REPORTAGE. « En arrivant à la caisse, j’ai demandé s’ils avaient fait une erreur » : à Marseille, on ne sent pas le ralentissement de l’inflation
L’inflation est passée sous la barre des 2%, ce qui n’était pas arrivé depuis 2021. Pourtant, à Marseille, consommateurs et professionnels n’ont pas l’impression que les prix augmentent moins vite.
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Bonne nouvelle pour votre portefeuille : l’inflation a ralenti en août et est passée sous la barre des 2 %. Cela n’était pas arrivé depuis 2021 et la crise inflationniste, avec un pic à 7,3 % en février 2023. Attention, cela ne signifie pas que les prix baissent, mais qu’ils augmentent moins vite qu’avant. Dans tous les cas, ce ralentissement ne se ressent pas auprès des consommateurs ni des professionnels.
A Marseille, dans le quartier d’Endoume, dans le 7èmeet arrondissement, Laurence remplit son sac de fruits et légumes, chez le primeur. Elle vérifie les prix : « 17,90 euros le kilo de haricots verts de Provence. Je ne paie pas ce prix pour des haricots verts en pleine saison. » Elle n’a pas l’impression que l’inflation ralentit, bien au contraire.
« Par exemple, le poisson est trop cher. La dernière fois, on m’a servi et en arrivant à la caisse, quand j’ai vu le prix, je suis allée redemander s’ils ne s’étaient pas trompés. Même si c’est du poisson, on est près de la mer et on a l’impression qu’on devrait le payer un peu moins cher. »
Une inflation inférieure à 2 % en France, c’est du jamais vu depuis 2021. Cela s’explique par le ralentissement de la hausse des prix de l’énergie, notamment du carburant. Mais pour ce qui est du gaz, il continue de grimper, +12 % le mois dernier. Une hausse que Gaylor constate encore lorsqu’il passe ses commandes de fleurs : « Sur deux ans, la hausse est terrible. Automatiquement, c’est un effet chaîne. Toutes les répercussions se font sentir jusqu’au client qui, à un moment donné, viendra acheter son produit en magasin et qui paiera un, deux, voire trois euros de plus. »
« La fleur ou la plante est devenue un produit de luxe, comme le parfum. »
Gaylor, fleuriste à Marseilleà franceinfo
Même avec la hausse des prix, la levée progressive du bouclier tarifaire, amorcée en février dernier, pèse lourdement sur les finances de son magasin. Il reste les aides de l’État, mais seront-elles maintenues ? Hippolyte, étudiant, n’y croit pas. « L’inflation va continuer, mais pas l’aide. »
Aucune prime d’inflation n’a encore été annoncée pour 2024. Reste le chèque carburant de 100 euros destiné aux travailleurs les plus modestes, ou encore le chèque énergie. Mais la solution est ailleurs, selon lui. « Il faudrait réindexer les salaires par rapport à l’inflation. Comme ça, les salaires augmenteraient, les gens pourraient s’en sortir. Or, ce n’est pas normal, tu es dans le rouge, tu n’arrives pas à finir le mois. » Et ce jeune homme ne se fait aucune illusion : si l’inflation ralentit, les prix ne reviendront jamais à leur niveau antérieur.