Rencontres contre l’antisémitisme sur fond de montée de la haine – Libération

Le gouvernement invite partis politiques et associations lundi, alors qu’un sondage publié ce dimanche 5 mai montre que 92% des juifs français pensent que l’antisémitisme est un phénomène répandu dans le pays.

Un peu plus de six mois après la journée désastreuse du 7 octobre et le cortège de haine que porte la guerre entre le Hamas et Israël, la France organise ce lundi 6 mai sa conférence sur la lutte contre l’antisémitisme. « Tous les partis politiques qui disposent d’un groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat » ont été invités par la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, « en présence de toutes les associations qui luttent contre la haine ». L’événement se tiendra dans un contexte où les Français de confession juive sont de plus en plus inquiets pour leur sécurité, comme le rappelle une enquête publiée ce dimanche par le parisien et réalisé par l’Ifop pour la branche française de l’American Jewish Committee (AJC Paris).

Cette enquête a été établie auprès d’un échantillon de 2 003 personnes représentatif de la population française, constitué selon la méthode des quotas et « interrogé via Internet »dont « 500 Français se déclarant de confession juive ou ayant au moins un parent de confession ou de culture juive » interviewé « par questionnaire auto-administré » ainsi que « 527 personnes de confession musulmane ».

Parmi les juifs français ayant répondu à l’Ifop, 92 % pensent que l’antisémitisme est aujourd’hui un phénomène répandu en France (contre 76 % de l’ensemble des Français) et 94 % estiment qu’il est en augmentation. « par rapport à il y a dix ans » (77% de l’ensemble des Français).

Changement de nom sur les applications

Parmi les causes de cette montée de l’antisémitisme, 73% des sondés estiment que « rejet et haine d’Israël » y est pour quelque chose, tout comme 42% pour « les idées de l’extrême gauche », contre seulement 10% pour « idées d’extrême droite ». Des chiffres pour le moins déroutants. Conséquences concrètes de leurs peurs, 56% déclarent avoir « a cessé de porter des symboles religieux distinctifs dans les espaces publics » et 84% ont changé de nom « sur les applications de livraison comme Deliveroo et Amazon ».

En janvier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui tient également ce lundi son traditionnel dîner, a constaté une augmentation du nombre d’actes antisémites enregistrés en 2023, passant de 436 à 1.676. L’organisation a expliqué avoir observé un « explosion » de ces actes après le 7 octobre et le début deux jours plus tard de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza.

Un autre rapport annuel de l’Anti-Defamation League (ADL), principal groupe de défense des droits des Juifs, publié ce dimanche, souligne également que les incidents antisémites se sont multipliés depuis le début de la guerre à travers le monde et également aux Etats-Unis. Dans le rapport, les actes incluent le harcèlement, le vandalisme et les attaques contre des entreprises appartenant à des Juifs, des institutions et organisations juives et des étudiants juifs.

Mais cette étude adopte une méthodologie très contestée, comme le constate l’AFP, puisqu’elle inclut rhétorique antisioniste, activisme et appels à la « résistance » dans les territoires palestiniens. Dans ce cadre pour le moins large, le rapport fait état de 8 873 incidents aux États-Unis en 2023, dont 5 204 entre le 7 octobre et fin 2023.