Tournure dramatique des événements dans la vente de Marianne : découragée par des articles de presse affirmant que le milliardaire Pierre-Édouard Stérin aurait des liens avec le RN, la rédaction a finalement rejeté cet repreneur et s’est mise en grève.
« Ce qui semblait être un engagement idéologique individuel se révèle être une entreprise partisane »a estimé jeudi 27 juin dans un communiqué la Société des Rédacteurs de Marianne (SRM). L’équipe éditoriale a donc « se prononce à l’unanimité (…) contre le rachat du magazine par Pierre-Édouard Stérin »annulant un vote précédent du 21 juin.
Elle a demandé à l’actionnaire actuel, le groupe CMI du milliardaire Daniel Kretinsky, de « rechercher de nouveaux repreneurs capables d’assurer l’indépendance éditoriale de Marianne et la pérennité économique du titre ».
Grève continue
Alors, « pas de réponse »Les salariés ont voté dans la soirée, à 80%, en faveur d’une grève de 24 heures renouvelables, qui débute vendredi matin.
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Cette volte-face spectaculaire intervient au lendemain d’un article dans Monde titré « Versailles connexion : comment le milliardaire Pierre-Édouard Stérin place ses pions au RN ».
Dans cette enquête, le quotidien affirme que plusieurs candidats aux législatives LR favorables à une alliance avec le RN sont issus de la « Galaxie Stérin »Ils sont notamment liés au Common Good Fund, l’entreprise philanthropique du milliardaire de 50 ans, qui dirige le fonds d’investissement Otium Capital.
Le Monde cite également un autre article du magazine Défisselon laquelle Pierre-Édouard Stérin et le numéro 2 de l’Otium, François Durvye, auraient acheté en novembre la propriété de la famille Le Pen à Rueil-Malmaison près de Paris, via une société civile immobilière (SCI).
Selon Challenges, cette propriété, où réside toujours le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, a été vendue pour 2,5 millions d’euros.
Catholique conservateur
« Les derniers éléments portés à notre connaissance concernant Pierre-Édouard Stérin rendent les garanties d’indépendance obtenues par la rédaction insuffisantes pour exercer notre métier avec sérénité »a soutenu le SRM. Selon lui, « la nature de l’offre publique d’achat est définitivement modifiée ».
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Le 21 juin, la rédaction a décidé à 60,3% de ne pas s’opposer au rachat du titre par Pierre-Édouard Stérin. Le propriétaire de Marianne, le groupe CMI de Daniel Kretinsky, est en négociations exclusives avec Pierre-Édouard Stérin pour cette vente depuis le mois de mai.
Lors de ce premier vote, la rédaction a estimé avoir fait des progrès sur « garanties d’indépendance » proposé par Pierre-Édouard Stérin, milliardaire catholique conservateur et libéral sur le plan économique.
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Dans le projet de Pierre-Édouard Stérin, l’ancien ministre et entrepreneur Arnaud Montebourg était pressenti pour présider le futur conseil d’administration de l’hebdomadaire. Son profil souverainiste de gauche semblait correspondre à la ligne éditoriale de Marianne, dont la directrice de la rédaction est Natacha Polony.
Challenger
La rédaction souhaite conserver la ligne éditoriale bien distincte de cet hebdomadaire créé en 1997 par les journalistes Jean-François Kahn et Maurice Szafran : souveraineté, laïcité, critique des élites. «Nous allons parler avec la rédaction»CMI France a fait son rapport dans l’après-midi.
Parallèlement aux négociations exclusives avec Pierre-Édouard Stérin, un challenger présente une autre offre de rachat sur Marianne : l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc, 62 ans, qui a fait carrière dans le jeu vidéo et avait repris le groupe de presse jeunesse Fleurus en 2009. .
Le montant de cette offre (cinq millions d’euros) est toutefois jugé insuffisant pour racheter et redresser Marianne, ont expliqué des sources internes.