retour sur près de quinze ans de démêlés avec la justice
Le célèbre hacker australien va bientôt retrouver sa liberté. Après quatorze ans de poursuites, Julian Assange a quitté le Royaume-Uni libre mardi 25 juin, et devra plaider coupable le lendemain devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, dans le cadre d’un accord trouvé avec la justice américaine. Il devrait pouvoir retrouver son Australie natale et sa famille à l’issue de cette apparition.
Le fondateur de WikiLeaks était poursuivi pour avoir publié plus de 700 000 documents confidentiels concernant les activités diplomatiques et militaires américaines en Afghanistan et en Irak, et risque une peine de 175 ans de prison. Retour sur les nombreux rebondissements judiciaires qu’a vécu Julian Assange en près de quinze ans.
► Juillet 2010 : fuite massive de documents confidentiels américains
Dès 2010, plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités américaines menées en Irak et en Afghanistan ont été révélés au grand public sur la plateforme WikiLeaks, fondée par Julian Assange quatre ans plus tôt. Celles-ci ont été obtenues grâce au militaire Chelsea Manning, condamnée à trente-cinq ans de prison en 2013 pour cette transmission de données, et dont la peine a finalement été commuée en 2017 par Barack Obama.
► Août 2010 : une première détention
Le 20 août 2010, deux Suédoises ont accusé Julian Assange de viol et d’agression sexuelle. Visé par un mandat d’arrêt international émis par la Suède, le célèbre lanceur d’alerte s’est rendu à la justice britannique et a passé une semaine en détention provisoire. Il a ensuite obtenu une libération conditionnelle.
► Juin 2012 : refuge à l’ambassade d’Équateur à Londres
Toujours visé par le mandat d’arrêt suédois, Julian Assange a trouvé refuge à l’ambassade d’Équateur à Londres à partir du 19 juin 2012. L’asile politique lui a été accordé par l’ancien président équatorien Rafael Correa. Il a même été naturalisé en décembre 2017, mais Londres refuse toujours de le libérer.
Le cyberactiviste passe sept ans enfermé dans une pièce de 30 mètres carrés, sans accès à l’air libre, afin d’éviter son extradition vers la Suède. L’enquête a finalement été close en novembre 2019. En neuf ans, aucune plainte n’a été déposée par la justice suédoise contre Julian Assange.
► Avril 2019 : peine à 50 semaines de prison
L’arrivée de Lenín Moreno, le nouveau président de l’Équateur, marque un tournant dans l’affaire Assange. Alors que des soupçons de rapprochement avec l’administration Trump émergent, Quito décide de retirer à l’Australien le droit d’asile qui lui avait été accordé sept ans plus tôt.
En avril 2019, le hacker avait été arrêté dans l’enceinte de l’ambassade par la police britannique. Accusé de ne pas avoir respecté les conditions de sa liberté provisoire, il a été condamné à cinquante semaines de prison, qu’il purge depuis cette date dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, située dans l’est de Londres. Le ministère américain de la Justice a demandé son extradition au moment de son arrestation.
► Mai 2019 : Assange visé par 18 accusations
Déjà poursuivi par les Etats-Unis pour « association de malfaiteurs en vue de commettre une intrusion informatique »Julian Assange a été visé en mai 2019 par dix-sept autres accusations, dont « espionnage » Et « conspiration », selon le document d’extradition présenté à la justice britannique en mai 2019. Au total, l’Australien encourt une peine de 175 ans de prison.
► Juin 2022 : confirmation de l’extradition
Alors que l’état de santé du journaliste s’était considérablement dégradé, la justice britannique a refusé en janvier 2021 de l’extrader vers les États-Unis. La juge Vanessa Baraitser cite notamment le risque de suicide de Julian Assange.
Cette première décision a ensuite été annulée en raison « assurance » faite ensuite par le ministère américain sur ses conditions de détention. En clair, les autorités américaines ont affirmé qu’en cas d’emprisonnement, le cyberactiviste bénéficierait des soins cliniques et psychologiques nécessaires. Ils ont également suggéré qu’il pourrait purger sa peine en Australie. Le 17 juin 2022, le gouvernement britannique a confirmé avoir signé le décret d’extradition du journaliste.
► Mai 2024 : feu vert accordé à la demande d’extradition
Du mardi 20 février au mercredi 21 février 2024, deux audiences administratives se sont tenues devant la Haute Cour britannique pour déterminer si Julian Assange était autorisé ou non à faire appel de son extradition. Elles ont lieu en l’absence de Julian Assange, qui souffre.
Le 20 mai, la justice britannique a accordé au lanceur d’alerte la possibilité de faire à nouveau appel. Ce recours devait être examiné les 9 et 10 juillet.
► Juin 2024 : un accord de plaidoyer de culpabilité conclu avec la justice américaine
Entre-temps, le fondateur de WikiLeaks a trouvé un accord avec les autorités américaines censé lui permettre de retrouver sa liberté. Mardi 25 juin, le fondateur de WikiLeaks a quitté le Royaume-Uni libre et est monté à bord d’un avion privé à destination d’un tribunal fédéral américain dans les îles Mariannes, dans le Pacifique.
Le 26 juin prochain, l’Australien de 52 ans devra plaider coupable à un seul chef d’accusation, celui de « complot visant à obtenir et à divulguer des informations sur la défense nationale », selon des documents judiciaires rendus publics. Il devrait être condamné à 62 mois de prison, peine déjà purgée en détention provisoire à Londres. Il devrait donc pouvoir retrouver son Australie natale et son épouse Stella Assange, ainsi que ses enfants.