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Rennes : peur au village – Ligue 1 – J18 – Rennes-Brest (1-2)

Il n’est pas loin de 22h30 ce samedi soir lorsque les derniers stands de crêpes-saucisses finissent de plier bagages sur la route de Lorient. La rue qui se transforme en petit village les jours de match au Roazhon Park est calme, mais pas encore complètement déserte. Il y a encore des retardataires dans les différents bars face à l’enceinte bretonne, des lieux devenus des institutions quand on est supporter du Stade rennais. Chez Marco, on ne nous cache pas que la mauvaise santé du club breton a une influence sur la fréquentation de l’établissement forcément liée au SRFC, du moins les soirs de match. Il y a à peine deux ans, le trottoir devant le magasin était bondé, même deux heures après le coup de sifflet final, et les ivrognes rennais se lançaient parfois dans une applaudir improvisé avec Benjamin Bourigeaud et Flavien Tait, perchés en famille dans la tribune de Lorient. Une autre époque.

Ce n’est pas la température oscillant autour de zéro degré qui a fait fuir les amoureux des Rouge et Noir, mais sans doute la nouvelle défaite de leurs protégés qui ne le sont pas vraiment cette saison. Un peu plus loin, au Roazhon Pub, la taverne en plein air est moins animée que l’intérieur, où près d’une centaine de supporters désillusionnés se réchauffent autour de pintes, entre un tube de Céline Dion et Dans les yeux d’Émilie par Joe Dassin. L’un d’entre eux a même quitté le stade à la pause, préférant se réchauffer pour suivre la suite du match. C’est une troisième mi-temps comme les autres, en gros : des moments de tension, des chansons de gars ivres et des débats interminables sur la composition de l’équipe de Jorge Sampaoli. Et ce refrain, plus effrayant qu’entraînant : «  On va aller en Ligue 2, tu crois ? »

« Tant d’années sabotées en quelques mois… »

La suite d’une soirée dont les milliers de supporters brestois n’ont pas compris le thème : la dépression, la contestation et la colère. Dans leur domaine, les Ty Zef ont préféré ajouter de la couleur, de la vie et de la fête, contrastant avec l’ambiance lourde qui règne dans les autres tribunes. A Mordelles, dont la partie basse est réservée au Roazhon Celtic Kop, les ultras rennais, la première banderole déployée à l’arrivée des joueurs à l’échauffement donnait le ton : «  Vous ne valez rien, pas même notre soutien. » La défaite à Troyes en Coupe de France en milieu de semaine a été de trop pour l’équipe rennaise, qui a ensuite profité des 20 premières minutes pour s’imposer. «  audit de club » (en réponse à celle ordonnée par le président Arnaud Pouille en novembre) en silence.

Six messages dévoilés, plus ou moins salés : «  Un club mal géré, un effectif mal pensé, des joueurs trop limités : alors c’est ça le nouveau SRFC ? « , «  Tant d’années sabotées en quelques mois, qui doit-on remercier pour cela ? « , «  On dépense des millions et on n’a toujours pas la moindre émotion « , «  Passer d’un club européen à une élimination face à l’ogre troyen « , «  Pouvez-vous encore vous regarder dans le miroir ? Parce qu’on ne peut plus vous voir ! « , «  Maintenant qu’on a tout dit, et malgré ton mépris, on va chanter pour ce club à travers lequel on vit ». Manque de puissance : Hugo Magnetti a ouvert le score cinq minutes plus tard, arrêtant les encouragements rennais jusqu’au dernier quart d’heure où le public tentait parfois de pousser une équipe qui aurait pu passer de 0-2 à 2-2. Pourtant, Rennes a perdu, Brest a gagné, et le contraste a été encore plus saisissant lorsque plusieurs supporters cagoulés ont menacé d’envahir la pelouse, provoquant l’intervention des CRS, tandis que les Finistériens célébraient leur succès en parfaite harmonie avec leurs supporters.

En attendant l’union sacrée

Une quatrième défaite de suite pour Rennes, mais surtout la onzième de la saison en championnat après dix-huit journées. Cela ne s’était pas produit depuis plus de 40 ans, selon les statisticiens d’Opta. A l’époque, le SRFC avait connu douze défaites au même stade, et avait fini par être relégué sous le costume de lanterne rouge, lors de l’exercice 1983-1984. Ce n’était pas tout à fait le même club. Pas du tout, même. Le Stade rennais avait donné des raisons de se réjouir à ses supporters ces dernières années, entre qualifications européennes successives et bon jeu, mais il s’est effondré bien plus vite qu’il ne s’était construit, malgré les millions alignés au mercato (environ 114 depuis cet été, et il n’est a priori pas fini). «  Je suis très inquiet, mais je crois que l’évolution de l’équipe a été bonne dans le jeu, même si nous n’avançons pas au classement.a glissé Sampaoli, qui n’a pas beaucoup changé et qui tourne à 0,86 point de moyenne par match en L1. Nous luttons contre des éléments opposés. (…) C’est difficile de comprendre pourquoi nous n’avons pas gagné. »

Seko Fofana, plus à l’aise une fois repositionné au milieu, est le seul joueur à figurer en zone mixte. Son discours ressemblait à celui d’un leader potentiel : «  Je suis quelqu’un qui aime ce type d’événement, je suis convaincu qu’on va changer les choses. Quand on est en difficulté comme ça, il faut accepter la réalité et le travail. » La fin d’une semaine éprouvante à Rennes, où le président Pouille est sorti du bois pour demander un entretien avec Ouest de la France pour signaler la fin de «  Club Med » et constater la création d’un loft dénoncé comme illégal par l’UNFP. C’était peut-être une semaine pour se dire des choses, comme aiment à le dire les footballeurs, avant de proclamer la fameuse union sacrée.

Il faut souvent un responsable dans ces moments de déliquescence : Bruno Genesio, Florian Maurice, Warmed Omari, Julien Stéphan, Steve Mandanda, Olivier Cloarec, Frédéric Massara, et même Olivier Sorin, l’entraîneur des gardiens, sont tous passés par la machine. responsabilités des supporters. C’est rarement la faute d’un seul homme et, ici, c’est tout un club qui s’est perdu en chemin, en ne prenant pas de décisions au bon moment, ou en prenant les mauvaises au mauvais moment. , exactement. Ce sont aussi les erreurs de la famille Pinault, toujours silencieuse et dont les deux petits-fils entrés au conseil d’administration au printemps, que l’on dit passionnés, étaient présents au Roazhon Park ce samedi soir. Ils n’ont pas connu la Ligue 2 à Rennes, comme toute une génération qui ne veut pas y goûter et qui espère que la route de Lorient redeviendra très vite un village heureux.

Quand Raymond Domenech confond Sampaoli et De Zerbi

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.

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