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RDC : Des solutions basées sur la nature pour relever les défis


Les solutions fondées sur la nature, comme l’agriculture urbaine, les terrasses et les corridors verts, peuvent aider les villes à relever les défis climatiques, notamment la chaleur urbaine, les inondations et la pollution de l’air. Mais comment les gouvernements et les communautés peuvent-ils déterminer quelles solutions fondées sur la nature répondent le mieux à leurs besoins ? À Kinshasa, les connaissances autochtones, les outils innovants et le gouvernement local proactif contribuent à répondre à cette question.

Kinshasa : l’une des plus grandes villes d’Afrique

Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est l’une des plus grandes villes d’Afrique. Elle compte déjà plus de 15 millions d’habitants et connaît une croissance rapide : selon les estimations de la Banque mondiale, elle s’étend chaque jour d’environ 2 000 habitants et de cinq hectares.

La croissance de la ville est en grande partie informelle et s’étend jusqu’à la savane au sud et à l’est de la capitale. Les espaces verts sont remplacés par du béton, du métal et de la terre nue, ce qui entraîne des problèmes climatiques tels que les inondations, l’érosion des sols et la hausse des températures.

Ces problèmes découlent d’une urbanisation rapide et anarchique. Sans planification adéquate, la capitale s’étend dans des zones dépourvues d’infrastructures et de services de base, comme les systèmes de drainage et de gestion des déchets solides. Les constructions sur des sols instables et sablonneux exposent les infrastructures, les habitations et les habitants à un risque d’érosion. La chaleur urbaine constitue également un défi, les températures enregistrées dans la ville étant jusqu’à 8°C supérieures à celles enregistrées en dehors de la capitale.

Le potentiel inexploité des solutions fondées sur la nature

Pour aider à relever ces défis, la ville de Kinshasa a demandé au City Climate Finance Gap Fund (le Gap Fund), un partenariat mis en œuvre par la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement, d’explorer le potentiel d’utilisation de solutions basées sur la nature pour renforcer la résilience climatique urbaine, séquestrer les émissions de carbone et fournir des avantages socio-économiques.

Le Gap Fund a fourni une assistance technique de 260 000 dollars américains pour aider à identifier, évaluer et intégrer des solutions spécifiques basées sur la nature à Kinshasa. Les acteurs gouvernementaux de la ville de Kinshasa, du département du développement urbain et du ministère des travaux publics se sont associés aux spécialistes et consultants de la Banque mondiale du Groupe Huit, d’ARTER et de VSI Afrique pour mettre en œuvre la proposition d’assistance technique du Gap Fund.

Ce travail s’appuie sur le projet de développement multisectoriel et de résilience urbaine de Kinshasa financé par la Banque mondiale, ainsi que sur le soutien précédemment fourni par le Programme mondial de la Banque mondiale sur les solutions fondées sur la nature pour la résilience climatique au sein de la Facilité mondiale pour la réduction des catastrophes et le relèvement (GFDRR).

Identifier des solutions pour concevoir un atlas des espèces végétales

L’équipe a utilisé le Nature-based Solutions Opportunity Scan (NBSOS) de la Banque mondiale, un algorithme numérique qui utilise des données géospatiales et des analyses à haute résolution pour aider à identifier les solutions basées sur la nature qui soutiendraient les trois objectifs de Kinshasa : séquestrer le carbone, réduire les risques de catastrophes naturelles et fournir des avantages socio-économiques.

L’outil a permis d’analyser les conditions physiques telles que la topographie et la composition du sol, de déterminer les emplacements appropriés et de compiler une liste de solutions fondées sur la nature, tirées des 14 types décrits dans le Catalogue des solutions fondées sur la nature pour la résilience urbaine de la Banque mondiale. Parmi les exemples figurent l’agriculture urbaine, les terrasses et pentes et les corridors verts.

Pour la première fois, l’outil NBSOS a été adapté à l’échelle locale et hyperlocale afin de fournir des recommandations spécifiques au site et adaptées aux besoins locaux. Les connaissances locales et autochtones des habitants d’Ibi, un village près de Kinshasa connu pour ses pratiques d’agroforesterie durable et son expertise en biodiversité, ont été intégrées dans l’analyse des types de végétation adaptés. Leur contribution a été cruciale pour le choix des espèces végétales indigènes, locales et exotiques.

