REPORTAGE. Disparition de Medhi Narjissi : « Dias Beach, une plage sublime, facile d’accès, mais personne ne s’y baigne »

Sous un ciel orageux, des vagues de plus de quatre mètres de haut s’écrasent contre les falaises rocheuses qui encadrent la plage de Dias. Après une promenade de vingt minutes le long des falaises abruptes, un panneau en bois avertit les touristes que malgré sa beauté spectaculaire, la plage de sable blanc isolée sous le phare emblématique du cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud est considérée comme très dangereuse.

« Attention, la mer est agitée ! On a eu un incident la semaine dernière », prévient un employé du parc national aux quelques touristes qui s’aventurent sur le sentier malgré la météo hivernale. C’est là que Medhi Narjissi a disparu mercredi 7 août, emporté par un « courant arrachant ».
Redoutés par les habitués de la région, ces courants étroits, plus forts à la surface de l’eau et perpendiculaires au rivage, peuvent emporter un nageur vers le large en quelques secondes. On les reconnaît parfois à un chenal d’eau agitée et turbulente, ou à une discontinuité dans la trajectoire des vagues.

À partir de Dias Beach, l’origine du surnom de « Cap des Tempêtes » prend tout son sens : le vent qui se brise sur le promontoire rocheux et les marées qui se mélangent à la pointe de la péninsule du Cap suscitent depuis des siècles les craintes des marins. Plusieurs épaves échouées le long de la côte attestent de cette longue et tragique histoire. L’explorateur portugais Bartholomeu Dias, à qui Dias Beach doit son nom, fut le premier à traverser la péninsule en 1488, croyant d’abord avoir dépassé le point le plus au sud du continent africain.

« Un lieu mythique et magique »

« C’est une plage sublime, assez facile d’accès, un lieu mythique et magique… mais personne ne s’y baigne, et à juste titre », confie Élodie Davids, une Française de 43 ans installée dans la région depuis plus de vingt ans. La réserve naturelle du Cap de Bonne-Espérance est un « incontournable » pour cette guide de montagne, qui emmène régulièrement les touristes visiter le phare et son téléphérique.

Ces plages souvent désertes sont appréciées des randonneurs et de certains kitesurfeurs, mais pas des baigneurs. « Ici, la nature est sauvage et parfois dangereuse », rappelle Élodie Davids.
(NSRI), mais la plage n’est pas surveillée par des maîtres-nageurs. Seul le panneau indiquant une « baignade dangereuse » informe les promeneurs des risques. Mercredi 7 août, les gardes du parc ont été les premiers à alerter les secours après avoir repéré, depuis les hauteurs des falaises, deux personnes dans les vagues en contrebas.

« Une houle de 3 à 4 mètres »

L’un des jeunes a finalement réussi à sortir indemne du courant après avoir tenté de secourir Medhi Narjissi. « Les conditions sur place étaient une houle de 3 à 4 mètres et un vent de 15 nœuds (28 km/h) », a déclaré Craig Lambinon, porte-parole du National Sea Rescue Institute, dans un communiqué.

Quatre vedettes rapides, un hélicoptère et des équipes de secours côtiers ont été immédiatement mobilisés mais « malgré d’importantes recherches en mer, dans les airs et sur la côte, aucune trace de l’adolescent disparu n’a été détectée », a-t-il déploré.
Les recherches, qui ont dû être suspendues pendant le week-end en raison des mauvaises conditions météorologiques, se poursuivent avec l’aide des équipes de plongée. « Toutes nos pensées vont à la famille de l’adolescent disparu dans ces moments difficiles », a ajouté Craig Lambinon.