Franceinfo est allé à la rencontre des habitants de cette commune administrée par le Rassemblement national depuis dix ans. Plusieurs déplorent le manque de sécurité et l’absence de perspectives pour les jeunes, d’autres décrivent une ville où « tout va bien ».
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Cette nouvelle progression du Rassemblement national pourrait-elle conduire à un gouvernement d’extrême droite début juillet ? Et si oui, qu’est-ce que cela signifie d’être dirigé par le RN ? Pour se faire une idée, franceinfo s’est rendu dans l’Aisne pour interroger quelques-uns des 10 000 habitants de Villers-Cotterêts, commune gérée par un maire RN depuis dix ans.
Ici, les électeurs ont voté à 43% pour la liste de Jordan Bardella aux élections européennes, même si très peu osent le dire. A Villers-Cotterêts, les opposants au RN s’expriment plus facilement. « Le climat, c’est la drogue partout, on ne peut pas se déplacer à pied parce qu’on se fait attaquer » déplore un habitant. La sécurité, une priorité pour les RN ? « Absolument pas », Elle répond.
« Si tu veux chier, il y a tous les plans que tu veux à Villers-Cotterêts ! »
Un habitant opposé au RNsur franceinfo
Pierre, la trentaine, estime que la mairie ne fait rien pour sa jeunesse. « Regardez autour de vous, il n’y a rien, pas d’enfants qui font du vélo, pas de vraie piste cyclable, pas de place pour patiner… Tous les jeunes quittent Villers et on les comprend. » Et Tareq, 23 ans, le confirme. « Je vis ici depuis ma naissance. Je n’ai jamais trouvé de travail ici. »
Le taux de chômage y est de dix points supérieur à la moyenne nationale, alors comme beaucoup, Tareq travaille à 50 km de là, à l’aéroport de Roissy. Fils d’immigré, il ne pense pas qu’il va rester ici. « On sent que l’ambiance de la ville a changé, j’ai l’impression que les gens nous regardent mal. En moi je suis français, je n’ai rien à me reprocher, je me suis adapté au pays. Au bout d’un moment j’essaye de ne pas me sentir ciblé, mais quand même, je me sens ciblé, même si je paie des impôts comme tout le monde. »
Les impôts, en effet, n’ont pas baissé et les caisses de la commune sont pleines : 11 millions d’euros l’an dernier, mais seulement 1,5 million d’euros réinvestis, en attendant les projets de rénovation. Le cinéma n’a plus de chauffage depuis trois ans, dénonce le principal opposant au maire. « C’est juste que nous ne faisons rien de tape-à-l’œil. »répond ce dernier, Franck Briffaut, réélu avec 53% des voix il y a quatre ans.
Un maire RN accessible, se félicite Jean-Alain, récemment installé ici après 37 ans à Meaux, la commune administrée par Jean-François Copé. « Quand on lui a posé la question, il a dit : ‘Je ferai le nécessaire, pas de problème’, tandis qu’à Meaux, on nous a dit : ‘Vérifiez avec mon adjoint’. » Jean-Alain l’assure, il fait bon vivre à Villers-Cotterêts.
« La preuve, c’est qu’ici vous avez toutes les couleurs raciales et tout va bien, ils nous disent bonjour. »
Jean-Alain, habitant de Villers-Cotterêtssur franceinfo
Il insiste, ce n’est pas pour rien que le parti a changé de nom. « Le Front National, c’était le fait de se lever, le Rassemblement National, c’est l’idée du rassemblement. » Mais Micheline, sa femme, n’est pas d’accord. « Je ne suis pas pour le RN, je ne dois pas penser la même chose ! La femme a le droit de s’exprimer, et ce n’est pas parce qu’elle aime son mari qu’elle va forcément voter comme lui. Moi je ne le fais pas. » Je veux une dictature dans mon pays ! Ce sont des hypocrites, c’est n’importe quoi et si jamais ils passent, il y aura des gens qui pleureront. Et je suis même pour l’Europe.ajoute Micheline. « Nous nous sommes mariés pour le meilleur ou pour le pire ! » sourit Jean-Alain.