RC Lens – LOSC : Y a-t-il vraiment eu un penalty dans le Derby du Nord ? Décryptage d’un arbitre
Suite à la victoire du LOSC dans le Derby du Nord samedi (0-2), les Lensois ont crié au scandale, jugeant que l’arbitre du match avait commis une erreur en accordant un penalty aux Dogues. Décryptage.
C’est une habitude adoptée par les fans de football : les revers de leurs équipes respectives reposent principalement sur les décisions prises par le corps arbitral. Ce week-end encore, à l’occasion de la neuvième journée de Ligue 1 McDonald’s, plusieurs clubs, de leurs dirigeants à leurs joueurs en passant par leurs supporters, ont vivement critiqué les choix opérés par les hommes au coup de sifflet sur le rectangle vert. Ce fut le cas sur la pelouse du Stade Bollaert-Delelis, lors de l’opposition entre le LOSC et le RC Lens disputée ce samedi (0-2), avec un penalty accordé aux Dogues par Benoît Bastien dans le temps additionnel. Une main de Kevin Danso, qui tentait alors de tacler le cuir dans un duel avec Mohamed Bayo, est repérée dans la surface (90+5′). Opposé à Brice Samba, Jonathan David n’a pas tremblé (90+8′) et a fait pencher la rencontre d’un côté, celui de l’équipe de Lille, victorieuse (0-2).
Cette décision a évidemment créé une polémique. Face au débat qui régnait sur la toile, Rémi Serpaud, arbitre de football en National 2 et National 3, a commencé à décrypter la situation qui a conduit au coup de sifflet de Benoît Bastien. Ses interventions pédagogiques sont régulières, il prend la parole pour donner son avis et tenter d’éclairer certains faits de jeu, et visent à apporter un peu de recul sur les décisions arbitrales prises en France. De la même manière, cette analyse ne prétend pas détenir la vérité absolue et s’appuie essentiellement sur les textes des lois du Jeu. Enfin, chaque situation est unique et ne doit pas nécessairement être comparée aux autres.
« Le problème du football français, c’est l’ego de certains arbitres »
Au coup de sifflet final du match, Jean-Louis Leca, coordinateur sportif du RC Lens, a vivement attaqué le choix fait par le corps arbitral : « Nous avons vraiment touché au problème de l’arbitrage français. On appelle ça l’ego de certains arbitres, car la règle est claire. Lorsque le ballon est touché par n’importe quelle partie du corps puis passe dans la main, il n’y a pas de pénalité. La règle est très claire. Et en plus de ça, VAR l’appelle. Si le VAR l’appelle, ce n’est qu’à un moment donné… Mais certains arbitres ne changent pas d’avis »a-t-il déclaré en zone mixte après la défaite de son équipe.
Rémi Serpaud commence son décryptage en réfléchissant à ces quelques déclarations de Lens : « Leca fait référence à une règle qui indiquerait que, si le ballon touche une partie du corps avant de toucher la main, celle-ci ne peut être pénalisée. Sauf que… il n’y a aucune mention de ça dans les lois du jeuil commence. C’est en réalité un critère (parmi d’autres) qui doit nous aider à décider s’il y a main ou pas. Très souvent, cela se traduira par une main non sanctionnable. Mais pas systématiquement ! La confusion vient donc probablement d’une incompréhension entre ce qui relève de la loi et le critère.il explique.
« Benoît Bastien a estimé que Danso avait amplifié sa surface corporelle »
Les points à retenir, notés dans les lois du jeu, sont le mouvement naturel du bras et l’augmentation artificielle de la surface corporelle. Rémi Serpaud poursuit son analyse en soulignant que la main de Kevin Danso est d’abord signalée par le juge de touche qui prévient ensuite Benoît Bastien. Il ajoute que le recours au VAR doit « permettre à l’arbitre de fonder ou non sa décision. Il s’agit de légitimer la décision de l’arbitre.ce que semble avoir fait Benoît Bastien lorsqu’il est allé voir les images.
Venons-en à la décision finale. Tout dépend, selon les analyses de l’arbitre évoluant en National 2, du début de l’action au cours de laquelle « Benoît Bastien estime que Danso avait amplifié sa surface corporelle » avant de se lancer dans son tacle. « En amplifiant cette zone, il a pris un risque qui a donc conduit au penalty et j’ai tendance à être d’accord avec lui. (…) Il n’y a eu ni vol ni scandale ici”conclut Rémi Serpaud. Ce dernier, à travers sa présence sur les réseaux sociaux, permet ainsi de pratiquer la formation de l’arbitrage, une habitude qui devrait être adoptée chez les professionnels pour éclairer les spectateurs et les acteurs du jeu. C’est dans ce sens que l’installation de micros sur les arbitres principaux est demandée depuis plusieurs années.
Quoi qu’il en soit, revenons à la décision finale de maintenir la sanction.
Tout sera décidé au début de l’action.
Benoit Bastien a donc estimé que Danso avait amplifié sa surface corporelle avant de tacler. Et qu’en amplifiant cette surface il a pris un risque qui a donc conduit au penalty pic.twitter.com/wsPiD92XoC– Rémi Serpaud (@RefReMaYe)
27 octobre 2024