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Retailleau à l’Intérieur et Migaud à la Justice sont déjà en conflit

Retailleau à l’Intérieur et Migaud à la Justice sont déjà en conflit
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Didier Migaud le 23 septembre 2024.
AFP Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Didier Migaud le 23 septembre 2024.

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Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Didier Migaud le 23 septembre 2024.

POLITIQUE – Déjà des ennuis. Alors que le gouvernement de Michel Barnier n’est en place que depuis 48 heures, les tout nouveaux ministres de l’Intérieur et de la Justice, le LR Bruno Retailleau et l’ancien député socialiste Didier Migaud, affichent leurs désaccords dans la presse depuis le premier jour.

La preuve en est dans les déclarations des deux concernés ce lundi 23 septembre, quelques heures seulement après la passation de pouvoir avec leurs prédécesseurs respectifs. Invité au journal de 20 heures sur TF1, le très conservateur ministre de l’Intérieur a prévenu : « Il faut prononcer des peines, les exécuter, construire des prisons. »

Représentant une ligne dure sur la question carcérale mais aussi sur l’immigration, Bruno Retailleau a ensuite souligné qu’il souhaitait « prendre tous les moyens pour réduire l’immigration en France. » Quitte à proposer une nouvelle loi sur l’immigration, à peine un an après l’adoption douloureuse d’un texte en partie rejeté par le Conseil d’Etat.

« Il doit savoir que la justice est indépendante »

Mais l’ancien sénateur se heurte à la ligne très claire tracée par le garde des Sceaux, qui a déclaré sur France 2 : « Il a ses convictions, il est ministre de l’Intérieur, je suis ministre de la Justice. Je dois moi aussi faire preuve d’autorité, de fermeté, faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité, tout en veillant à ce que l’État de droit soit respecté, que les procédures soient respectées. »

Didier Migaud a ensuite été interrogé plus précisément sur une mesure envisagée par Bruno Retailleau et détaillée dans Le Figaro, qui consiste en l’incarcération à court terme des délinquants « dès les premières infractions » comme c’est le cas aux Pays-Bas. Le ministre de la Justice n’a guère d’appétit pour cette proposition qui empiète sur ses missions. « Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est une chose essentielle », il est encore abordé sur France 2.

Les deux hommes devraient se rencontrer prochainement, Bruno Retailleau ayant confirmé que Didier Migaud serait « l’un de ses premiers rendez-vous. » Il faudra trouver des compromis, sinon on assistera à des conflits exacerbés, comme on l’a déjà vu par le passé, par exemple dans le gouvernement précédent, avec Éric Dupont Moretti et Gérald Darmanin.

Des intérêts divergents et un conflit historique

Cette guerre entre les deux ministères est en réalité un classique. Un petit tour dans les archives des quotidiens nationaux Le monde Ou Le Figaro permet de redécouvrir l’histoire des relations tendues entre Gaston Defferre et Robert Badinter au sujet de la loi « liberté et sécurité » de 1981, Jean-Pierre Chevènement et Élisabeth Guigou sur les mineurs délinquants en 1999, Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie au sujet, entre autres, de l’aggravation des peines pour les agresseurs de personnes âgées en 2010, ou encore Manuel Valls et Christiane Taubira notamment sur la réforme pénale de 2013.

En 2021, le chercheur Mathieu Zagrodzki expliquait à BFMTV que cela « La confrontation quasi permanente entre les deux administrations s’explique par le fait qu’elles ne représentent pas les mêmes intérêts. » Il a détaillé : »A Beauvau, vous subissez la pression des syndicats de police qui sont très puissants et qui estiment que la justice n’est pas assez sévère. Place Vendôme, vous représentez une administration très attachée à l’individualité des peines et qui doit faire face au manque de places en prison. » Reste à savoir qui, de Didier Migaud ou de Bruno Retailleau, aura le dessus cette fois-ci.

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