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Rencontre Berry-Mikati-Joumblatt : les chrétiens critiquent une « absence inacceptable », mais…

« Sur la forme, ce n’était pas très réussi. Mais l’important c’est le fond. » Ces propos tenus jeudi par le leader du Kataëb, Samy Gemayel, résument l’état d’esprit des partis chrétiens au lendemain du communiqué publié mercredi soir par le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. , et le leader druze Walid Joumblatt, appelant à un cessez-le-feu immédiat entre le Hezbollah et Israël et à l’élection rapide d’un nouveau président de la République. Il suffisait donc au chef du pouvoir législatif (chiite) de se tourner vers le Premier ministre sortant (sunnite) et son partenaire druze pour le processus lancé en début de semaine, en quête d’une avancée dans la guerre actuelle et du conflit. présidentielle, fait sensation et se heurte à ses limites. Mais tout le monde, y compris les chrétiens, est d’accord : la situation est si grave que ce n’est pas le moment de se noyer dans de vaines querelles. Il faut faire taire les armes et combler le vide à Baabda, un processus dans lequel tous les protagonistes sont impliqués sous la houlette de Nabih Berry.

Tout a commencé mercredi soir, lorsque Walid Joumblatt a appelé le Premier ministre sortant pour s’entretenir avec lui. Nagib Mikati a alors proposé un rendez-vous à Aïn el-Tiné en présence de Nabih Berry, raconte L’Orient-Le Jour une source proche du Sérail. A la fin de la réunion, le Premier ministre a lu le communiqué. D’une manière générale, le texte réitère l’adhésion du Liban au projet de cessez-le-feu lancé par plusieurs pays en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies la semaine dernière. Les trois dirigeants ont également renouvelé « l’engagement du gouvernement libanais à mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité (qui a mis fin à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël) et à déployer l’armée au sud du Litani ».

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MM. Berry, Mikati et Joumblatt ont également appelé leurs « partenaires libanais » à « emprunter le chemin de la compréhension et à faire preuve de responsabilité en élisant un président de la République capable d’apaiser les appréhensions de tous ». « Nous appelons à profiter de la dynamique initiée par les contacts menés par le Président de la Chambre pour qu’un tel accord ait lieu », ont conclu les trois dirigeants. « Ce texte a été écrit spontanément lors de la réunion tripartite dont la tenue a été décidée par hasard », précise L’OLJ une source proche du Sérail. Une manière de réagir aux accusations de « marginalisation » lancées suite à la rencontre par plusieurs protagonistes chrétiens. Michel Moawad, membre de l’opposition de Zghorta, y a même vu « un péché lié au non-respect du pacte national », comme on peut le lire sur son compte X. De son côté, Eddy Maalouf, ancien membre du Courant Patriotique Libre, a écrit sur X : « L’absence des chrétiens est inacceptable. » Et de rappeler que « les chrétiens sont des partenaires à part entière dans ce pays. »

Mikati et Bou Faour commencent à arranger les choses

Mais quelle est la véritable raison du manque de représentation chrétienne ? Des sources concordantes confient à L’OLJ que MM. Berry, Mikati et Joumblatt voulaient inclure les chrétiens dans le processus. « Mais ils n’ont pas réussi à trouver une personnalité qui puisse faire l’unanimité », pour reprendre les mots d’un proche de Nabih Berry. Il fait écho à Waël Bou Faour, député joumblattiste. A l’issue d’une rencontre avec le leader des Kataëb, il a justifié l’absence des chrétiens d’Aïn el-Tiné par ce qu’il a qualifié de « pluralisme excessif » parmi les chrétiens, contrairement aux autres. Car Nabih Berry est aujourd’hui le représentant officiel des chiites sur la scène politique, à l’heure où Nagib Mikati est le plus haut responsable sunnite. Quant à Walid Joumblatt, son parti monopolise (ou presque) la représentation des Druzes. En tout cas, M. Bou Faour s’est entretenu avec Samy Gemayel dans le cadre d’une tournée des dirigeants chrétiens pour les tenir informés des discussions engagées mercredi à Aïn el-Tiné. Nagib Mikati a également été reçu jeudi soir à Bkerké par le patriarche maronite Béchara Raï.

La présidentielle

Dans Bickfaya, Waël Bou Faour a précisé que « personne n’entend marginaliser qui que ce soit ». Samy Gemayel s’est pour sa part réjoui du fait que ce serait « la première fois que le front libanais (ouvert par le Hezbollah en soutien au Hamas) est dissocié de la guerre à Gaza ». Dans leur communiqué, les trois dirigeants ont en effet appelé à un cessez-le-feu immédiat, sans le lier à la cessation des hostilités à Gaza, comme le prône le Hezbollah.

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Le leader du Kataëb a appelé Nabih Berry à « convaincre le Hezbollah de adhérer au communiqué de mercredi, notamment en ce qui concerne le déploiement de l’armée sur l’ensemble du territoire ». Evoquant l’élection présidentielle, M. Gemayel a déclaré que dans la prochaine phase, « il sera interdit à quiconque de nous conduire vers des guerres ou des crises comme celles que nous vivons aujourd’hui ». « L’une des composantes du tissu libanais ne doit pas se sentir marginalisée et vaincue », a-t-il déclaré. Une manière pour le député du Metn de se montrer ouvert à l’élection d’une figure consensuelle à la tête de l’Etat. Ce dernier point a été évoqué lors de la rencontre tenue jeudi à Meerab entre M. Bou Faour et le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea. Selon les informations de L’OLJce dernier « n’a pas soulevé » la question de l’absence des chrétiens à la réunion tripartite de mercredi. « Nous avons discuté de l’importance d’élire un président, au vu des derniers développements enregistrés à ce niveau », a déclaré le député joumblattiste à sa sortie de Meerab, soulignant « la flexibilité de Nabih Berry qui ne tient plus aux conditions imposées dans le passé. Une référence au pas en arrière effectué en début de semaine par le chef du pouvoir législatif qui s’est dit prêt à convoquer le Parlement à une session électorale ouverte à tours successifs pour élire une personnalité consensuelle sans passer par un dialogue en amont. Les propos de M. Bou Faour interviennent au lendemain de l’appel de Walid Joumblatt à « FL et autres » pour retrouver le trio Aïn el-Tiné à mi-chemin.

Cet appel a trouvé un écho auprès des Forces Libanaises qui ont réitéré, dans un communiqué, leur disponibilité à participer à toute séance parlementaire consacrée à l’élection présidentielle. Mais nous n’en sommes pas encore là. Car avant d’agir, M. Berry attend le résultat des contacts en cours en quête d’un accord plus large. Parallèlement à ses rencontres avec les différents protagonistes, le leader du CPL, Gebran Bassil, a délégué l’adjoint de Koura Georges Atallah à son collègue FL Fadi Karam. Quant à Nicolas Sehnaoui, également député du parti aouiste, il a été récemment reçu par son collègue Marada Tony Frangié, dont le père Sleiman était jusqu’à récemment le candidat du tandem chiite à l’élection présidentielle et un rival de M. Bassil.

Et le Hezbollah dans tout ça ? Un responsable cité par Reuters mercredi a déclaré que le parti avait confié le dossier présidentiel à M. Berry. Une information que les milieux du Hezb ne confirment pas.

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Eleon Lass

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