L’équipe a également intégré les connaissances de l’outil NBSOS aux données sur les types de végétation locaux pour créer un « Atlas de la végétation » qui évalue la capacité de chaque plante à réduire la vulnérabilité aux inondations, aux vagues de chaleur et à l’érosion des sols, à séquestrer le carbone et à favoriser le développement socio-économique. En reliant l’Atlas de la végétation au NBSOS, l’équipe a pu identifier les solutions fondées sur la nature et les espèces végétales les plus efficaces pour des zones spécifiques.

L’Atlas de la végétation nous a permis de savoir quels types et variétés d’herbes, de plantes et d’arbres pourraient le mieux répondre aux défis et aux priorités de Kinshasa. Les choix de végétation peuvent désormais être optimisés en fonction des avantages, tels que la réduction de l’érosion des sols, du stress thermique, de la pollution de l’air ou des inondations. Le nouvel outil offre des informations pratiques, des solutions adaptées aux conditions locales et des orientations plus claires sur les opportunités d’investissement – Laurent Corroyer, spécialiste de la gestion des risques de catastrophe à la Banque mondiale

Lutter contre l’érosion des sols et les risques d’inondation, et soutenir les moyens de subsistance

Les résultats de l’évaluation ont permis à la ville et aux experts d’élaborer une stratégie de solutions basées sur la nature à l’échelle de la ville et de tester des solutions à Kimwenza, une commune vallonnée située sur une pente au sud de Kinshasa et appartenant à l’Université Loyola du Congo. La zone est un important point chaud d’érosion des sols et abrite plus de 300 familles, dont beaucoup vivent dans des logements rudimentaires, confrontées aux défis du chômage, de la pauvreté et de l’érosion des sols.

Le site pilote a été divisé en trois zones (en amont, intermédiaire et basse) avec des solutions ciblées basées sur la nature pour chaque zone conçues pour prévenir l’érosion des sols, restaurer la fertilité des sols, créer des emplois et fournir de la nourriture aux populations locales. Ces solutions comprenaient la plantation en couches superposées d’espèces locales d’herbes, de plantes et d’arbres sur des terrasses, la création de fermes urbaines et de sentiers piétonniers, ainsi que l’entretien du site à moyen et long terme.

L’équipe a également formé le personnel de l’université à la mise en œuvre de ces solutions, notamment en matière de techniques de plantation et d’espacement des plantes. L’université partage désormais ces connaissances en formant et en travaillant avec les habitants des communautés locales pour mettre en œuvre ces solutions.

L’Office des routes et du drainage, l’organisme national en charge des travaux de drainage, a également travaillé avec l’université pour identifier des solutions de drainage complémentaires pour Kimwenza, notamment la construction d’une structure capable de retenir et de canaliser les eaux de ruissellement lors de fortes pluies. Ces travaux devraient être achevés en 2024.Impact : un outil intégrateur qui peut soutenir les solutions fondées sur la nature au niveau local et dans les villes du monde entier

L’assistance technique fournie par le Gap Fund conduit à des résultats et des investissements concrets :

  • La Ville de Kinshasa a élaboré une stratégie de solutions fondées sur la nature qui éclaire le programme d’investissement de la ville et identifie une longue liste d’investissements locaux et à l’échelle de la ville d’une valeur estimée à 153 millions de dollars américains.
  • Parmi ces investissements, une liste restreinte de solutions basées sur la nature, estimée à 4 millions de dollars américains, sera reprise pour une préparation et un financement plus approfondis par la Banque mondiale.
  • La stratégie de solutions basées sur la nature de la ville devrait éclairer le dialogue et aider à mobiliser des financements supplémentaires pour les futurs investissements urbains financés par la Banque mondiale et d’autres partenaires de développement à Kinshasa.

Les gouvernements locaux et nationaux ont également amélioré leur compréhension des opportunités offertes par les solutions fondées sur la nature, y compris les coûts potentiels et la séquence des investissements stratégiques.

À l’avenir, l’équipe travaille avec le gouvernement pour étudier la possibilité d’accroître son soutien à d’autres sites de Kimwenza et de Kinshasa confrontés à des défis similaires. Ce travail pourrait inspirer et informer les gouvernements du monde entier qui souhaitent adopter des solutions fondées sur la nature pour aider à relever les défis urbains tout en atténuant et en s’adaptant au changement climatique.

New Grb3

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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