« Rejoignez TeamSab ! », Sabrina Agresti-Roubache se pose en « ministre de Marseille » pour rester députée
La secrétaire d’État chargée du plan « Marseille en grand » et de la ville a officiellement lancé ce mercredi sa campagne pour tenter d’être réélue députée de la première circonscription des Bouches-du-Rhône.
Le Figaro Marseille
« Oh, ma chérie, tu es venue! » «J’ai trouvé ma Cathy!» « Oh, et je rencontre mon député préféré ! »… Sabrina Agresti-Rubache embrasse tout le monde, se blottissant le plus sur son passage. Le soleil sur Saint-Barnabé est aussi radieux que les sourires de la secrétaire d’État et de son adjoint sur les 2000 affiches fraîchement imprimées et posées là, sur une table, devant son bureau, comme il y a deux ans, au 12e quartier de Marseille. « J’ai l’impression qu’on est dans 2022 mais nous sommes plus âgés », plaisante-t-elle. Mais le mistral, qui rafraîchit la température en ce mercredi de juin dans ce quartier cossu de l’est de la ville, rappelle qu’un mauvais vent souffle sur la députée et sa circonscription.
Après avoir été élue en 2022 en battant le Rassemblement national, Sabrina Agresti-Roubach fait partie de ces membres du gouvernement contraints de remettre leur mandat en jeu, dans un contexte extrêmement défavorable sur le papier. Dans cette circonscription, le parti de Marine Le Pen a enregistré un essor sans précédent pour les européennes, arrivant largement devant la liste portée par Renaissance, tandis que LFI a trouvé de façon inhabituelle un réservoir de voix dans ce secteur historiquement acquis par la droite. « Je suis là pour soutenir mes amis, souffle Roland Blum, six fois député victorieux de cette première circonscription des Bouches-du-Rhône. Ce n’est pas parce que vos amis sont en difficulté que vous devez vous enfuir. Il faut aussi être présent lors des épreuves.
Trois jours après l’annonce de la dissolution décidée par Emmanuel Macron, la secrétaire d’État chargée de la ville et de la citoyenneté a convoqué en urgence ses partisans et la presse pour lancer officiellement sa campagne éclair. « Il nous faut un premier groupe pour l’affichage, énumère sa directrice de campagne, Sandra Blanchard. Nous avons aussi besoin de gens pour gérer les bureaux de vote ! Jeunes, nous savons que vous êtes épuisés par les Européens, mais je suis heureux de vous annoncer que vous continuez l’aventure. Nous comptons sur vous pour les réseaux sociaux, la distribution et la publication ! Nous transmettons l’information sur la boucle TeamSab, et rejoignez-la si vous n’y êtes pas encore !
« Sab, nous allons voter pour toi »
Un verre de jus de fruit à la main, tandis que le ministre multiplie les baisers et les selfies derrière lui, Ismaël est pensif. Le jeune homme, militant d’Emmanuel Macron après avoir travaillé au sein de l’UMP, est loin de vivre sa première campagne électorale. Il était là aussi, en 2022, lorsque Sabrina Agresti-Roubache, alors novice en politique, a vécu sa première élection sous son propre nom. « Les gens sont en colère, explique cet habitant du 11e quartier de Marseille. C’est pourquoi nous avons manqué les Européens. Mes parents votent RN, parce que lorsqu’ils vont en ville, ils ne se sentent pas en sécurité. Et je vois mon cousin. La politique ne l’intéresse pas, mais dès qu’on dit Macron, elle est rejetée. Aussi, pour Sabrina, j’ai peur que si elle est rejetée, ce ne soit pas pour elle, mais parce qu’elle représente Macron, ce qui pourrait poser problème.»
Sur les affiches distribuées lors de ce lancement de campagne par Sabrina Agresti-Roubache, pas un logo ni même la moindre mention du parti présidentiel. Juste un slogan on ne peut plus local – « Ils se battent pour Marseille » – et le visage de Sabrina Agresti-Roubache aux côtés de son adjoint Didier Parakian, longtemps adjoint au maire sous l’ère Jean-Claude Gaudin et élu de longue date dans le secteur. Oubli ou stratégie ? Ni l’un ni l’autre, répond Sabrina Agresti-Roubache, juste un gain de temps, dit-elle, pour ne pas attendre officiellement l’investiture dans cette campagne express.
Le candidat assume cependant de poser dans « ministre de Marseille nommé par Macron »OMS « passe tous ses week-ends à Marseille »et conduit le déploiement du plan marseillais depuis son entrée au gouvernement en 2023. « Mes voisins ont voté RN, mais ils m’ont dit : « Sab, on va voter pour toi, parce que c’est toi»»elle dit. « Sabrina est née à Marseille, et Sabrina c’est Marseille avant tout », veut croire Paul, responsable des Jeunes avec Sabrina. Et tant pis si la mise en œuvre du plan « Marseille en grand » a été récemment critiquée dans un prochain rapport de la Cour des comptes, ou si elle n’a pas été suivie d’une reconnaissance dans les urnes par les électeurs. « Il y a des délais incompressibles, elle regrette. Pour construire une maison, il faut 18 mois !
J’ai envie de pleurer mais je ne vais pas pleurer, parce que ce serait admettre qu’ils ont gagné
Sabrina Agresti-Roubache, députée de la première circonscription des Bouches-du-Rhône
Le silence tombe. La ministre prend le micro pour s’adresser à ses militants. Au début sans succès. « Au moins, à l’Assemblée nationale, ce n’est pas toujours agréable, mais le micro marche », plaisante-t-elle. Le son revient, Sabrina Agresti-Roubache redevient sérieuse. « L’extrême droite est aux portes du pouvoir. L’extrême gauche aussi. Ce sera le chaos pour le pays et le chaos pour Marseille. Vous me connaissez, je suis plutôt jovial. Mais c’est très compliqué. Le MP, au contraire, se pose comme un rempart de ces deux blocs. « On vient tous de quelque part, et le RN, je sais d’où ça vient. »
Après avoir expliqué qu’elle s’était présentée contre l’avis de sa fille qui lui avait demandé d’arrêter la politique, la secrétaire d’État avait les larmes aux yeux. « Nous ne tomberons pas. Nous n’avons plus le choix. Nous allons y aller. J’ai envie de pleurer mais je ne vais pas pleurer, car ce serait admettre qu’ils ont gagné. Mais ils ne gagneront pas. Nous allons gagner. » En 2022, Sabrina Agresti-Roubache bat son adversaire RN par seulement 479 voix.