Retour au calme fragile et premières évacuations de touristes en vue
MISE À JOUR SUR LA SITUATION – Alors que la fermeture de l’aéroport international de Nouméa aux vols commerciaux a été prolongée jusqu’à jeudi, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont annoncé mardi l’envoi de plusieurs vols pour évacuer leurs centaines de ressortissants bloqués.
Retour au calme fragile, évacuations d’étrangers, poursuite de l’examen du projet de Constitution,… Huit jours après le début de cette explosion de violences en réaction à une réforme constitutionnelle décriée par les indépendantistes, Le Figaro fait le point sur la situation dans l’île du Pacifique.
Une autre nuit agitée
A l’issue du troisième Conseil de défense organisé en moins d’une semaine ce lundi 20 mai, l’Élysée n’a pas soulevé la question de l’éventuelle prolongation de l’état d’urgence, en vigueur depuis mercredi dernier. Cette situation exceptionnelle ne peut être prolongée au-delà de 12 jours sans soumettre un texte au Parlement. Alors que le spectre d’une pénurie de produits alimentaires et de médicaments plane sur la métropole de Nouméa, le Haut-Commissaire a assuré que 21 supermarchés ont rouvert leurs portes. « et se reconstituent progressivement ».
« Les opérations de le déblaiement des routes se poursuit », souligne le représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie, le haut-commissaire Louis Le Franc dans un communiqué. Mais la nuit était encore mouvementée : mardi matin, sur la voie express menant à l’aéroport international, l’entrepôt d’une entreprise de fournitures de bureau était en feu, dégageant une épaisse fumée noire. Deux épaves de voitures entassées forment une barrière à 200 mètres, des jeunes hommes cagoulés filtrant le passage des voitures. A Doumbéa, commune importante de l’agglomération, c’est le centre culturel qui a été saccagé. « Les jeunes voulaient tout brûler, on a réussi à les arrêter »assure à l’AFP un militant du CCAT.
Six personnes ont été tuées depuis le début des violences, d’une ampleur inédite depuis près de 40 ans dans l’archipel océanien. Parmi les morts figurent deux gendarmes mobiles dont les restes ont été rapatriés en France par avion militaire lundi.
Évacuation des ressortissants australiens et néo-zélandais
Alors que la fermeture de l’aéroport international de Nouméa aux vols commerciaux a été prolongée jusqu’à jeudi, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui tentent depuis plusieurs jours de rapatrier leurs centaines de ressortissants bloqués, ont également annoncé mardi matin l’envoi de plusieurs vols pour les évacuer.
Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères, Winston Peters, a indiqué que son gouvernement avait affrété un vol vers Nouméa, partant en fin de matinée pour rapatrier une cinquantaine de ses ressortissants, tandis que son homologue australienne Penny Wong a annoncé l’envoi dans la journée de deux avions qui va évacuer « Touristes australiens et autres ».
Poursuite de l’examen du projet de loi constitutionnelle
Malgré le déploiement massif des forces de sécurité intérieure, qui dépassent désormais les 2 700 hommes en Nouvelle-Calédonie, la situation demeure « précaire », de l’aveu même des autorités. Les principales figures non indépendantistes de l’archipel, réunies en conférence de presse à Nouméa, ont toutefois appelé à poursuivre l’examen du projet de loi constitutionnelle, qui doit être adopté au Congrès avant fin juin.
Son retrait serait « une erreur très grave » qui donnerait «Raison aux voyous, aux pilleurs et aux émeutiers», a affirmé le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf. La présidente du groupe Rassemblement-LR au Congrès calédonien, Virginie Ruffenach, a estimé que « Le terrorisme ne doit pas gagner, la violence ne doit pas gagner ».
Alors que la crise menace de s’aggraver, les appels se sont multipliés, de la gauche à l’extrême droite, en passant par la majorité et même le maire loyaliste de Nouméa, pour exiger un report de cette réforme qui prévoit le dégel du corps électoral aux élections provinciales, cruciale dans l’archipel. Ce dégel aurait pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanak, dénoncent les indépendantistes.
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Emmanuel Macron constate de « nets progrès dans le rétablissement de l’ordre »
Emmanuel Macron a également relevé lundi 20 mai « de nets progrès dans le rétablissement de l’ordre » sur l’île du Pacifique, lors d’un Conseil de défense où il a été décidé de mobiliser « pendant un temps » personnel militaire pour « protéger les bâtiments publics » et ainsi soulager les forces de sécurité intérieure, a indiqué l’Élysée.
Le président de la République « a demandé au gouvernement de continuer à faire preuve de concentration, de vigilance et d’engagement » sur le dossier, a ajouté la présidence alors que le territoire est toujours en proie à des blocages. « Le retour au calme se poursuit sur tout le territoire »a de son côté écrit dans un communiqué le représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie, le Haut-commissaire Louis Le Franc.