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Réchauffement climatique et empreinte carbone de la publicité commerciale

Réchauffement climatique et empreinte carbone de la publicité commerciale

Selon l’étude publiée en septembre par le Réseau Action Climat, la vie quotidienne va devenir de plus en plus difficile dans toutes les régions de France au cours des prochaines décennies, en raison du réchauffement climatique en cours. Même la Bretagne devrait manquer d’eau car « son sous-sol est en grande partie composé de granite et de schiste, ce qui rend l’accès aux eaux souterraines difficile ».

L’été qui vient de s’achever a été marqué par une multiplication des dérèglements climatiques, dont des tempêtes, des grêlons et des incendies, qui ont pour conséquence des réparations coûteuses, qui se traduisent aussi par de nouvelles émissions de gaz à effet de serre. Cet effet « boule de neige » du réchauffement climatique rend crédible les multiples risques annoncés pour les décennies à venir dans le rapport publié sur la France par le Réseau Action Climat (RAC) le 19 septembre. Il indique en page 22 que même la Bretagne sera de plus en plus impactée par des épisodes de sécheresse tandis que le recul du littoral obligera de nombreuses personnes à se déplacer.

En vacances dans la baie de Lannion, lit-on le 5 août dans le quotidien régional « Ouest de la France » que les forêts du monde « avait absorbé entre 1,5 et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023, contre 9,5 millions de tonnes en 2022. Les scientifiques ont évoqué « des forêts endommagées en Amérique du Nord, en Amazonie, en Asie du Sud-Est et en Russie, en raison des températures élevées et du manque d’eau ». Au Canada, de gigantesques incendies ont ravagé 16,5 millions d’hectares de forêt en 2023, soit l’équivalent du territoire de la Tunisie. Ces incendies ont transformé les poumons de la planète en super-émetteurs de CO2. Ils ont rejeté 2,1 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2023, soit plus que les émissions de CO2 de n’importe quel pays du monde en dehors des plus gros émetteurs, la Chine, les États-Unis et la Russie. La France est également touchée. « En dix ans, la forêt a perdu la moitié de sa capacité de stockage du carbone. La cause en est le ralentissement de la croissance des arbres et leur mortalité plus élevée due aux sécheresses, aux incendies et aux ravageurs », a-t-il ajouté. nous lisons dans cet article publié dans « Ouest de la France ». En Europe, les récents incendies, notamment en Grèce et au Portugal, confirment cette tendance.

Un regard sur la publicité commerciale en France…

Ce même 5 août, nous sortions de la boîte aux lettres de notre lieu de vacances sept tracts publicitaires, dont certains faisaient jusqu’à 48 pages. Ils faisaient suite à un volume identique reçu une dizaine de jours plus tôt. Ils provenaient des mêmes enseignes dont LIDL, Intermarché, Conforama, Bricomarché, Brico-Cash, Sport 2000 et Intersport. Par exemple, du mercredi 7 août au mardi 13 août, LIDL proposait des promotions sur des centaines de produits alimentaires et de boissons, souvent avec 20 à 30 % de remise sur le prix soldé, voire 50 % sur le deuxième produit quand on en achetait deux au lieu d’un.

Outre les produits alimentaires, de nombreuses promotions ont également été réalisées sur les équipements de bricolage, les vêtements de sport et les vêtements du quotidien chez LIDL. Intermarché a développé une propagande différente et mis en avant « jusqu’à 70% d’économies sur une sélection de produits selon les horaires et les jours d’ouverture ». L’offre était « réservée aux détenteurs de la carte avantage » fournie par la marque. Écrites en tout petits caractères, certaines des conditions de « remise immédiate » au passage en caisse étaient précisées ainsi :

« Pour l’achat d’un ou plusieurs produits indiqués dans cette brochure, bénéficiez d’une remise immédiate en caisse. Valable sur une sélection de produits bénéficiant de l’offre. Offre limitée à trois produits identiques (même parfum, même parfum, même variété par caisse et par jour, sauf sur les bouteilles de vin et de champagne vendues à l’unité, où l’offre est limitée à 6 bouteilles identiques en caisse et par jour). Le montant de la remise est déduit du prix de l’article en caisse. Les remises immédiates sont calculées par comparaison avec les prix de vente conseillés au niveau national par l’enseigne Intermarché. »

…Et sur l’empreinte carbone de la quête des prix bas

Le 14 août dernier à l’Intermarché de Trébeurden, nous nous sommes retrouvés à la caisse derrière une cliente d’une cinquantaine d’années qui tendait à la caissière un grand nombre de cartes lui permettant de cumuler des remises sur les produits qu’elle venait d’acheter. À chaque fois qu’elle remettait une carte, la caissière intervenait sur son ordinateur pour modifier à la baisse la facture de sa cliente. Bien que nous ne sachions pas combien elle avait économisé ce jour-là, nous avons constaté que cet échange avait prolongé notre attente de plusieurs minutes. On peut supposer que, chez elle, cette personne passe beaucoup de temps sur internet et qu’elle échange avec des connaissances, afin d’identifier et de sélectionner le plus de produits possibles pouvant bénéficier de remises au moment du passage en caisse. Les remises proposées poussant certaines personnes à acheter des produits dont elles n’ont guère besoin, l’empreinte carbone de ces achats inutiles s’ajoute à celle des consultations et échanges en ligne, ainsi qu’à celle de la déforestation pour produire le papier nécessaire à la fabrication des tracts publicitaires.

Il faut ensuite distribuer ces tracts dans les boîtes aux lettres. Depuis 2015, neuf communes rurales ont rejoint la « Lannion-Trégor-Communauté », qui compte désormais 79 000 habitants, dont beaucoup vivent à la campagne autour des villes rurales. Même en regroupant les tracts de sept ou huit enseignes pour une distribution commune, l’empreinte carbone de cette incitation à consommer plus est particulièrement élevée dans cette petite partie de la France, comme dans beaucoup d’autres.

Tout cela nous révèle en définitive que le fonctionnement mondialisé du capitalisme selon la loi dite de « l’offre et de la demande » rend impossible un véritable ralentissement du réchauffement climatique actuel. C’est aussi la conclusion tirée de la lecture du document publié en septembre par le Climate Action Network.

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