Le rugby féminin est entré ce samedi dans une nouvelle ère avec la première diffusion d’un match d’Elite 1 sur Canal+, diffuseur historique du championnat de France masculin.
Joey Carbery s’apprête à tirer un penalty, en pleine première période de Clermont – Bordeaux-Bègles. Au même moment, Bordelaises et Clermontoises arrivaient dans les vestiaires Michelin, sous la fureur d’une Armée Jaune qui avait fait le plein en ce premier samedi ensoleillé de novembre. Une entrée particulière et d’autant plus particulière qu’elle a été filmée par l’une des douze caméras déployées par Canal+ pour diffuser les essais des Jaunards mais aussi, et surtout, pour écrire l’Histoire. Car ce samedi 2 novembre 2024 restera dans l’histoire comme une date marquante pour le rugby féminin français. Canal+ a diffusé la « revanche » de la dernière finale d’Elite 1, entre l’ASM Romagnat et le Stade Bordeaux. Si la chaîne avait déjà expérimenté la diffusion du Top 8 à l’époque, en 2015, mais avec beaucoup moins d’enthousiasme et beaucoup moins de stratégie qu’aujourd’hui.
Neuf ans plus tard, Girondines et Auvergnates entraient sur la pelouse Michelin sous une haie d’honneur particulière : celle des Jaunards qui venaient de s’imposer en beauté face à leurs adversaires bordelais. Quelques secondes après que les partenaires de Baptiste Jauneau ont accueilli leurs homologues féminines, Bérénice Bralley a donné le coup d’envoi de ce moment d’histoire. « J’ai essayé de rester concentré dans ma préparation mais force est de constater que l’impact des caméras change beaucoup de choses. J’avoue avoir découvert le ralenti sur les écrans géants donc je n’ai pas eu le réflexe de les regarder pour juger certaines actions, mais c’est un très bel événement. C’est extrêmement positif pour les joueuses mais aussi pour les futures arbitres féminines, pourquoi pas ! sourit Mme Bralley, qui officiait dans la bataille entre Girondines et Auvergnates.
Sochat : « Nous espérons créer des vocations pour les petites filles »
Car pour ce grand rendez-vous, la chaîne cryptée a été à la hauteur. Avec autant de caméras, d’interviews et de moyens que les rugbymen, Canal+ a posé la première pierre d’une série d’émissions « double header » (NDLR : deux mêmes affiches de Top 14 et Elite 1) pour le plus grand plaisir d’Agathe Sochat. . La talonneuse bordelaise a notamment été filmée pour son discours d’avant-match dans le vestiaire Michelin. « On a l’impression d’avoir marqué l’histoire, oui ! Mais je pense qu’on ne se rend pas bien compte de ce contexte et des enjeux que cela implique pour le rugby féminin et notre championnat. On a évidemment parlé de ce contexte toute la semaine, cependant pendant le match, on a complètement oublié qu’on était filmés (rires). Le rugby féminin n’existe pas qu’à travers l’équipe de France, donc on espère créer des vocations chez les petites filles !
Caméras ou pas, le Stade Bordelais n’a pas bronché. Sur les propos de Nicolas Dupin de Beyssat par Marie-Alice Yahé, les Girondines ont été à la hauteur de leur traitement historique en plongeant à deux reprises en terre promise en douze minutes. Un début aussi formidable pour les Lionnes que « pitoyable » pour les Romagnatoises, comme le confesse Fabrice Ribeyrolles. « J’ose espérer que nos jambes ne tremblaient pas à cause de ce contexte particulier » souffle le manager de l’ASM Romagnat. « Est-ce que notre mauvaise première mi-temps est due à ça ? On verra sur la vidéo. J’espère juste que le match a été bien retransmis à la télévision, même si je suis un peu inquiet en voyant notre première mi-temps ! « .
Et au final, c’est Bordeaux qui gagne…
Traversés de toutes parts par les Girondines, les Auvergnats n’ont pu que constater les dégâts infligés par les partenaires de Madoussou Fall avant de réagir pour l’honneur en toute fin de match. « Nous recherchons cette visibilité depuis tellement d’années que nous remercions vraiment Canal+ ! Les premières minutes ont été impressionnantes, mais ensuite nous avons su jouer notre rugby et battre cette grande équipe romagnole ! » avoue le solide deuxième ligne bordelais. Après une rencontre presque à sens unique, les sourires inondaient néanmoins un terrain clermontois déchiré par les quatre équipes dans l’après-midi. Quand certains se prenaient en photo, d’autres signaient des autographes et des pancartes à leur gloire. « Cette nouvelle médiatisation élève le niveau de chacun et cela ne peut être que bénéfique pour tout le monde ! apprécie Gaëlle Mignot, sélectionneuse du XV de France féminin, venue participer à ce moment d’histoire en Auvergne.