Un peu moins de deux mois après sa mise en service, la jetée américaine, installée à Gaza pour acheminer une partie de l’aide humanitaire aux Palestiniens, va être définitivement démantelée. Annoncé début mars, ce port artificiel a coûté 230 millions d’euros à construire et a connu de nombreux déboires. Jugée insuffisante pour acheminer la nourriture nécessaire aux habitants de la bande de Gaza, isolés par les bombardements israéliens, l’installation a été malmenée par la houle. Retour sur cet échec.
7 mars : les États-Unis annoncent la construction d’une jetée à Gaza
Jeudi 7 mars, un haut responsable américain a annoncé à la presse le projet d’une jetée à Gaza. Un projet commandé par le président Joe Biden lui-même.
L’idée est que l’armée américaine pourrait construire un port flottant au large de la bande de Gaza pour permettre l’acheminement de davantage d’aide humanitaire par voie maritime : « de la nourriture, de l’eau, des médicaments et un abri temporaire », détaille le haut fonctionnaire.
Ce dernier précise que cette opération « Cela prendra plusieurs semaines à planifier et à exécuter ».
12 mars : Des navires et des soldats américains en route vers Gaza
La semaine suivante, le mardi 12 mars, quatre navires de l’armée américaine quittèrent la base interarmées de Langley-Eustis, en Virginie, dans l’est des États-Unis. À leur bord se trouvaient une centaine de soldats du 7e bataillon du 11e Régiment d’infanterie.et Brigade de transport de Hampton (7e BTX) et tout le nécessaire pour construire la jetée.
Le samedi précédent, un premier navire avait quitté les États-Unis pour Gaza. Il s’agissait de l’USAV (US Army Vessel) Général Frank S. Besson.
Parallèlement, à Gaza, la plage de Khan Younis subit des travaux pour accueillir la jetée flottante.
25 avril : Début des travaux de construction au large de la plage de Gaza
La construction a commencé plus d’un mois plus tard, le 25 avril. Le Pentagone affirme que la jetée devrait être opérationnelle début mai. Le coût est alors estimé à 320 millions de dollars.
Située à 5 km au large, la jetée de 82 m de long et 22 m de large permettra de décharger les marchandises des rouliers et des cargos qui ne peuvent pas s’approcher. Des barges transféreront ensuite les conteneurs vers une jetée de transit de 550 m de long, permettant aux camions d’atteindre la plage de Gaza.
Le port artificiel devrait permettre l’acheminement de 90 camions d’aide par jour, puis 150 par jour.
17 mai : Le premier déchargement d’aide a lieu
Le port artificiel a finalement été opérationnel à la mi-mai. Le jeudi 16 mai, les États-Unis ont annoncé avoir terminé son installation. Le premier déchargement a été annoncé pour le lendemain, 17 mai.
Les Nations Unies et les organisations humanitaires préviennent que le port temporaire ne peut pas remplacer un afflux d’aide par voie terrestre. « Les besoins à Gaza sont tellement énormes que nous ne pouvons pas nous permettre de fermer les points de passage », a-t-il ajouté. « Nous ne parlons pas des États-Unis », explique Dan Dieckhaus, haut responsable de l’Agence américaine pour le développement international (USAID).
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25 mai : les navires se détachent de leurs amarres
Samedi 25 mai, la mer est agitée. Quatre navires américains, qui servent à soutenir la jetée, se détachent de leurs amarres et s’échouent. Un seul des quatre est récupéré, les trois autres doivent être « ramené dans les 48 heures », a annoncé la porte-parole du Pentagone lors d’une conférence de presse le 28 mai.
28 mai : Nouveaux dégâts causés par une mer « agitée »
Le mardi suivant, la jetée a été endommagée. Dégâts causés par une mer « mouvementé » et du mauvais temps, selon les informations relayées par le quotidien britannique Le gardien.
Le Pentagone confirme qu’il doit être retiré de la côte pour pouvoir être réparé. Des réparations qui pourraient prendre « au moins plus d’une semaine”, a déclaré la porte-parole du Pentagone.
7 juin : La jetée est enfin réinstallée
Une semaine et demie plus tard, le 7 juin, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) assure, dans un message sur X, que son personnel « Nous avons réinstallé avec succès la jetée temporaire à Gaza, permettant la poursuite des livraisons d’aide humanitaire indispensable à la population de Gaza. »
Autre bonne nouvelle pour les Américains : la jetée aura finalement coûté moins cher que prévu. « Bien que le ministère de la Défense ait initialement estimé que la jetée flottante coûterait 320 millions de dollars lorsque la mission a été annoncée début mars, ce chiffre a maintenant été réduit d’environ 90 millions de dollars », La porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, l’a déclaré mercredi.
11 juillet : Joe Biden annonce le retrait définitif de la jetée
Un peu moins de deux mois après son lancement, le port artificiel est finalement abandonné, ont annoncé jeudi 11 juillet les Etats-Unis. Minée par des problèmes, la jetée sera bientôt démantelée.
Le président américain Joe Biden s’est déclaré » déçu « , confiant qu’il aurait aimé que cette infrastructure flottante réussisse sa mission.