Le réseau revendique 16 millions d’utilisateurs, une forte croissance pour une plateforme qui en comptait 10 millions à la mi-septembre.
(GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / MARIO TAMA)
Le réseau social américain Bluesky, qui se positionne comme une alternative à X, anciennement Twitter, a enregistré les inscriptions d’un million de nouveaux utilisateurs en une seule journée, deux jours après la nomination d’Elon Musk dans le gouvernement de Donald Trump.
« C’est officiel, 1.000.000 de personnes ont rejoint Bluesky au cours du dernier jour ! Bienvenue et merci d’être ici », a indiqué la plateforme dans un message posté à la fois sur Bluesky et X. Un nombre record qui résonne avec la nomination mardi d’Elon Musk, propriétaire de
Le milliardaire, patron de Tesla et SpaceX, a officiellement soutenu le candidat républicain dans sa course à la Maison Blanche, et a également financé sa campagne. Depuis son acquisition de Twitter,
Elon Musk a largement assoupli les règles de modération de la plateforme
autorisant notamment la restitution des comptes liés aux mouvements d’extrême droite sur le réseau.
Créé et financé à l’origine par Twitter lui-même
Créé et financé à l’origine par Twitter lui-même
lorsque le réseau était alors dirigé par son co-fondateur Jack Dorsey, Bluesky s’est ouvert au grand public en février 2023 sur le système d’exploitation iOS d’Apple et fin mars sur Android. Elle est désormais dirigée par Jay Grabber, directeur général de la plateforme.
Le réseau revendique 16 millions d’utilisateurs, une forte croissance pour une plateforme qui en comptait 10 millions à la mi-septembre. Elle avait déjà bénéficié d’un coup de projecteur fin 2022 quand Elon Musk a mis la main sur Twitter, qu’il a rebaptisé X.
Threads, autre alternative à X et propriété de Meta (maison mère de Facebook et Instagram), revendiquait 175 millions d’utilisateurs en juillet, un an après sa création.
Les quotidiens britanniques The Guardian puis espagnol La Vanguardia ont annoncé dans la semaine qu’ils ne publieraient plus de contenus sur
« C’est le symptôme d’un mal bien plus profond, celui de l’incapacité des pouvoirs publics à faire des plateformes des lieux viables, respectueux de l’information journalistique, où l’information peut circuler librement », estime L’
AFP
Vincent Berthier, chef du département technologie chez RSF, une ONG française de défense de la presse. Fervent soutien du président élu américain Donald Trump, qui l’a nommé à la tête d’une nouvelle commission chargée de réduire les dépenses publiques,
Musk est fréquemment accusé de promouvoir la désinformation sur X, où il se présente comme un adversaire des médias.
« Musk est le visage radical de ce cauchemar informationnel qui existe sur les plateformes, mais le problème est bien plus global », a insisté Vincent Berthier.
« Un pansement contre la gangrène »
Il cite l’exemple du Canada, où Meta – propriétaire de Facebook et Instagram – bloque depuis août 2023 l’accès aux contenus des médias d’information sur ses plateformes, en réponse à une loi sur l’information en ligne. Ce blocage s’effectue « dans l’indifférence quasi générale », argumente le responsable de RSF.
Selon Vincent Berthier, « il y a eu des tentatives de régulation », à commencer par le Règlement sur les Services Numériques (DSA) en Europe, mais « force est de constater que cela n’a pas eu beaucoup d’effet ». Ces tentatives de régulation des plateformes « ne sont, à ce stade, que
un pansement sur la gangrène qui les infecte
« , a indiqué le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, dans un communiqué.
La réglementation doit
« contraindre les plateformes » à observer « la neutralité politique, idéologique et économique »
ajoute Vincent Berthier. RSF a annoncé jeudi avoir porté plainte en France contre le réseau social X, notamment pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles. L’ONG lui reproche de ne pas avoir supprimé des contenus attribuant faussement à RSF une supposée « étude sur les tendances nazies des soldats ukrainiens ».