Divertissement

retour sur l’exposition qui a révolutionné la peinture

Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas, Frédéric Bazille et Claude Monet, dans le docu-fiction « 1874.  La naissance de l'impressionnisme », par Hugues Nancy et Julien Johan.

ARTE – SAMEDI 27 AVRIL À 20H50 – DOCU-FICTION

D’un docu-fiction, on peut s’attendre au meilleur, comme au pire. Nous sommes ici dans le premier cas : la longue marche des peintres impressionnistes est racontée avec précision et vivacité, depuis la découverte des merveilles que permet la peinture en plein air, sur le motif, une illumination vécue par le jeune Claude Monet, formé par Eugène. Boudin sur les falaises normandes, jusqu’à cette exposition mythique de 1874 qui, grâce à une critique malveillante, donnera son nom au mouvement.

Le contexte historique est également bien cerné : nous sommes dans la deuxième période du règne de Napoléon III, celle que l’on qualifie de « libérale », au sens ancien du terme. La France connaît un développement économique remarquable, marqué par la croissance de l’industrie et des infrastructures, notamment ferroviaires. Ces dernières, qui mettent la campagne à portée de Paris, tout comme l’invention du tube de peinture, plus maniable que les anciennes vessies contenant des couleurs, permettent aux jeunes peintres d’aller explorer la forêt de Fontainebleau, où quelques-uns les ont précédés. des pionniers, comme Théodore Rousseau ou Gustave Courbet.

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Mais cette libéralisation du régime et ces idées nouvelles n’enchantent pas tout le monde, notamment le monde académique de l’art, farouchement attaché à ses traditions. Avec ses camarades Frédéric Bazille, Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley, Monet le rencontre dans l’atelier de Charles Gleyre, qui s’obstine à leur enseigner un « bel idéal », tiré de l’Antiquité. Le quatuor s’enfuit, décidant de s’appuyer sur la nature comme seul guide. Ils formeront le noyau initial de ce qu’on a appelé le « groupe des Batignolles », du nom de ce quartier de Paris nouvellement construit par Haussmann, où Bazille a son atelier. Ils seront bientôt rejoints par Edgar Degas, Camille Pissarro, Paul Cézanne et Berthe Morisot, qui doit, pour devenir artiste, surmonter un handicap supplémentaire : elle est une femme…

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Le soutien d’Emile Zola

Leurs débuts furent tolérés : ils furent presque tous acceptés aux Salons de 1865 et 1866, et ils rencontrèrent un accueil relativement clément de la part des critiques, avec le soutien notable d’Emile Zola, alors âgé de 26 ans, qui s’engage véritablement dans la défense. de leur peinture : « J’ai cherché des hommes dans la foule de ces eunuques », écrit-il à propos des exposants du Salon, pour mieux mettre en valeur cette jeune génération qui lui permet de développer sa théorie du naturalisme. Que lui coûte son poste de journaliste, et déplaît également au jury du Salon : en 1867, ils sont tous refusés. C’est le début de la misère pour la plupart d’entre eux.

Mieux doté, Bazille soutient financièrement ses amis, mais il est tué pendant la guerre de 1870. Pourtant, réfugiés à Londres, Monet et Pissarro rencontrent celui qui inventera le marché de l’art moderne, Paul Durand-Ruel. Sa galerie offrira une alternative au Salon. Sauf qu’il ne peut pas accueillir tout le monde. Ils créèrent ainsi une société anonyme coopérative de peintres, sculpteurs, etc., afin d’organiser « expositions gratuites, sans jury ni récompense ».

La première a lieu dans l’atelier du photographe Nadar : plus de 200 œuvres y sont exposées en 1874, dont Impression, soleil levant, de Monet. Pensant faire un bon mot, se dit un critique « impressionné » par ces « impressionnistes ». Un mouvement est né : il change l’histoire de l’art.

1874. La naissance de l’impressionnisme, docu-fiction de Hugues Nancy et Julien Johan (Fr., 2023, 96 min). Sur Arte.tv jusqu’au 25 septembre.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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