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réforme du gouvernement adoptée, deux morts dans une nouvelle nuit de violences – Libération

Parallèlement au vote des députés à l’Assemblée nationale sur le dégel du corps électoral calédonien, heurts avec la police, blocages et actes de vandalisme ont repris sur l’archipel du Pacifique, où la situation reste critique ce mercredi 15 mai.

Prise dans une vague de violences qu’elle n’avait pas connue depuis les violences meurtrières des années 1980, la Nouvelle-Calédonie s’est réveillée groggy ce mercredi 15 mai. Une deuxième nuit consécutive d’émeutes a eu lieu sur l’archipel du Pacifique malgré le couvre-feu en vigueur, alors que les députés votaient. à Paris pour la révision constitutionnelle du corps électoral à l’origine de la colère du camp indépendantiste.

En fin de nuit, le représentant de l’Etat dans l’archipel français du Pacifique Sud a annoncé que deux personnes étaient mortes et plusieurs blessées par balles. Ce ne sont pas des tirs venant de « de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu’un qui voulait certainement se défendre », a déclaré le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie Louis Le Franc, cité par France Info. « Je vous laisse imaginer ce qui se passerait si les milices se mettaient à tirer sur des personnes armées »a-t-il poursuivi, déplorant une situation qu’il a qualifiée de« insurrectionnel » dans l’archipel. Un peu plus tôt, il avait signalé « de graves troubles à l’ordre public (…) toujours en cours »y compris « de nombreux incendies et pillages de commerces et d’établissements publics » et annoncé plus de 130 arrestations depuis le début des violences.

En France métropolitaine, l’Assemblée nationale a adopté dans la nuit de mardi à mercredi par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral. La réforme devra encore recueillir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Le projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel. Les partisans de l’indépendance estiment que ce dégel risque « minimiser encore davantage le peuple autochtone kanak ».

Dans une lettre envoyée mercredi aux représentants calédoniens condamnant les violences « indigne(s) » et appelant à « calme », Emmanuel Macron a précisé que le Congrès se réunirait « avant fin juin » ratifier cette réforme de la Constitution, à moins qu’indépendantistes et loyalistes ne s’accordent d’ici là sur un texte plus global.

Appels au calme

Devant la presse, le président indépendantiste du gouvernement territorial, Louis Mapou, « pris note » de la réforme votée à Paris mais a déploré un « une approche qui impacte lourdement notre capacité à conduire les affaires de la Nouvelle-Calédonie ». « Nous appelons au calme », ​​a poursuivi Louis Mapou. « Les mobilisations doivent se faire dans un cadre »a poursuivi le président du sénat coutumier Victor Gogny, « Depuis deux jours nous sommes sortis de ce cadre et le pays est en feu. Il faut revenir à ce cadre et laisser tout se calmer.

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, la principale figure du camp non indépendantiste, l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès, a de son côté demandé au chef de l’Etat de déclarer l’état d’urgence. « notamment en engageant l’armée aux côtés des forces de police et de gendarmerie ». « Nous sommes en état de guerre civile »elle a déploré.

Malgré l’instauration d’un couvre-feu dans l’agglomération de Nouméa mardi à partir de 18 heures locales (9 heures à Paris), les actes de vandalisme ont repris à la tombée de la nuit. Plusieurs infrastructures publiques de la capitale ont brûlé dans la nuit. Des voitures endommagées ou carbonisées étaient également visibles un peu partout dans les rues, tandis que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l’ordre, sillonnaient la ville.

Par crainte de s’enliser, des éléments du GIGN, du Raid (son équivalent pour la police), quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections des CRS 8, unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, ont été mobilisés. D’autres renforts étaient en cours d’acheminement vers l’archipel, selon Gérald Darmanin. Dans un rapport provisoire rendu public mardi, le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer a indiqué « plus de 70 policiers et gendarmes blessés » dans les violences. Et « 80 chefs d’entreprises ont vu leurs outils de production brûlés ou détruits » a-t-il déclaré mardi à l’Assemblée.

Faute d’approvisionnement dans les magasins, les pénuries alimentaires provoquent de très longues files d’attente ce mercredi matin devant les magasins. Certains à Nouméa ont été pris d’assaut, d’autres étaient presque vides, n’ayant plus de pain ni de riz à vendre.

Mise à jour : à 9h06, avec en plus un deuxième décès.

Cammile Bussière

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