C’était un match de rêve, pas une simple offrande pour nostalgiques. Un match de légendes qui convoquait les souvenirs et l’histoire, du moins celle du tennis depuis vingt ans. La garantie d’un moment d’émotion, en espérant que le jeu suivrait. Un soixantième duel, peut-être le dernier. L’illustration par excellence, enfin, que les Jeux Olympiques (JO) sont une affaire de palpitations, plus encore qu’une course aux médailles.
Sous le soleil qui grillait le court Philippe-Chatrier, bondé à craquer et scintillant de drapeaux espagnols et de supporters qui donnaient l’impression de tribunes parsemées de papillons, les 15 000 spectateurs espéraient un nouvel épisode, un énième, dans la saga entre Nadal et Djokovic, éternels rivaux. Le tirage au sort du match leur avait offert, lundi 29 juillet, un deuxième tour inattendu entre le Serbe et l’Espagnol, quarante-six titres du Grand Chelem à eux deux. Une sorte de cerise sur le gâteau avant le dessert des finales, prévues les 3 et 4 août.
Le dernier chapitre n’aura pas été un sommet d’intensité. Peut-être, dans quelque temps, ne restera-t-il que le souvenir qu’il fut le dernier, loin des batailles épiques livrées depuis plus de quinze ans. Mais après la peur du néant, il y eut encore, au cœur du deuxième set, pendant un quart d’heure de folie, juste ce qu’il fallait de rebondissements, de spectacle et d’inattendu pour offrir l’illusion que les temps passés n’étaient peut-être pas tout à fait terminés. La grande majorité du public vibra alors aux grands cris de « Rafa ! Rafa ! » Et Novak Djokovic a quand même fini par s’imposer face à Rafael Nadal, en deux sets consécutifs (6-1, 6-4) et une heure et quarante-trois minutes de jeu.
Le tribunal n’avait jamais été aussi bruyant.
Le score brut ne reflète pas le roller-coaster émotionnel que fut la rencontre. Il n’y a pas eu de match, d’abord. Le premier set a ensuite été bouclé en à peine trente-neuf minutes. Les jeux se sont déroulés à grande vitesse, Novak Djokovic menant 6-1, 4-0 après une heure et quart. Balayé de droite à gauche sur le court par le Serbe, Rafael Nadal semblait asphyxié. Son manque de jambes, entrevu la veille au premier tour face au Hongrois Marton Fucsovics, semblait rédhibitoire. Novak Djokovic, lui, prenait un malin plaisir à multiplier les amorties, pour contraindre son adversaire à des courses épuisantes. Il y a quelques années, l’Espagnol y serait allé avec entrain. Là, il a renoncé à plusieurs reprises.
Signe que la situation semble désespérée, les encouragements redoublent pour le Majorquin. Chaque point gagné est célébré comme un exploit. La correction se profile, l’affaire semble terminée. Et puis non. Car à cet instant, Novak Djokovic, irrésistible jusque-là, desserre l’étau. Une double faute offre un premier break à son adversaire. Le deuxième, l’Espagnol va l’obtenir sur un point de folie : Djokovic smashe magnifiquement sauvé, puis un passing de coup droit qui lui permet de revenir à 4-4. Rafael Nadal fait parler son mental, insubmersible. Le court Philippe-Chatrier chavire, l’espace de quelques instants. Jamais le court n’avait été aussi bruyant depuis le début des Jeux.
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