réelle envie de quitter Marmande ou bluff pour faire pression sur la Ville ?
jeUn mot – ou simplement l’annonce d’une date – suffirait à confirmer que la prochaine édition du festival Garorock se tiendra bien à Marmande. Plutôt que de mettre fin à une rumeur de déménagement qui inquiète même les bénévoles les plus fidèles, les organisateurs entretiennent le doute, énumérant les noms des villes lorsqu’on les interroge sur la prochaine édition.
Cette équivoque, qui a tout d’un joker, est peut-être leur meilleur atout dans la partie de poker qui semble se disputer avec les communautés marmandaises locales. Dans quel but ? Obtenez des garanties sur le développement de la plaine Filhole et réduisez les coûts d’exploitation. C’est ce qui se murmure sur les bords de Garonne.
De Bordeaux à Langon, en passant par Bègles en Gironde, la rumeur remonte le fleuve aussi vite que la vague du mascaret. Mais partout, on nie ce scénario. A Langon, fin août, les organisateurs du festival Paille et Ripaille s’alarmaient déjà de la possible arrivée de Garorock dans leur région. Le maire, Jérôme Guillem, s’en défend. « Langon a beaucoup d’atouts, mais comment accueillir 50 000 festivaliers par jour ? Et sur quel site ? Cela me semble très compliqué. »
L’option stade Matmut
A la mairie de Bègles, personne n’a été interpellé non plus. Toutefois, les nouveaux propriétaires de Garorock, le groupe allemand CTS Eventim, ont pris contact avec la métropole bordelaise, avec un oeil sur le stade Matmut Atlantique et ses 42 000 places.
« On ne trouve pas un terrain de 35 hectares capable d’héberger 35 000 campeurs pour la nuit »
« Ce n’est ni la première, ni la dernière fois » que Garorock s’intéresse au plus grand stade de la région, relativise un Bordelais du dossier. Une manière de « faire monter les enchères » auprès des élus marmandais. A moins que la « fête de terrain » ne cherche à se réinventer en « fête de ville ». Troquer son immense camping à ciel ouvert contre des festivaliers au plus grand pouvoir d’achat, capables de séjourner dans un Airbnb. Et un stade livré clé en main, plus facile à rentabiliser. Qui sait quels seront les nouveaux modèles économiques de ces festivals, dans un contexte compliqué ?
Cartes sur table
En attendant, selon nos informations, les organisateurs ont finalement confirmé aux élus bordelais que le festival resterait à Marmande, au moins pour la prochaine édition. « Nous sommes vigilants, mais pas inquiets », confirmait récemment le maire de Marmande. « La plaine de Filhole est un site remarquable et très bien organisé. On ne trouve pas de terrain de 35 hectares du jour au lendemain capable d’accueillir 35 000 campeurs », rassure Joël Hocquelet.
Alors pourquoi ce bluff ? Une réunion de travail organisée dans quelques semaines, à la demande des organisateurs, devrait réunir l’Etat, l’Agglomération du Marmandais et la Ville. Au programme des discussions, voire des négociations, de nouvelles évolutions techniques pour pérenniser le site. Avec notamment son électrification pour remplacer les coûteux générateurs diesel. Le directeur de Garorock, Ludovic Larbodie, a estimé à six millions d’euros le coût de l’implantation du festival dans la plaine de Filhole. Le maire de Marmande a déjà indiqué que la Ville ne financerait pas ces nouveaux équipements. L’heure pour chacun de jouer cartes sur table approche.