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Raphaël Glucksmann : « N’ayons pas peur de Jean-Luc Mélenchon, il ne peut pas nous détruire »

Alors que le cessez-le-feu vient tout juste d’entrer en vigueur au Moyen-Orient, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann estime que «une lueur d’espoir dans un monde qui ressemble de plus en plus à la noirceur, avec le cessez-le-feu. Nous voyons à quel point c’est fragile et familial, mais c’est l’espoir de liberté pour les familles des otages et pour les civils palestiniens. » et qui selon lui s’étend au Liban avec l’élection d’un Président et d’un Premier Ministre « ce qui est extrêmement loin de la corruption ambiante de la classe politique libanaise et du contrôle du Hezbollah sur cette classe politique »».

« Je pense qu’il faut être résolument pessimiste quand on pense au Moyen-Orient et à cette guerre, mais pour la première fois depuis le 7 octobre, une voie se dessine. C’est fragile, chaque pas sera un tournant, mais oui, il peut y avoir la fin de cette guerre», ajoute Raphaël Glucksmann. Et s’il assure en préambule qu’il le fera «dire toutes les mauvaises choses qu’il pense de Donald Trump», il reconnaît que sur ce dossier, «ce qui est sûr c’est que Benjamin Netanyahu misait dès le départ sur le fait que Trump allait arriver et qu’il n’allait pas se plier aux exigences américaines, mais il a vu que l’envoyé de Donald Trump allait dans le même sens que l’administration Biden».

Et l’Europe dans ce conflit ? « Elle était très peu audible, très divisée, elle a raté tous les moments clés de ce conflit, il faut qu’elle soit désormais présente maintenant que la paix peut se construire», affirme Raphaël Glucksmann, et cela va au-delà de l’aide humanitaire. Et en France, «nous devons faire pression pour qu’il y ait un chemin vers la paix, et ce chemin implique la reconnaissance d’un État palestinien, sans le Hamas qui est une organisation terroriste, mais il faut une perspective de liberté et de justice pour le peuple palestinien».

« Il faut discuter, il faut négocier »

L’autre grand sujet de la semaine est le discours de politique générale de François Bayrou, et la motion de censure qui a été rejetée, notamment grâce aux 58 députés socialistes qui n’ont pas voté pour. « Bravo, déjà. Habituellement, nous soupçonnons toujours les politiciens de négocier des positions, des fonctions, ou leur ego. Eh bien là, les négociations portaient sur des mesures concrètes, et n’avaient pas pour objectif d’entrer dans un gouvernement», analyse-t-il. « Nous sommes entrés dans une phase de discussions. Et depuis le 7 juillet, je le dis : il faut discuter, il faut négocier. Il y a eu un moment de prise de conscience, suite à la censure de M. Barnier. Si le précédent gouvernement avait choisi de faire une danse du ventre devant le RN, avec M. Bayrou, la priorité était de négocier avec la gauche», affirme l’eurodéputé.

Mais dans ces négociations, la suspension de la réforme des retraites, qui était une ligne cruciale pour une partie de la gauche, n’a pas été obtenue. Était-ce une concession nécessaire ? « Remontez quelques semaines en arrière : cette blessure profonde qu’était la réforme des retraites, tant sur le fond que dans la manière dont elle a été imposée, tout le monde la croyait refermée. Nous avons réussi à rouvrir le dialogue, le débat, y compris sur l’âge charnière. C’est déjà une victoire. Quand les syndicats disent qu’ils vont participer, que c’est une opportunité, c’est une victoire», et il ajoute que si ce dialogue est « faux » et qu’au final il n’y a aucun progrès, il sera toujours temps pour le PS de revenir à l’arme de la censure. « Mais nous l’utiliserons sur des actions, en jugeant sur des preuves».

Le PFN « n’est pas un mariage »

Qu’en est-il alors du PFN ? « Il ne faut absolument pas céder aux menaces (…) Dans notre pays, la gauche majoritaire est démocrate, humaniste, elle n’est pas dans les positions de Jean-Luc Mélenchon et donc elle ne doit pas avoir peur. N’ayez pas peur, il ne peut pas nous détruire. Alors maintenant, on assume le rapport de force, on assume le fait d’avoir notre vision du débat public», dit-il. Il rappelle que pour lui, le soutien au NFP est intervenu dans un contexte de menace imminente d’une victoire du Rassemblement National, «d’un gouvernement d’extrême droite dans notre pays, et face à une telle menace je prendrai toujours mes responsabilités», tout en assurant que le PFN était «pas un mariage».

