Résultats des sondages, programme… Une campagne plus difficile que prévu
Donald Trump est toujours distancé par Kamala Harris dans les sondages, mais l’issue de l’élection présidentielle n’est pas jouée d’avance et le candidat démocrate poursuit sa campagne sans épargner sa rivale.
L’élection présidentielle américaine approche, mais l’issue du scrutin est encore indécise entre Donald Trump et Kamala Harris. Le duel pourrait se jouer à quelques points près, mais pour l’heure les sondages placent le candidat républicain avec un léger retard sur sa rivale au niveau national. A un peu plus d’un mois du scrutin, le milliardaire qui brigue un second mandat à la Maison Blanche est donné à 45,9% des intentions de vote contre 48,8% pour la candidate démocrate selon l’agrégateur 270towins.
Comme toujours, ce sont les « swing states » qui décideront de l’issue de l’élection. Donald Trump fait donc campagne à sa manière, avec des discours agressifs faisant de l’Amérique la priorité, dans ces Etats qui font, pour la plupart, partie du Midwest. Pour convaincre les électeurs républicains acquis à sa cause, mais aussi les électeurs encore indécis, le candidat à la Maison Blanche mise sur un programme clairement identifié à la droite américaine sur le plan économique ou sur le sujet de l’immigration. Il a ainsi promis d’œuvrer à la relocalisation d’entreprises et d’industries aux Etats-Unis lors d’un meeting en Géorgie : « Pendant des années, nous avons vu nos emplois volés par d’autres pays. Mais maintenant, nous allons nous attaquer à leurs emplois et les ramener en Amérique, là où ils appartiennent », a-t-il déclaré, promettant de « voler les emplois des autres pays » via des baisses d’impôts et des droits de douane « très élevés ». Quant à la politique migratoire, il compte lancer « la plus grande opération d’expulsion » de migrants.
Mais Donald Trump reste plus ambigu sur d’autres sujets investis par Kamala Harris : le droit à l’avortement ouvertement défendu par son adversaire, et le rôle des Etats-Unis dans les guerres en cours en Ukraine et à Gaza. Deux thèmes qui divisent encore profondément les Etats-Unis et donc les électeurs.
Résultats serrés dans les États clés
Donald Trump et Kamala Harris sont au coude à coude dans la course à la présidentielle. Si les sondages nationaux donnent un léger avantage au démocrate, le vote va se jouer à l’échelle des États, notamment autour de 7 à 8 États qui changent de couleur politique d’une élection à l’autre : les swing states. L’élection présidentielle américaine est un vote indirect : les électeurs votent pour des représentants – les grands électeurs – dont le nombre dépend de la densité de population de chaque État (plus un territoire est peuplé, plus il y a d’électeurs) et ces derniers élisent les présidents des États-Unis d’Amérique. Lorsqu’un État est remporté par un camp, l’ensemble de ses grands électeurs sont attribués à un seul camp, républicain ou démocrate, et donc à un seul candidat. C’est ce nombre de grands électeurs qui compte pour être élu. Il faut en remporter au moins 270.
Donald Trump est en tête dans trois des sept swing states au 25 septembre selon la compilation de sondages réalisée par 270tonwins : la Géorgie avec deux points d’avance (48,1% contre 46,1% pour Kamala Harris), l’Arizona avec un point d’avance (47,8% contre 46,8%) et la Caroline du Nord avec un demi-point d’avance (47,4% contre 46,9%). Le démocrate a entre un et quatre points d’avance dans les quatre derniers swing states. D’autres territoires sont surveillés de près, car ils ont de gros enjeux, comme la Floride, qui compte 30 grands électeurs et dans laquelle Donald Trump est en tête avec 50% des intentions de vote, mais peut encore être rattrapé par le démocrate qui n’est qu’à quatre points de retard.
Quel programme pour Donald Trump ?
Economie : baisse des impôts et développement des cryptomonnaies
Le 5 septembre, à New York, Donald Trump a déclaré vouloir en finir avec le « communisme ». « Renvoyer la camarade Harris chez elle en Californie ». Un avant-goût de son programme, pour le moins cash, sans concession. Côté économique, le magnat de l’immobilier envisage des droits de douane de « plus de 10 % » sur toutes les importations, pour financer une « large baisse d’impôts pour la classe moyenne, la classe supérieure, la classe inférieure, la classe des affaires », explique-t-il. Dans le même temps, il entend faire des États-Unis, « la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies ». Elon Musk se verrait alors confier un audit complet de l’administration américaine. « Elon, parce qu’il n’est pas très occupé, a accepté de diriger cette commission pour éliminer complètement les fraudes et les dépenses inutiles en six mois (…) Cela permettra d’économiser des milliers de milliards de dollars ». Par ailleurs, les relations avec la Chine pourraient légèrement se durcir. Donald Trump veut révoquer la clause de la « nation la plus favorisée » accordée à la Chine.
Impact sur la France et l’Union européenne
Depuis le Trade Act de 1974, le président américain peut imposer des quotas et des tarifs douaniers jusqu’à 15% plus élevés pendant 150 jours aux pays qui ont des excédents importants dans leur balance des paiements avec les Etats-Unis. Il pourrait donc aller plus loin que les 10% annoncés jusqu’à présent. De quoi générer une véritable guerre économique et commerciale entre les Etats-Unis et l’UE. Ce scénario paraît toutefois encore peu probable, notamment parce que l’UE reste le premier partenaire commercial des Etats-Unis. Cela met l’UE dans une position relativement forte pour discuter avec Donald Trump et éviter des mesures trop drastiques de la part du milliardaire. L’Union européenne jouissant d’un excédent commercial très élevé avec les Etats-Unis, elle devrait pouvoir accepter certains compromis, quitte à perdre un peu d’argent, tout en conservant des relations commerciales au moins courtoises avec les Etats-Unis. Donald Trump pourrait plutôt demander aux pays européens, comme cela a déjà été suggéré dans certains de ses discours de campagne, une plus grande contribution à l’OTAN.
