Réservoir du futur : deux projets enfin soutenus par l’Europe – FOB
Une fausse polémique disparaît. Non pas une, mais deux enveloppes de près de 20 millions d’euros seront accordées par la Commission européenne à autant de groupes appelés à travailler sur le char de combat du futur, l’un à majorité allemande et l’autre à majorité française.
L’affaire avait fait couler un peu (trop) d’encre : plusieurs pays menés par l’Allemagne cherchaient des financements auprès du Fonds européen de défense (EDEF) pour mener des actions de R&D relatives au char de combat de demain. Une démarche que certains, toujours plus prompts à argumenter qu’à raisonner, avaient perçue comme une initiative concurrente du programme principal franco-allemand de système de combat terrestre (ou MGCS).
Non seulement le soutien européen a été dès le départ bien trop limité pour assurer à lui seul le développement d’un prétendu concurrent, mais l’Europe a fait encore mieux en scindant la ligne financière pour la répartir presque également. Les résultats sont tombés hier : un partout, ballon au centre. Lun, » Char blindé principal d’Europe » (MARTE), sera dirigé par un consortium allemand et comprend le pilier allemand du groupe KNDS. L’autre, baptisé « FMBTech », sera dirigé par nul autre que Thales SIX et regroupera Arquus, KNDS France, MBDA et Safran Electronics & Defense.
Entre MARTE et FMBTech, la frontière semble bien ténue. Chacun bénéficiera d’environ 20 millions d’euros du FEDef pour réaliser des études et des travaux de conception. Le premier se concentre davantage sur la plateforme, le second sur les briques technologiques, mais tous deux s’inscrivent dans le même effort visant à améliorer les performances opérationnelles des flottes de chars actuelles et futures.
Ironiquement, les enveloppes ne sont espacées que d’un peu plus de 100 000 €. Certes, au profit du projet allemand, mais avec une ligne budgétaire à répartir entre 47 acteurs. Pas de quoi menacer sérieusement un programme MGCS pour lequel la moitié française prévoit d’injecter 500 millions d’euros d’ici 2030 et la partie allemande plus de 250 millions d’euros d’ici 2027.
Au contraire, les résultats de ces travaux devraient se répercuter au moins partiellement sur le MGCS. Marte et FMBTech mobilisent également des industriels de pays intéressés de longue date par le programme de chars franco-allemand. Sur les 70 entités concernées, 12 viennent d’Italie, sept d’Espagne et trois de Pologne.
Ces deux projets font partie des 54 sélectionnés ce jeudi par la Commission européenne pour bénéficier d’une enveloppe totale de 1,031 milliard d’euros de la FEDef. La filière française y est une nouvelle fois bien représentée. Parmi eux, FMBTech, qui pilotera une douzaine de consortiums dans des domaines aussi vastes que la défense antimissile hypersonique, les armes laser ou la fourniture de détecteurs infrarouges.
Crédits image : KNDS