redressement judiciaire, 9 000 emplois menacés
Milee, leader de la distribution publicitaire, est au bord de la faillite
Depuis plusieurs années, le secteur de la distribution publicitaire imprimée connaît un fort déclin. Pour donner une échelle, entre 2019 et 2023, le marché de la publicité imprimée en France a été divisé par deux, passant de 10,4 milliards à 5,7 milliards d’exemplaires distribués.
Cette baisse drastique est le résultat de plusieurs facteurs, dont la crise des « Gilets jaunes », la pandémie de Covid-19 et l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine. La loi Climat et Résilience de 2021, notamment avec l’expérimentation « Oui Pub », qui interdit par défaut la diffusion de supports publicitaires dans certaines communes, n’aura pas arrangé la situation du diffuseur publicitaire. Incapable de remettre les choses sur les rails, la direction de Milee a demandé sa mise en redressement judiciaire.
Tentatives de récupération infructueuses
En mars 2023, Milee s’est lancée dans un plan de restructuration qui comprenait la suppression de 3 500 postes, dont 1 700 départs à la retraite, en plus d’annoncer la fin de la distribution de dépliants publicitaires dans les boîtes aux lettres. d’ici août 2024. Malgré ce plan, les pertes financières se sont accumulées. Principal concurrent de La Poste, cette dernière n’a d’ailleurs pas été épargnée par l’effondrement du marché de la distribution publicitaire : en avril 2024, La Poste a reclassé les salariés de sa filiale Mediaposte.
Pour tenter de diversifier ses activités, Mile a lancé en 2023 une plateforme numérique baptisée « 150EUR », destinée à offrir aux consommateurs un accès facile aux promotions locales. Toutefois, cette initiative n’a pas suffi à redresser les finances de l’entreprise, qui a dû vendre sa filiale Colis Privé pour près de 600 millions d’euros à l’armateur CMA-CGM.
9 000 emplois en jeu
L’annonce de la direction a de quoi inquiéter les 9 000 salariés du groupe. » Ça me fait vraiment réfléchir, ça me fait peur pour la suite, déjà la vie n’est pas facile », témoigne Malika Fatnassi, salariée de Givors, auprès de nos confrères de Figaro. De nombreux salariés du groupe sont des personnes vulnérables, aux revenus modestes et parfois même des retraités qui trouvent dans leur travail un complément de revenu qui leur est essentiel.
Le syndicat majoritaire, la Confédération autonome du travail (CAT), a vivement critiqué la direction de l’entreprise. Selon Salim Henouda, syndicaliste : « C’est triste, l’environnement du secteur est difficile, mais la direction a commis des erreurs depuis 2017 « . Il pointe notamment les décisions erronées prises lors des élections départementales et régionales de 2021, où l’entreprise a préféré employer des intérimaires plutôt que ses distributeurs expérimentés.
Le tribunal de commerce de Marseille doit examiner la demande de réparation de Milee d’ici fin mai 2024. La direction espère qu’un plan de relance préservera l’avenir des salariés. En attendant, les salariés restent incertains quant à leur avenir professionnel.