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« Résistance aux normes » ou « autodénigrement » : la tendance « mid-girl » sur les réseaux sociaux est aussi positive que négative

Des milliers de vidéos de jeunes femmes se présentant comme des « mid-girls », des filles « moyennes » circulent sur les réseaux sociaux. Une manière de s’opposer aux injonctions de perfection, mais qui est « à double tranchant », analyse un docteur en psychologie.

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Le hashtag #Midgirls compte plus de 130 millions de publications sur les réseaux sociaux. (CAPTURES D'ÉCRAN / TIK TOK)

Le concept de la « mid-girl » a fait fureur sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, et plus particulièrement sur TikTok. Dans une vidéo qui cumule près de trois millions de vues, et plus de 300 000 likes, la créatrice de contenu @lunaindaclub explique sa définition de ce nouveau terme. « C’est une belle fille, un 5 ou un 7/10, mais elle n’est pas moche. » Une sorte d’entre-deux, « ni laid ni beau »d’autres TikTokers répètent.

Dans ces vidéos, les utilisatrices décrivent comment elles se considèrent comme des « filles d’âge moyen », en commençant à chaque fois par la même phrase : « Je sais que je suis une nana de taille moyenne parce que… » « Personne ne me dit que je suis belle si je ne porte pas de maquillage », « Personne ne me propose jamais de boire un verre au bar », listez les filles dans leurs vidéos.

Une tendance qui est « à double tranchant », prévient la psychologue Amélie Boukhobza. « D’un côté, c’est une façon de s’en sortir, de s’opposer aux injonctions de perfection qui sont véhiculées à la fois par la société et par les réseaux sociaux. » Elle le voit également comme une forme de « tenter de résister à ces standards, esthétiques, intellectuels, toutes ces choses qui sont finalement un peu impossibles à atteindre, ces idéaux de perfection »qui sont largement relayées sur les réseaux sociaux, avec des injonctions de beauté, de nutrition ou encore de performance sportive.

Une approche qui peut donc « avoir un intérêt pour l’estime de soi, d’acceptation de soi, puisque nous ne sommes pas parfaits, nous faisons plus ou moins partie d’une moyenne. » C’est ici que le docteur en psychologie exprime des réserves sur cette tendance « fille moyenne ». « D« Dès qu’il s’agit de comparaison avec les autres, il y a un revers assez négatif, l’estime de soi en prend un gros coup », déplore Amélie Boukhobza. Le risque est de commencer à se comparer à tout le monde autour de soi, de se dire que « la copine est meilleure, elle est moins grosse, plus musclée », ça devient « dénigrement ».

De plus, ces réflexions tournent beaucoup autour du physique, regrette Amélie Boukhobza. « Il y a quelque chose de très lié à la beauté, à l’esthétique. » En effet, les exemples pris par les femmes dans ces vidéos sont liés à leur physique, qu’elles jugent moyen, banal. Un biais qui peut être très malsain, et surtout, qui occulte le fait que la beauté est très subjective, rappelle la psychologue.

« La beauté est ailleurs. Elle est dans l’imperfection, dans l’imprécis, dans l’indéfini. C’est quelque chose qui ne peut être saisi et qui ne peut être encadré. »

Amélie Boukhobza, docteur en psychologie

à franceinfo

Certains internautes semblent toutefois prendre du recul par rapport à cette tendance. « Ce n’est pas grave d’être une nana moyenne, tu ne peux pas être une nana 10/10 »conclut @lunaindaclub dans sa vidéo. Certains utilisateurs se sont même rapidement opposés à cette tendance. « Vous avez peut-être des complexes, mais réveillez-vous, cette tendance est nulle »» proclame Tik Tokeuse @hiwaste.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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