Réouverture de l’aéroport international de Nouméa et des écoles en journée, autorisation de sortie jusqu’à 20h00 : lundi, la Nouvelle-Calédonie devrait entamer une « retour progressif à la vie normale » après un mois de violents troubles qui ont fait neuf morts.
Dimanche, le Haut-commissariat de la République, représentant de l’État français sur l’archipel de 270 000 habitants, « a décidé de rouvrir l’aéroport international de Nouméa-La Tontouta dans la journée » Et « de repousser le début du couvre-feu à 20h à partir de lundi »contre 18h00 jusque-là, selon un communiqué.
La décision de rouvrir l’aéroport a été prise en raison de « la circulation diurne (…) rendue possible sur la RT1 »une double voie rapide reliant le centre de Nouméa à l’aéroport international de La Tontouta, longtemps inaccessible en raison des nombreux barrages routiers installés par les indépendantistes.
« La semaine dernière, l’aéroport était gardé par la police avec des points de contrôle, seules les personnes autorisées pouvaient y accéder en empruntant des navettes dédiées obligatoires »a expliqué à l’AFP Charles Roger, directeur général des Chambres de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie.
« A partir de lundi, les passagers pourront venir par leurs propres moyens à l’aéroport qui ne sera plus gardé par la police. Toutes les compagnies pourront desservir l’aéroport, il n’y aura aucune restriction, y compris le kérosène.”a poursuivi M. Roger en précisant que l’idée était que les vols arrivent tard le matin ou tôt l’après-midi.
Le Haut-Commissariat a également reporté de deux heures le début du couvre-feu – qui court jusqu’à 6 heures du matin le lendemain –. « dans le cadre de l’amélioration de la situation et afin de faciliter le retour progressif à la vie normale ».
Le couvre-feu a été instauré le 14 mai, puis l’état d’urgence le lendemain, ce dernier ayant été levé le 28 mai.
D’autre part, « L’interdiction de la vente d’alcool (exception pour les cavistes), de la vente et du transport d’armes est étendue ».
Par ailleurs, lundi, les élèves du primaire et du secondaire reprendront progressivement le chemin de l’école, selon les zones et les établissements. Les élèves des écoles primaires de la province du sud seront les premiers à retourner en classe, suivis par les collégiens la semaine prochaine, puis les lycéens à partir du 24 juin.
1,5 milliard d’euros de dégâts
Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie à de violents troubles provoqués par l’adoption par l’Assemblée nationale d’un projet de loi de réforme constitutionnelle permettant un dégel du corps électoral, ce qui, selon ses opposants, marginaliserait davantage le peuple autochtone kanak.
Mercredi dernier, le président Emmanuel Macron a suspendu le projet de loi mais les indépendantistes entendent continuer à lutter jusqu’à l’abandon de ce projet qui, s’il était adopté, permettrait aux personnes présentes sur l’archipel depuis au moins dix ans de voter aux élections provinciales, cruciales pour la vie de l’archipel. l’archipel.
Le collectif de l’Unité de coordination des actions de terrain (CCAT), au cœur de la révolte séparatiste, a réitéré son engagement à « mobilisé jusqu’à ce que le projet constitutionnel soit définitivement enterré et jusqu’à l’indépendance »lors de leur assemblée générale tenue jeudi et vendredi à Bourail, au nord de l’archipel.
Dans ce contexte tendu, la Nouvelle-Calédonie doit aussi s’organiser pour les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
Selon le dernier bilan publié dimanche par le haut-commissariat, les émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, et « Aucun nouveau décès n’a été signalé »a souligné le représentant de l’Etat, précisant que 248 policiers et gendarmes avaient été blessés et 1.187 personnes arrêtées.
Au total, quelque 3 500 forces de sécurité sont déployées dans ce territoire d’outre-mer du Pacifique Sud.
De nombreux bâtiments ont été incendiés et des magasins pillés.
« Actuellement, nous en sommes à un peu plus de 200 maisons incendiées – totalement ou partiellement – ou vandalisées, 900 commerces et petites entreprises, et environ 600 véhicules de particuliers et d’entreprises, depuis le début de ces émeutes »notait Frédéric Jourdain, président du Comité des sociétés d’assurances (Cosoda) la semaine dernière sur Nouvelle-Calédonie La 1ère.
Le coût des dégâts a été estimé à plus de 1,5 milliard d’euros, selon le haut-commissaire Louis le Franc.