« Il faut parler aux électeurs insoumis, mais il ne faut pas lier notre destin aux vœux de Jean-Luc Mélenchon et de son appareil politique, nous ne voulons pas la même chose.», dit-il. Mais tandis que François Hollande réclame qu’il y ait une motion « Place publique » lors du prochain congrès du PS, Raphaël Glucksmann rappelle que la Place publique est un parti, «ce qui implique près de 2000 personnes travaillant sur un projet» qui doit être prêt pour le mois de juin, car selon lui, la dissolution montre qu’il faut constamment être « prêt à tout » : «Nous ne serons plus surpris. Je suis contre une nouvelle dissolution ou une élection présidentielle anticipée. Mais la première brutalisation a été réalisée par Emmanuel Macron. Et en face, nous avons Jean-Luc Mélenchon qui propose une seconde brutalisation avec une présidentielle anticipée.». En revanche, il se dit favorable à la représentation proportionnelle, qui permet «que nous votons avec nous-mêmes sans avoir à nous diviser de l’intérieur».

« On sait que Bayrou ne portera pas notre projet »

« Nous faisons toujours partie de l’opposition», assure-t-il, «mais nous sommes dans une opposition qui ne se comporte pas comme Néron. On verra sur le budget si les progrès sont concrets, si le dialogue qui a été engagé n’est pas une farce. Et là, on prendra une décision, mais ça ne veut pas dire qu’on a signé une éternelle non-censure», explique Raphaël Glucksmann, qui explique que si les dialogues n’aboutissent pas, alors la porte de la censure sera rouverte. Il vise notamment les « immenses progrès » à réaliser sur la question de la transition écologique.

« Mais nous savons que François Bayrou ne va pas diriger notre projet. Nous allons attaquer le plus possible et ensuite nous jugerons. Mais nous savons que ce n’est pas notre gouvernement, ce n’est pas notre projet, nous savons que ce ne sera pas la grande transformation écologique et sociale que nous menons.», affirme-t-il, matérialisant le fait que ce que propose le gouvernement ne correspond pas tout à fait à ce que propose son mouvement, mais que «c’est déjà un pied dans la porte».

« L’Europe va mal »

Comment se porte l’Europe pendant cette période ? « L’Europe est en mauvaise posture », répond catégoriquement l’eurodéputé. « Nous avons quotidiennement des offensives contre les démocraties européennes : celles de Musk et de Trump, la guerre de Vladimir Poutine et sa croisade contre nos démocraties, les menaces sur notre production en provenance de Chine. Et face à cela, nous avons une Europe extrêmement divisée».

Alors Raphaël Glucksmann se lance dans un tableau »effrayant, mais en dessous de la réalité» : «Nous avons une Commission faible : celui qui était le rempart contre Elon Musk était Thierry Breton, l’architecte des instruments dont nous disposons aujourd’hui pour nous défendre, il a été rejeté comme impur. Nous avons une parole de France qui a perdu tout crédit depuis la dissolution, les gens n’ont pas compris en Europe. Et demain, nous avons Donald Trump qui sera installé et Elon Musk qui sera son numéro deux dans l’administration : des gens qui ont promis la même bataille culturelle et politique qu’aux États-Unis, mais ici chez eux. Ce que nous devons faire, c’est appliquer nos lois». Sur les enquêtes lancées contre X et contre TikTok, il appelle à ce que leurs contenus soient rendus publics, »et sanctionner les abus constatés : tout le monde sait à Bruxelles que les lois européennes sont violées».

Pour résister, faut-il quitter X ? « Il faut considérer ces réseaux sociaux comme des espaces publics qui répondent aux lois. Nous pensons que ce sont des espaces publics, mais ce sont des propriétés privées, ils ne peuvent pas être de pures propriétés privées. Mais il faut organiser notre départ de X. J’ai quitté TikTok avant la campagne européenne, car il était devenu évident que c’était un instrument du Parti communiste chinois pour déstabiliser nos démocraties. Face aux offensives de Musk contre nos démocraties, nous devons organiser notre départ. Il faut amener nos communautés à quitter ce réseau, à se rabattre sur Bluesky ou Mastodon, qui sont européens, et à faire en sorte que notre départ ait un coût pour Elon Musk (…) Il faut un délai commun».

Cammile Bussière

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Cammile Bussière

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