Reporters sans frontières dénonce « une opération de déstabilisation » de Progressif Media, une entreprise liée à la galaxie Bolloré
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Reporters sans frontières dénonce « une opération de déstabilisation » de Progressif Media, une entreprise liée à la galaxie Bolloré

Reporters sans frontières dénonce « une opération de déstabilisation » de Progressif Media, une entreprise liée à la galaxie Bolloré
Anne Bocandé, directrice de la rédaction de Reporters sans frontières, à Bayeux (Calvados), le 12 octobre 2023.

Le faux site ressemble beaucoup à celui de Reporters sans frontières (RSF). La charte graphique copie méticuleusement l’originale, seul le logo de l’organisation de protection de la presse est légèrement détourné. Sur ce faux site, l’ONG est rebaptisée Sectaires sans frontières. On lui reproche de vouloir « modifier le paysage audiovisuel français selon sa vision du pluralisme » et d’être en faveur d’une « dépôt de dossiers de journalistes »Des arguments qui rappellent ceux répétés ad nauseam depuis plusieurs jours sur les plateaux de la galaxie médiatique de Vincent Bolloré – d’Europe 1 à CNews, en passant par la Une de Journal du dimanche, suite à la décision du Conseil d’Etat du 13 février, demandant à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de renforcer son contrôle sur le respect du pluralisme des chaînes de radio et de télévision, dont CNews.

RSF a publié jeudi 4 juillet une enquête montrant que la société Progressif Media s’est livrée à plusieurs campagnes de discrédit à son encontre. D’abord par une technique de « typosquatting », qui consiste à acheter un nom de domaine proche d’un site Internet connu pour en tirer profit. Au moins cinq noms de domaine ont été enregistrés à cette fin. C’est par hasard qu’Anne Bocandé, directrice de la rédaction de RSF, est tombée sur la fausse adresse active le 17 avril, via un lien sponsorisé par Google.

Au bas du communiqué de presse, deux « contacts presse » il y a autant de faux noms – Fabien Pensant et Maxime Erde – signalés pour des tentatives d’escroqueries. « On a d’abord cru à une blague de potache, avant de comprendre qu’il s’agissait d’une opération de déstabilisation de grande ampleur »explique Thibaut Bruttin, directeur général adjoint de l’ONG. Car la page en question a été mise en ligne une semaine après la victoire que Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, avait qualifiée de« historique » devant le Conseil d’État.

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Au cours de l’enquête, RSF a retrouvé le serveur, l’hébergeur et l’adresse IP du faux site. « Pour simplifier, en dessinant le portrait robot technique de cette page, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un niveau de suspicion très élevé qui nous a conduit vers Progressif Media »« Progressif Media n’est pas une agence de communication comme les autres. Elle est liée, à bien des égards, au groupe Vivendi et à son actionnaire principal : Vincent Bolloré », explique Arnaud Froger, responsable du bureau investigation de RSF.

« Une entreprise qui pollue le débat public »

Depuis 2022, Vivendi détient 8,5 % des parts de la société Progressif Media. A cela s’ajoute le fait qu’une amie proche de l’industriel breton, la productrice Chantal Barry, possède également des parts dans l’agence. Par ailleurs, l’entreprise de communication est implantée à Vivendi Village, dans le 8et Enfin, si RSF n’a pas réussi à savoir qui paye et qui est derrière cette campagne contre elle, le document stratégique interne découvert porte le nom évocateur de « Vivendi Reporting ».

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