Environnement : fin des réglementations et pétrole à gogo
Concernant l’environnement, l’ancien président des Etats-Unis pourrait être tenté de lever toutes les réglementations possibles s’il venait à accéder à la Maison Blanche. « Pour chaque nouvelle réglementation, nous éliminerons au moins 10 anciennes lois, et franchement nous n’aurons aucun mal à le faire », assurait-il début septembre. « Je mettrai rapidement un terme à la grande arnaque verte » qu’il a déjà promis en cas de second mandat. « Nous forerons (pour le pétrole) comme des fous » a-t-il annoncé à ses partisans, afin de « faire baisser très rapidement les prix de l’énergie ». Il promet notamment de faire baisser « de moitié » les coûts énergétiques pour les Américains.
Immigration : « la plus grande opération d’expulsion » de migrants
Sur le sujet de l’immigration, le programme de Donald Trump a le mérite d’être clair, il veut lancer « la plus grande opération d’expulsion » de migrants dès son élection s’il venait à rejoindre la Maison Blanche. Le milliardaire américain prévoit également d' »utiliser l’armée » pour parvenir à ses fins afin d’expulser des migrants, puis d’ouvrir de nouveaux camps de détention. Le droit automatique du sol sera également annulé en cas d’élection de Donald Trump, « pour les enfants nés de migrants en situation irrégulière ». Le prédécesseur de Joe Biden a récemment accusé les migrants d' »empoisonner le sang du pays ».
Avortement : Trump cultive l’ambiguïté
Lors du débat entre Kamala Harris et Donald Trump, un échange houleux a eu lieu sur la question de l’avortement. Kamala Harris a notamment critiqué l’ancien président des États-Unis pour avoir nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, afin de mettre fin à la garantie fédérale d’interruption volontaire de grossesse en 2022. « J’ai prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges », a-t-elle déclaré. Une réponse à l’affirmation de Donald Trump selon laquelle les bébés seraient exécutés après leur naissance aux États-Unis. « Nulle part en Amérique une femme n’ira jusqu’au bout de sa grossesse pour demander un avortement. Cela n’arrive jamais. C’est insultant pour les femmes d’Amérique », a-t-elle poursuivi. Donald Trump estime avoir « rendu un immense service » au pays en renvoyant la décision sur le droit à l’avortement aux États eux-mêmes.
En revanche, Donald Trump maintient le flou sur l’avenir de l’avortement dans le pays. Il ne se positionne pas sur la ligne de la droite religieuse américaine, selon laquelle il faudrait promettre une interdiction pure et simple de l’avortement dans tout le pays au moyen d’une loi fédérale. « Vous devez suivre votre âme et votre conscience sur cette question, mais n’oubliez pas qu’il faut aussi gagner des élections », a-t-il déclaré.
Discret sur Gaza, Trump résoudrait la guerre en Ukraine « en 24 heures »
S’il était élu, Donald Trump résoudrait la guerre en Ukraine « en 24 heures ». C’est du moins ce qu’affirme l’homme lui-même. Le problème est que l’ancien président américain n’a jamais vraiment expliqué comment il pourrait même apaiser les conflits en Ukraine. « J’ai un plan très précis pour arrêter l’Ukraine et la Russie. Et j’ai une certaine idée – peut-être pas un plan, mais une idée – pour la Chine », a-t-il déclaré dans une interview. Comme sur l’avortement, Donald Trump reste flou. Sur le conflit de Gaza, il s’est montré un fervent défenseur d’Israël lors des attaques du Hamas en octobre 2023. Depuis, il n’a pas vraiment voulu s’impliquer sur le sujet, disant ne pas « savoir exactement comment aimer la manière » dont Israël mène son offensive à Gaza. Faut-il comprendre que l’aide inconditionnelle des USA envers Israël serait remise en cause en cas d’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ? C’est une option.
Des propos déroutants qui auraient pu nuire à Donald Trump cet été
La campagne de Donald Trump apporte son lot de fausses informations – ou fake news – et si certaines d’entre elles renforcent son électorat, l’essentiel joue contre lui auprès des autres électeurs. Virulent envers son rival et ne manquant pas de lancer des attaques personnelles, le milliardaire a accusé Kamala Harris d’être « devenue noire » pour des raisons électorales, lors d’un échange avec des journalistes afro-américains à Chicago fin juillet. La candidate démocrate est également attaquée sur ses capacités à gouverner et représenter les Etats-Unis à l’international depuis que Donald Trump a estimé dans une interview à la chaîne conservatrice Fox News que les dirigeants étrangers « lui marcheraient dessus » si elle arrivait au pouvoir.
Les fake news relayées par Donald Trump ne visent pas seulement son concurrent, elles concernent aussi le camp démocrate accusé d’avoir « exécuté des bébés » en évoquant l’avortement lors du débat face à Kamala Harris le 10 septembre. « Ils soutiennent l’exécution des bébés après leur naissance – enfin l’exécution et non plus l’avortement car le bébé est né » a-t-il affirmé à tort. Certaines communautés de migrants ont également été visées avec la célèbre phrase à propos des habitants et migrants de Springfield, petite ville de l’Ohio : « Les gens qui sont venus. Ils mangent les chats. Ils mangent… Ils mangent les animaux de compagnie des gens qui vivent là-bas ». Une information démentie par les autorités locales et le journaliste médiateur lors du débat.
GrP1