Remy Cointreau : Le calendrier de la menace tarifaire chinoise se précise pour Pernod et Rémy Cointreau

(BFM Bourse) – Le ministère chinois du Commerce a annoncé vendredi qu’il tiendrait le 18 juillet une enquête anti-dumping sur les eaux-de-vie européennes, catégorie à laquelle appartient le cognac. L’enquête devrait être achevée d’ici 2025.

C’est une menace qui pèse sur les deux grands producteurs d’alcool de la place parisienne, Rémy Cointreau et Pernod Ricard, depuis le début de l’année : de potentielles sanctions de la Chine sur les importations de cognac.

En janvier, le ministère chinois du Commerce (Mofcom) a ouvert une enquête sur les « brandies » européens, des alcools parmi lesquels figurent le cognac et l’armagnac français. Entre-temps, le président français Emmanuel Macron a déclaré que son homologue chinois, Xi Jinping, « souhaitait » que les sanctions provisoires sur le cognac ne soient pas appliquées. Ces déclarations ayant été faites lors de la visite du dirigeant chinois en France, il était difficile de savoir quel impact réel elles ont eu. Mais ces propos ont contribué à faire bondir les actions de Pernod Ricard et Rémy Cointreau.

« Cet engagement n’exclut toutefois pas l’adoption de droits définitifs lorsque les autorités chinoises concluront leur procédure », estime Sarah Thirion, analyste chez TP ICAP Midcap, dans une note publiée ce vendredi.

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Une audience dans deux semaines

Nouvel épisode ce vendredi : l’agence de presse chinoise Xinhua rapporte que le ministère du Commerce tiendra le 18 juillet une audience anti-dumping sur le brandy européen.

« L’audience portera sur les dommages industriels, les causes et les effets, ainsi que sur l’intérêt public dans l’enquête antidumping sur les produits de brandy concernés, a indiqué le ministère dans un communiqué en ligne », a expliqué l’agence. « L’audience vise à garantir que le processus d’enquête soit équitable, juste et transparent, selon le communiqué », a-t-elle ajouté.

Selon Xinhua, l’enquête doit se terminer le 5 janvier 2025, mais pourrait être prolongée de six mois.

La nouvelle intervient alors que la Commission européenne a annoncé jeudi qu’elle imposerait dès vendredi des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois importés, avec des surtaxes douanières pouvant aller jusqu’à 38 %.

L’enquête antidumping menée par la Chine sur le brandy européen a été considérée comme une réponse à l’offensive de Bruxelles sur les véhicules électriques chinois, une enquête ayant été ouverte par la Commission européenne dès novembre 2023.

Par ailleurs, l’action Rémy Cointreau reculait jeudi après l’annonce de Bruxelles, perdant 1,2%. Le titre perdait encore 1% ce vendredi vers 10h30. Pernod Ricard a mieux résisté, perdant 0,3% jeudi et gagnant 0,04% ce vendredi.

« En Chine, le cognac représente, en proportion du chiffre d’affaires, trois fois plus chez Rémy Cointreau (25% du chiffre d’affaires du groupe) que chez Pernod Ricard (8% à 9% du chiffre d’affaires du groupe) », expliquait Pierre Tegner, analyste chez Oddo BHF, à BFM Bourse en mai.

Les ventes souffrent toujours

Une sanction chinoise sur les importations de cognac, même si elle est peut-être déjà intégrée dans les prix, constituerait en tout cas un coup sévère.

« Le marché mondial du cognac représente 50 milliards de dollars, dont 20% en Chine en volume et 23% en valeur. Si la Chine décidait de mettre en place des barrières tarifaires, le potentiel de la géographie serait lourdement pénalisé », écrit Sarah Thiron.

« Si l’on devait prendre un cas de référence, on citerait les mesures antidumping mises en place en 2020 par la Chine sur les vins australiens qui ont entraîné des droits de douane de 107 à 212% et ont conduit à une destruction cumulée de 99% des importations au cours des deux années suivantes selon les données de Global Data », ajoute le stratège.

Outre le risque politique en Chine, les producteurs d’alcool doivent faire face à de faibles volumes, suite à une forte demande post-Covid, et à des stocks élevés aux Etats-Unis. Rémy Cointreau anticipe une reprise progressive sur son exercice 2024-2025, qui a débuté le 1er avril.

Ce ne sera toutefois probablement pas le cas pour le premier trimestre, dont l’activité sera publiée le 24 juillet. Deutsche Bank table sur une baisse de ses ventes comparables de 11,6%, tandis qu’UBS anticipe un plongeon de 19,2%.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse