Cette fois, l’affaire semble définitivement réglée. Déjà largement en tête du Tour de France, Tadej Pogacar a porté un coup probablement décisif au reste de la concurrence en s’imposant, vendredi 19 juillet, lors de l’étape reliant Embrun (Hautes-Alpes) et la station de ski d’Isola 2000 (Alpes-Maritimes). Au-dessus de la mêlée, le Slovène a décroché le reste des favoris dans la dernière montée, avant de revenir à toute vitesse en tête de course, qu’il a dépassée sans difficulté apparente. Battu par Jonas Vingegaard lors des deux dernières éditions, le leader de l’équipe UAE Emirates est lancé vers un troisième titre sur la Grande Boucle, après ceux de 2020 et 2021.
Une fois de plus, Tadej Pogacar s’est imposé dans la montée. Et à Isola 2000, le Slovène, sauf accident, a définitivement accroché le maillot jaune du Tour 2024 sur ses épaules. Dans l’ascension finale, Pogacar a choisi son moment pour attaquer, augmenter son avance au classement général et remporter un quatrième bouquet. Il compte désormais plus de cinq minutes d’avance sur son dauphin, Jonas Vingegaard. Une domination qui a fait grand bruit en raison du lourd passé du cyclisme en matière de dopage.
Trois cols jalonnent la route reliant Embrun à la station d’Isola 2000 et chacun d’eux fait basculer la course à sa manière. Dès les premiers kilomètres, Valentin Madouas tente de s’échapper, rapidement suivi par une vingtaine de coureurs avides de sensations fortes en montagne. Le col de Vars, première difficulté du jour et classé hors catégorie (18,8 km à 5,7% de dénivelé positif), provoque une cassure dans ce groupe qui se réduit à neuf.
Les hommes de tête – notamment Richard Carapaz (EF Education-EasyPost), l’Australien Jai Hindley (Red Bull – Bora-Hansgrohe) et l’Américain Matteo Jorgenson (Visma-Lease a bike) – ont imposé un rythme suffisant pour maintenir les leaders à distance (un peu plus de quatre minutes).
Mais les organismes souffrent, mettant à mal les sprinteurs en queue de peloton, creusant les écarts dans une course fracturée. Le sommet de la Bonette (hors catégorie, 22,9 km à 6,9% de moyenne) amplifie le phénomène, et laisse une échappée réduite s’engager sur la dernière difficulté : la montée vers Isola 2000.
Matteo Jorgenson, vainqueur de Paris-Nice cette année, a peut-être tenté un numéro en solitaire en distançant ses compagnons, mais il n’a rien pu faire face au retour du maillot jaune, Tadej Pogacar, qui l’a dépassé à moins de deux kilomètres de l’arrivée. Derrière le Slovène, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, dauphins des temps difficiles, ont tenté de limiter la casse.
Du côté du Français Arnaud Démare (Arkéa-B&B Hôtels), arrivé en retard, cinquante-cinq minutes derrière Tadej Pogacar.
A l’image du nombre de points de Richard Carapaz au classement du meilleur grimpeur. L’Equatorien s’est glissé dans l’échappée du jour et a passé en tête les deux premières ascensions du jour, toutes deux classées hors catégorie. De quoi ravir le maillot à pois à l’ogre Pogacar. En prime, Carapaz a également été élu combatif du jour.
En envoyant deux coureurs dans l’échappée dès le début de l’étape, l’équipe Visma-Lease a Bike a surpris tout le monde. Était-ce un plan de l’équipe de Jonas Vingegaard pour préparer le terrain avant une accélération de son leader ? L’attaque de son équipier Matteo Jorgenson, à 13 kilomètres de l’arrivée, a mis les choses au clair : Vingegaard n’avait tout simplement pas la forme pour attaquer Pogacar, et son équipe voulait tenter de remporter l’étape avec un autre coureur ce vendredi.
Le scénario est déjà connu, le bouquet final aussi, mais la dix-neuvième étape a tout de même bénéficié de trois passages impressionnants, d’une succession de pauses, et d’un final quelque peu haletant. Sur notre appareil de mesure des spectacles sportifs (gradué de A à E), Embrun-Isola 2000 obtient ainsi un C.
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