Recep Tayyip Erdogan concède une victoire historique de l’opposition, « un tournant » selon lui
Le vote de dimanche marque la pire défaite du président turc et de son parti islamo-conservateur, l’AKP, au pouvoir depuis 22 ans.
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« Nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés. » Le président turc Recep Tayyip Erdogan l’a reconnu « un tournant » pour son camp, dimanche 31 mars, après la victoire historique de l’opposition aux élections municipales. Le dépouillement de près de 99 % des urnes à l’échelle nationale confirme que son parti islamo-conservateur, l’AKP, au pouvoir depuis 2002, a subi sa pire débâcle électorale depuis deux décennies. L’annonce des résultats définitifs est attendue lundi.
Le principal parti d’opposition, le CHP, a remporté la victoire à Istanbul et à Ankara, les deux plus grandes villes de Turquie. Pour de nombreux observateurs, le maire d’IstanbulEkrem Imamoglu, très populaire, a désormais un parcours vers l’élection présidentielle de 2028. Le CHP, parti social-démocrate, a remporté de nombreuses autres mairies, comme à Bursa, une importante ville industrielle du nord-ouest du pays, acquise par l’AKP depuis 2004. Outre Izmir, le parti social-démocrate a remporté de nombreuses autres mairies. troisième ville et fief du CHP à l’ouest, et Antalya, au sud, le premier mouvement d’opposition a réalisé une percée spectaculaire en Anatolie. Il est en tête de la course dans les capitales provinciales longtemps détenues par l’AKP, prenant les observateurs par surprise.
Erdogan promet de « respecter la décision de la Nation »
« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie »s’est félicité le leader du CHP, Ozgur Ozel. « Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays », a ajouté le maire CHP d’Ankara, Mansur Yavas. Depuis le siège de son parti à Ankara, devant une foule déprimée et inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de « respecter la décision de la Nation ». Résigné, il évoque le « quatre années de travail (…) à ne pas gaspiller » d’ici 2028, une manière d’exclure la possibilité d’élections anticipées qui lui permettraient de se représenter.
Recep Tayyip Erdogan, 70 ans, avait soutenu la campagne, notamment à Istanbul, le « bijou » du pays, dont il fut maire dans les années 1990 et passé dans l’opposition en 2019. Il enchaînait les meetings quotidiens, bénéficiant d’un temps d’antenne illimité à la télévision publique, alors que ses adversaires étaient presque là. privé. Mais l’engagement du chef de l’Etat, qui a annoncé début mars que ces élections « son dernier »n’était pas suffisant.
Les candidats de l’AKP restent cependant en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), fiefs du président Erdogan. Le parti pro-kurde DEM s’est assuré une avance confortable dans plusieurs grandes villes du Sud-Est à majorité kurde, notamment Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.