PORTRAIT – Le lutteur cubain est devenu le premier athlète à remporter cinq médailles d’or lors de cinq Jeux olympiques consécutifs dans la même épreuve. Un homme extraordinaire.
L’athlète cubain le plus titré
La boxe n’a qu’à bien se tenir. Considérée comme le sport roi à Cuba, la discipline voit la lutte prendre de plus en plus de poids dans le palmarès olympique de l’archipel des Caraïbes. Et c’est grâce à Mijain Lopez. Le lutteur originaire d’Herradura a inscrit à jamais son nom dans l’histoire olympique en devenant le premier athlète à remporter 5 médailles d’or individuelles lors de 5 éditions consécutives. Une histoire qui a commencé en 2004 à Athènes. À 21 ans, il fait ses débuts au plus haut niveau en lutte gréco-romaine (-120 kg). Mais il ne pourra rivaliser avec Khasan Baroyev, futur champion olympique. La suite est sans faute : il remportera toutes ses finales entre 2008 et 2024 sans concéder le moindre point. De quoi devenir l’athlète cubain le plus titré devant l’escrimeur Ramon Fonst (4 titres en 1900 et 1904).
Un retour express pour 2024
A 41 ans, il a disputé le dernier combat de sa carrière en finale face à Yasmani Acosta mardi soir avant de quitter symboliquement ses chaussures au centre de la palestre pour dire adieu au monde de la lutte. Le « Géant d’Herradura » est revenu de nulle part en annonçant son retour à la compétition en mai 2024. Quelques mois pour perdre plus de 15 kilos et valider son passage sur la balance (-130 kg). Mais il n’a rien perdu de son éclat malgré un retour éclair après sa pause post-JO de Tokyo en 2021. Aux côtés de ses deux hommes de confiance, son entraîneur Pedro Val et son sparring-partner Hector Melian, champion olympique en 1992 (-92 kg). Et le résultat a été sans appel à Paris : 4 victoires avec deux points encaissés.
De l’anneau à la palestre
Comme beaucoup d’enfants cubains, Mijain Lopez a d’abord enfilé des gants de boxe. Les légendes du sport cubain ont souvent écrit leur légende sur le ring, à l’image de Teofilo Stevenson et Félix Savon (3 médailles d’or chacun). Plus gros pourvoyeur de médailles pour l’île des Caraïbes, de loin, avec 79 babioles, dont 41 en or, la boxe a toujours attiré les jeunes. Ce fut le cas de Mijain Lopez qui a suivi les traces de son grand frère Michel, médaillé de bronze en boxe dans la catégorie des super-lourds. Mais à 10 ans, la future légende de la lutte gréco-romaine découvre la palestre, le terrain de jeu des lutteurs, pour ne plus jamais la quitter.
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Une blessure précoce
Avant de terroriser ses adversaires du monde entier et de remporter 5 titres olympiques et mondiaux, il subit à 13 ans une terrible blessure qui aurait pu mettre un terme à ses rêves : une double fracture du tibia et du péroné. Mais il ne baisse pas les bras et trouve le moyen de construire sa légende. Il renforce son corps en courant après les animaux et en travaillant dans les champs avec sa famille. Après un premier titre aux championnats panaméricains juniors en 2002, le natif de Herradura sera sacré la même année dans la catégorie senior – il remportera 9 titres panaméricains. Le début d’une domination qui durera plus de vingt ans.
Un drame familial
Il y a un an, le monde s’effondrait sur la tête du lutteur. Son père Bartolo Lopez est décédé en 2023. Un compagnon privilégié de la légende depuis le début de sa carrière. « Mon père m’a fait me battre contre tous les enfants du quartier »« C’est un moment très spécial, mais je suis très fière de moi », a-t-il confié à l’AFP avec émotion avant les Jeux. Un deuil difficile pour Mijain Lopez qui a pu compter sur le soutien de sa femme, l’escrimeuse Maylin Gonzalez. Dans sa maison de Herradura, sa mère a allumé une bougie qui illumine un autel en mémoire de son défunt mari. De retour à Cuba, le jeune retraité accrochera sa 5e médaille d’or au mur à côté de l’autel. Un ultime titre en hommage à son père, l’un des premiers soutiens de son fils.