrait rassurer les personnes âgées vis-à-vis de leurs héritiers.
« Ce montant n’était jusqu’alors pas indexé sur une taille économique et n’a pas changé depuis 1982 (250.000 francs) », indique le rapport gouvernemental. « Il sera porté à 100 000 euros dès le 1euh septembre 2023, sera ensuite indexé en permanence sur l’inflation. »
Cette incitation aura un coût. « Sous l’hypothèse d’une augmentation du recours à l’Aspa de 3 points d’ici 2030, les dépenses au titre du minimum vieillesse augmenteraient de 60 millions d’ici 2030 », calcule le gouvernement. Il estime qu’en relevant le seuil qui déclenche le recouvrement des créances, les sommes récupérées sur les successions diminueraient de 50 %, soit une baisse de 70 millions des revenus des caisses de retraite. Globalement, la mesure conduirait à une réduction du solde du système de retraite de 100 millions d’ici 2030.