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Retour possible de l’ISF : la tentation des investissements au Luxembourg revient chez les épargnants fortunés – 14/08/2024 à 09:44

Les sirènes du Grand-Duché et de sa fiscalité avantageuse, qui avaient connu un pic d’attrait au tournant des années 2010, connaissent depuis plusieurs mois un regain d’intérêt auprès de la clientèle française fortunée. En cause : le flou politique, l’hypothèse du Nouveau Front populaire et ses propositions en matière fiscale.

(AFP / FRED TANNEAU)

(AFP / FRED TANNEAU)

De nombreux épargnants fortunés, inquiets de voir la gauche se rapprocher du pouvoir, s’intéressent aux contrats d’assurance-vie au Luxembourg, selon leurs conseillers, convaincus que leur épargne sera ainsi mieux protégée.

Guillaume Gimbal, directeur de la gestion de fortune de Swiss Life Banque Privée, a vu dans le sillage de l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron le 9 juin dernier une

« augmentation très significative du nombre de demandes » de ses clients en matière d’assurance-vie au Luxembourg,

pays connu pour son attractivité fiscale.

Ce produit « rassure (…) car le spectre de la fiscalité de l’épargne plane un peu », explique à l’AFP M. Gimbal, à la tête d’une équipe d’une dizaine de conseillers, qui s’adressent à des clients lui confiant au moins 500.000 euros.

Même au tournant des années 2010, « âge d’or » du contrat luxembourgeois sur fond de crise de la dette grecque et de craintes sur la solidité de la zone euro, « nous étions moins sollicités qu’aujourd’hui », constate-t-il.

La crainte porte sur l’une des mesures phares du programme du Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête au second tour des législatives : la taxation des revenus du capital via le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

« Nous nous étions quelque peu habitués à cette absence de l’ISF depuis plusieurs années, observe M. Gimbal, nous commençons à préparer nos clients à la forte probabilité de son retour. »

Le luxe de Fiat

« Une fiscalité juste » s’adressant entre autres aux « ménages les plus aisés » est l’une des cinq priorités de la candidate du PFN à Matignon, Lucie Castets, lundi.

Bien que les contrats luxembourgeois n’exonèrent pas les clients français de l’imposition dans leur pays d’origine, des stratégies utilisant ces investissements existent pour la réduire.

« Nous n’avons jamais connu de période où nous ne pouvions pas optimiser la pression fiscale de manière totalement traditionnelle », souligne M. Gimbal, qui invite pour l’instant ses clients à ne pas « céder à la panique ».

Les contrats d’assurance-vie au Luxembourg offrent des avantages, selon ceux qui les commercialisent :

large gamme d’investissements (y compris en dollars), priorité sur tous les autres créanciers

(y compris l’État, les salariés et les organismes de sécurité sociale) en cas de faillite de l’assureur…

Les banques françaises en savent quelque chose : elles disposent de filiales dédiées au Luxembourg pour leurs clients français, commercialisant ces produits d’épargne. « Ce n’est pas un hasard si l’assurance-vie luxembourgeoise est attractive. Et notamment les épargnants et investisseurs français. Ils constituent ainsi la majorité de la clientèle », se vante ainsi BPCE Life, associée au groupe Banques Populaires et Caisses d’Epargne, sur son site.

A partir d’un versement minimum de 500 000 euros, Crédit Agricole Assurance Vie (Cali) « propose des gammes de produits d’assurance vie et de capitalisation spécialement conçues pour les résidents fiscaux français ».

BPCE Life, Cali, Sogelife (Société Générale) et Cardif Lux Vie (BNP Paribas) totalisent près de 65 milliards d’euros sous gestion au Luxembourg.

Mais les accidents arrivent : l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’organisme français de surveillance des banques et des assurances, a annoncé la semaine dernière que 30.000 contrats en France étaient concernés par l’insolvabilité de l’assureur-vie FWU Life Insurance Lux SA, basé au Luxembourg.

Vous emballez vos cartons ?

Certains épargnants fortunés, dont le patrimoine se chiffre en millions voire en dizaines de millions d’euros, souhaitent même aller plus loin et envisagent sérieusement

expatriation.

Le cabinet d’avocats Sekri Valentin Zerrouk a dressé la liste des conditions à respecter : vendre tout bien immobilier librement habitable en France et résilier tout bail de location, cesser toute activité professionnelle en France, qu’elle soit salariée ou non, transférer la majorité de ses investissements hors de France… et bien sûr partir avec toute sa famille en limitant son retour en France à quelques semaines par an.

L’expatriation fiscale est « en réalité extrêmement compliquée et coûteuse », précise Nicolas Hubert, directeur général de Milleis Banque.

Coïncidence ou non, le Luxembourg fait encore plus les yeux doux aux futurs expatriés : le ministre des Finances du Grand-Duché, Gilles Roth, a annoncé le 17 juillet une série de nouvelles mesures en ce sens, dont des incitations fiscales.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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