C’est un sujet dont les conséquences concernent des milliers de personnes âgées et autant de petits épargnants. « Cela risque d’être une catastrophe », estime une source proche du groupe Réside Études, dont la branche spécialisée dans les résidences seniors est en grave difficulté financière. En redressement judiciaire, Réside Études Seniors a rendez-vous, lundi 7 octobre, au tribunal de commerce de Paris. Au programme : l’examen de plusieurs offres de rachat, ainsi qu’une éventuelle liquidation, demandée par les administrateurs judiciaires au vu de la situation. « Nous considérons cette demande comme brutale et très prématurée et entendons démontrer au tribunal qu’elle n’est pas, en l’état, justifiée », a indiqué l’avocat de Réside Études, Laurent Cotret, à nos confrères du Monde.
Fondé en 1989, le groupe est spécialisé dans les résidences étudiantes et les appart-hôtels. Projets qu’elle exploite et commercialise auprès d’investisseurs individuels et institutionnels. En 2008, il se lance dans les résidences services pour personnes âgées. Quinze ans plus tard, sa filiale emploie 1 250 salariés et accueille 5 000 locataires dans 72 résidences, exploitées sous les enseignes Les Girandières et Victoria Palazzo. Cinq d’entre eux sont implantés en Bretagne : à Quiberon (56), Ploërmel (56), Dinan (22), Saint-Malo (35) et Bruz (35), près de Rennes.
Château de cartes
Très vite, « le groupe s’est rendu compte que les résidences seniors se remplissent moins vite que les autres », explique une source syndicale. Elle a également beaucoup investi, offrant des niveaux de rentabilité très élevés et trop de services gérés directement, avec beaucoup de personnel. » Pendant longtemps, les bénéfices des autres filiales ont réussi à combler le vide de l’activité senior. Mais le château de cartes s’est effondré avec la crise sanitaire, qui a fragilisé l’ensemble du groupe, contraint de s’endetter.
Pour renégocier sa dette, Réside Études est placée en procédure de sauvegarde fin 2023. Une décision qui met encore plus à rude épreuve les finances de la branche seniors, qui entre en redressement judiciaire six mois plus tard. Depuis, il n’accueille plus de nouveaux locataires. À Plérin (22), une toute nouvelle résidence de 96 appartements n’ouvrira pas, alors qu’elle devait accueillir ses premiers locataires le 1er octobre.
Offres de reprise partielle
Afin d’identifier un repreneur, les administrateurs ont lancé un appel d’offres en juillet. Selon nos informations, le promoteur Altarea a déposé une offre pour l’ensemble des résidences avant de se retirer. « Il y a aujourd’hui cinq candidats mais aucun pour l’ensemble du parc », rapporte une source judiciaire. Une des offres concerne 34 établissements ; un autre, sur 21. Jusqu’à 600 licenciements pourraient intervenir dans les résidences non reprises, avec également 1 200 seniors à reloger.
« Personne ne sera sur le trottoir, les administrateurs sont très attentifs à cela », assurent Nathalie Hamet et François Lorgeoux. Les deux avocats représentent un quart des 5 000 propriétaires de logements Réside Études Senior. « La plupart des acheteurs anticipent une baisse des loyers perçus par les propriétaires. Pour cela, ils doivent donner leur consentement. Or, beaucoup ne le savent pas», souligne Me Hamet, qui plaidera donc pour un report de l’examen des offres au tribunal de commerce.