Parmi les quelque 180 députés de gauche entrés mardi à l’Assemblée, l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau est le seul élu portant l’étiquette Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann. Quoi qu’il en soit, l’ancienne tête de liste aux européennes veut toujours peser sur la recomposition politique en cours, au sein d' »un pôle idéologique qui puisse faire face aux mélenchonistes » à gauche.
Au lendemain des législatives qui ont donné naissance à un hémicycle fragmenté, « la démocratie parlementaire » est « la seule voie possible », affirme Raphaël Glucksmann, dans un entretien au « Nouvel Obs ». « La méthode sera donc, dans un premier temps, celle de construire des majorités, projet par projet, à l’Assemblée. »
« Parler aux gens contre lesquels vous vous êtes battus »
« On ne pourra pas gouverner par décrets et 49.3… », affirme le leader de Place publique, contrairement aux propos de Jean-Luc Mélenchon, qui a promis d’appliquer les mesures phares du programme du Nouveau Front populaire « par décrets », « dès cet été ».
« Si nous sommes fermés, sectaires, si nous ne discutons avec personne d’autre que nous-mêmes, nous commettrons une erreur démocratique et une erreur stratégique totale », estime Raphaël Glucksmann. « La gauche ne doit pas se comporter comme si elle avait une majorité absolue et un président de la République issu de ses rangs. Gare au déni de réalité ! »
« Nous n’avons pas le choix, il faut discuter avec les gens que nous avons combattus, sans nous renier, et convaincre », poursuit-il. « La gauche doit avoir le pouvoir d’initiative, mais le faire fructifier par le biais de discussions avec d’autres élus. »
Inversion du rapport de force à gauche
« Cela n’arrivera pas en répétant ‘tout mon programme, rien que mon programme’, et en disant aux autres : Vous êtes là en spectateur du déploiement de notre toute-puissance minoritaire ! », prévient-il, dans une critique de Jean-Luc Mélenchon.
A gauche, « le groupe socialiste à l’Assemblée a doublé et rattrapé celui des Insoumis, qui étaient pourtant mieux traités dans la répartition des circonscriptions », observe Raphaël Glucksmann : « Si on compare aux résultats de 2022, il y a eu une inversion du rapport de force à gauche », donnant naissance à un hémicycle « étonnamment social-démocrate », défend l’essayiste.