LE MONDE QUI BOUGE. Les Moldaves ont été appelés dimanche à voter lors d’un référendum sur le principe de l’adhésion à l’Union européenne. Le résultat s’annonce très serré, un revers pour la présidente sortante Maia Sandu.
Au bord du camouflet. Maia Sandu, présidente pro-européenne de Moldavie, avait elle-même convoqué un référendum sur le principe de l’adhésion à l’UE pour valider sa stratégie, en complément du vote pour l’élection présidentielle de dimanche. Les négociations d’adhésion de la Moldavie ont débuté en juin dernier.
Le président sortant a obtenu 38 % des voix au premier tour. Sa victoire était plutôt attendue. Les sondages donnaient également la priorité au « oui ». Au final, le résultat sera très serré. Après une longue course à la tête du « non », le « oui » à l’adhésion à l’UE a pris le dessus lundi matin en Moldavie, selon le décompte quasi définitif de lundi matin.
Un système « sans précédent » d’achat de voix
Inquiète du résultat, Maia Sandu a dénoncé dans un premier temps « une attaque sans précédent contre la démocratie ».
« Des groupes criminels, en collaboration avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays avec des dizaines de millions d’euros, des mensonges et de la propagande. »
Ces derniers mois, la police a procédé à 350 perquisitions et arrêté des centaines de personnes soupçonnées de vouloir perturber les élections au nom de Moscou. Jusqu’à 300 000 Moldaves, si l’on inclut leurs proches, auraient été payés pour glisser dans les urnes des bulletins anti-Sandu et anti-UE, soit environ un quart des électeurs inscrits sur les listes dans ce pays de 2,6 millions d’habitants. Le chef du parquet anticorruption dénonce les agissements d’un « groupe criminel organisé qui opère de manière sophistiquée, à la manière des trafiquants de drogue ou d’armes ».
Selon le groupe de réflexion WatchDog, Moscou a dépensé une centaine de millions de dollars avant le vote. Au moins 15 millions d’euros auraient été transférés via des banques russes. Du jamais vu selon les autorités. Aux commandes, un homme, Ilan Shor. C’est un oligarque réfugié à Moscou après avoir été reconnu coupable de fraude. En 2014, il détourne un milliard de dollars des caisses de trois banques nationales, soit 12 % du PIB moldave de l’époque. Sur les réseaux sociaux, Ilan Shor a plaisanté sur la « déroute » de Maia Sandu et son « échec lamentable ».
Un second tour difficile à venir
Maia Sandu affrontera au second tour Alexandr Stoianoglo, du Parti socialiste de la République de Moldavie, parti eurosceptique et russophile. Cet ancien procureur a obtenu 29% des voix. Il peut aujourd’hui compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats soutenus directement ou indirectement par le Kremlin.
La Moldavie compte deux régions pro-russes sur son territoire : la Transnistrie à l’Est et la Gagaouzie au Sud. Maia Sandu, une ancienne économiste de la Banque mondiale, a complètement tourné le dos à Moscou au début de la guerre en Ukraine. Même si elle gagnait, elle sortirait considérablement affaiblie de ce scrutin. Malgré la victoire négative au référendum, la Moldavie conserve son statut de candidate officielle mais la voie verte vers l’adhésion semble très compliquée face à l’ingérence russe qui semble sans limites.