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Retraites, censure, licenciement… Quand la gauche compte sur les voix du RN, sans le dire

La destitution n’est pas une affaire conclue

La dernière initiative en date a tout d’un coup de poker. Lancée par La France Insoumise, la menace de destitution d’Emmanuel Macron est quasiment impossible à mettre en œuvre. Simple question d’arithmétique : pour réussir, cette procédure doit être votée par les deux tiers des députés, soit 385 élus. Avec ses 72 sièges, LFI est loin du compte, et même avec ses alliés du Nouveau Front populaire (NFP), la gauche n’en rassemble que 193, soit à peine un tiers des voix. Ce qui semble déjà hors de portée, au vu des premières réactions mitigées, voire hostiles, des socialistes, écologistes et communistes.

Manuel Bompard assure toutefois que sa proposition constitue « une possibilité crédible » car « les députés qui soutiennent le président de la République représentent moins d’un tiers des députés à l’Assemblée nationale ». Et de fait, les trois groupes de l’ancienne majorité (EPR, MoDem, Horizons) totalisent 166 élus.

Mais pour parvenir à leur but, les Insoumis auraient de toute façon besoin des 126 voix du RN, éventuellement complétées par leurs 16 associés ciottistes, ou par les 22 insaisissables indépendants du groupe Liot. Ils auraient aussi besoin du soutien improbable des 47 députés de la Droite républicaine, d’autant plus indispensable qu’elle détient la majorité au Sénat, où la gauche ne détient qu’un large quart des sièges.

Censure, rien n’est sûr

A défaut de destitution, les patrons du NFP disposent d’un autre moyen de pression pour imposer leur candidate à Matignon, Lucie Castets, au chef de l’Etat. Ainsi, pour le socialiste Olivier Faure, « la réponse à la nomination d’un Premier ministre qui ne serait pas dans la lignée de la tradition républicaine », c’est-à-dire le choix d’une personnalité issue du camp arrivé en tête des législatives, « est la censure ».

Encore faut-il qu’elle puisse être mise en œuvre. Ce qui nécessite de trouver une majorité absolue à l’Assemblée, soit 289 voix. Un chef de gouvernement étiqueté macroniste ou de droite peut a priori compter sur le soutien d’un bloc central plus ou moins large, le seul moyen d’atteindre ce seuil serait aussi d’obtenir le soutien du RN.

Ce ne serait pas une première, puisque l’extrême droite a déjà voté 9 des 26 motions déposées ces deux dernières années par la gauche contre Élisabeth Borne puis Gabriel Attal, sans succès. A l’inverse, les sept tentatives du RN n’ont reçu aucun soutien des membres de l’ex-Nupes.

Mais la dissolution a changé la donne. Marine Le Pen promet désormais de censurer « tout gouvernement où LFI et écologistes auraient des responsabilités ministérielles ». Une ligne rouge largement partagée parmi les députés macronistes et de droite, suffisamment nombreux avec le RN pour faire tomber un éventuel gouvernement NFP.

Retraites stratégiques

Avec ou sans censure, la gauche espère toujours marquer les esprits sur le dossier emblématique des retraites. Comme leur collègue Aurélie Trouvé la semaine dernière, les députés Insoumis martèlent depuis des semaines qu’il leur est possible « d’avoir une majorité pour abroger la réforme détestée » qui a repoussé l’âge légal à 64 ans.

Cette fois, il suffit simplement d’obtenir plus de voix « pour » que « contre ». Le jeu s’annonce néanmoins serré entre le camp présidentiel qui a défendu ce texte l’an dernier et une droite emmenée par Laurent Wauquiez qui ne s’y est pas opposé, tout comme Eric Ciotti.

Cammile Bussière

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