Divertissement

Rencontre dans le sud de la France avec George Clooney et Brad Pitt

CG: Il y a une chose intéressante ici : quel âge a 60 ans ?

PA: Ouais.

CG: (Rires.) Ça me fait rire. Ma femme et moi avons fêté mon 60e anniversaire – j’ai 63 ans maintenant – avec un bon dîner. Et je lui ai dit : « Écoute, j’ai 60 ans, je peux encore jouer au basket. Je peux encore marcher, je peux faire plein de choses. Physiquement, je suis toujours en forme. Peu importe le nombre de barres de céréales que je mange, dans 20 ans, j’aurai 80 ans. Et ce ne sera plus pareil. » Quand on atteint ce cap, les os sont plus fragiles et la masse musculaire a disparu. Donc ça change les choses. Donc, pendant les 20 prochaines années, il faut vraiment essayer de ne pas se concentrer uniquement sur le travail, même si on doit continuer à travailler. Il faut aussi se concentrer sur la vie.

PA: Nous commençons à intégrer l’idée de la mort (Georges rit en connaissance de cause), c’est quelque chose que chacun de nous doit saisir. Nous devenons plus conscients.

Dans Les loupsVous incarnez des gars super forts qui ont vieilli. Je sais que l’art et la vie sont deux choses différentes, mais je me demandais si vous vous identifiiez à eux.
CG: Écoutez, nous ne sommes pas fous, mais sans tourner autour du pot, j’ai l’impression qu’il nous en reste encore un peu.

Vous m’avez dit un jour quelque chose : « Quand on regarde de près la carrière de certains acteurs – comme Cary Grant, par exemple – on se rend compte qu’elle est plus courte qu’on ne le pense. »
PA: Ah ? C’est vrai ?

CG: Mec, c’est vrai. 20 ans, quelque chose comme ça, c’est court. Mais Cary Grant, il était intéressant. Il s’est vu dans un film, j’ai oublié avec qui il jouait, il a juste dit : « J’ai l’air trop vieux pour embrasser cette fille. » Et il a quitté le projet. Il lui restait 20 ans pour être Cary Grant dans la vraie vie. Mais il y a beaucoup d’acteurs – Clark Gable, ces types-là – qui ont travaillé moins longtemps qu’on ne le pense. 25 ans, maximum. Écoutez, on est là depuis déjà 40 ans, c’est fou. (Cary Grant et Clark Gable ont travaillé un peu plus de 20 et 25 ans. Mais l’argument est toujours valable, ndlr.)

Le fait que cela continue vous surprend-il ?
CG: Ouais ! Je me souviens d’en avoir parlé à Matt Damon il y a 25 ans, quand il a remporté l’Oscar. Je me suis dit : « Si tu peux faire ça pendant dix ans, ce sera le casse du siècle. » Personne ne peut faire ça aussi longtemps. Donc oui, je suis surpris d’avoir encore du travail.

Brad, il y a une chose que tu aimes dire dans tes interviews : « Je suis sur le point de mourir. »
PA: Je parlais des cycles que l’on traverse. D’abord, j’ai dû quitter le calme des Ozarks (montagnes de la région du Missouri d’où est originaire Brad Pitt, ndlr). On se lance dans une aventure, et c’est beaucoup de découvertes, à la fois passionnantes, intéressantes et aussi douloureuses. Puis quand on est accepté dans la cour des grands, on entre dans un autre système, avec plus de responsabilités, plus de travail à gérer. Mais c’est aussi une formidable opportunité, un plaisir incroyable de travailler avec des gens qu’on admire. Aujourd’hui, j’en suis à une étape où je me demande : à quoi ressembleront mes dernières années ? Quand je vois mes parents, je comprends ce que George disait tout à l’heure. Quand on a 80 ans, le corps est plus fragile. Et en même temps, je vois Frank Gehry. C’est l’homme le plus adorable du monde. Il a 95 ans, c’est toujours un artiste extraordinaire et il a une famille merveilleuse. Je crois que c’est la clé pour continuer à créer, et pour aimer sa vie.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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