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RAPPORT. Près de Pau, habitants et défenseurs de l’environnement se mobilisent contre un projet d’usine de biocarburants

Une start-up souhaite construire trois usines de production de biokérosène pour avions près de Pau, dans le Sud-Ouest. Mais le projet est vivement critiqué par les habitants et les associations de défense de l’environnement.

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Une réunion publique contre le projet d'une start-up de construire trois usines de fabrication de biokérozène près de Pau (Pyrénées-Atlantiques).  (GUILLAUME FARRIOL / RADIOFRANCE)

Le projet bouscule les défenseurs de l’environnement du Sud-Ouest. Une start-up française ambitionne de construire trois usines dans le bassin de Lacq, près de Pau, pour produire des biocarburants dont des dizaines de milliers de tonnes de biokérosène pour avions. L’investissement s’élève à deux milliards d’euros mais la fabrication nécessite des quantités astronomiques de bois, c’est-à-dire de bois. Les opposants à ce gigantesque projet, qui craignent pour les forêts de la région, se mobilisent depuis plusieurs semaines. Franceinfo s’est rendu à Garlin, dans les Pyrénées-Atlantiques, début mai, lors d’une des nombreuses réunions publiques organisées par les associations environnementales.

La petite salle est pleine à craquer ce soir-là. Une cinquantaine de personnes sont venues écouter les représentants du collectif « Touche pas à ma forêt pour le climat », 60 associations unies contre le projet d’usine à Lacq. Parmi eux Jacques Descargues, un ancien patron de l’Office national des forêts qui tient des réunions publiques depuis plusieurs semaines. « Je suis désolé pour toi, ce que je vais te dire n’est pas joyeux. C’est beaucoup d’inquiétude »prévient-il, alertant notamment sur les quantités de bois nécessaires au fonctionnement de l’usine de biokérosène.

« 500 000 mètres cubes par an, c’est colossal. Si l’on fait une comparaison, au Pays Basque ce sont la totalité des 20 000 hectares de la forêt d’Iraty qui seraient absorbés pour approvisionner l’usine en 15 ans »illustre Jacques Descargues.

« C’est la destruction des forêts de montagne qui sont extrêmement importantes pour la régulation de l’eau, la biodiversité, le réchauffement climatique, etc… Donc c’est vraiment aberrant. »

Jacques Descargues, ancien chef de l’Office des forêts et opposant au projet

sur franceinfo

Le constat est sévère, d’autant que la forêt souffre déjà et ne sera pas, selon lui, en mesure de fournir le bois nécessaire. « La forêt n’est plus capable de s’adapter au réchauffement climatique »déplore l’ancien patron de l’Office national des forêts.

Le discours est suivi attentivement dans la salle, certains prennent même des notes mais tout le monde est inquiet. « Fabriquer du carburant pour faire voler des avions est anachronique et pas du tout moderne »juge un homme. « Nous sommes prêts à nous mobiliser si nécessaire, selon nos moyens »assure une femme. « Il va falloir être en retard et intervenir, bien sûr »prend en charge un autre résident.

Mais pour Benoit Decours, co-fondateur d’Elise Energy, la start-up à l’origine du projet d’usine, les inquiétudes des habitants sont injustifiées. « Nous ne rasons évidemment pas la forêt. Nous visons un approvisionnement aux trois tiers : un tiers de biomasse forestière, un tiers de biomasse agricole, des sarments de vigne par exemple, et puis un tiers de déchets de bois, comme les meubles que vous jetez »il jure.

Benoit Decours défend même un projet industriel « écologique » avec la production à terme de 82 000 tonnes de biokérosène par an pour contribuer à décarboner l’aviation. La start-up espère lancer le projet d’ici la fin de l’année prochaine, pour une mise en service d’ici fin 2028 au mieux.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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