Il ne s’agit pas d’une invention humaine, mais de la découverte d’un processus naturel. Ses implications sont gigantesques… Elle a permis de développer des traitements, de mettre en évidence l’instabilité de l’atome, de dater la matière organique et même de faire progresser les droits des travailleurs !
Mais l’histoire de la radioactivité, c’est aussi celle de sa découvreuse, Marie Curie, née Maria Skodowska. Cette scientifique d’origine polonaise est la première femme à obtenir un prix Nobel, et encore aujourd’hui la seule à en avoir remporté deux, dans deux disciplines différentes.
Comment s’est construit le mythe de Marie Curie ? Comment a-t-elle découvert la radioactivité ?
Pour en parler
Nathalie Pigeard-Micaulthistorien, directeur adjoint du musée Curie
Denis Guthlebendirecteur adjoint du comité d’histoire du CNRS et auteur de L’Odyssée de la Science : en 366 jours publié par Dunod, 2023
La place des femmes dans la recherche française au XIXe siècle
La découverte de la radioactivité a eu lieu à la fin du XIXe siècle, après un grand bouillonnement intellectuel au cours duquel beaucoup de choses avaient déjà été découvertes : l’électricité, le magnétisme, etc. Mais quelle est la place des femmes dans la recherche ?
Les femmes entraient à l’université en France – c’était le deuxième pays à accepter des femmes en Europe – en 1868. Elles étaient surtout en médecine et très peu en sciences et lettres. Avec l’évolution de l’enseignement, notamment supérieur, mais aussi secondaire, on avait besoin d’enseignantes, de femmes enseignantes, et donc les facultés de lettres et de sciences ont commencé à se professionnaliser. Avec un diplôme, on pouvait avoir un emploi. Les femmes allaient s’investir un peu dans ce domaine. Il faut dire que la fin du XIXe siècle, c’était vraiment à la fois le début de l’expansion universitaire, mais c’était aussi l’expansion de l’industrie de pointe, notamment chimique et électrique. Et donc on avait besoin de personnes qualifiées sur le marché du travail. Or, quand on avait besoin de personnes qualifiées sur le marché du travail, on acceptait des femmes et des étrangères. Et donc c’est très facile, même à partir de 1868, parce qu’elles sont très peu nombreuses, mais surtout à partir de la fin du XIXe siècle, pour une femme d’entrer dans un laboratoire : parce qu’on en a besoin.. Nathalie Pigeard-Micault
La conversation scientifique
59 minutes
Des rayons X à la découverte du polonium et du radium
Il y a les travaux du physicien allemand Röntgen Wilhelm, qui a découvert les rayons X, découverte pour laquelle il a obtenu le prix Nobel de physique en 1901, mais aussi la découverte des rayons d’uranium par Becquerel. Ces deux travaux marquent la voie vers la découverte du polonium et du radium par Marie Curie. Mais pour découvrir l’origine des rayons d’uranium, elle va devoir mettre en place des moyens gigantesques, et elle devra notamment avoir accès à plusieurs tonnes de minerai…
Il y a l’uranium, il y a la pechblende qui est plus active, plus radioactive. Seulement, cette pechblende, il faut la chercher là où elle se trouve : on l’apporte de Bohême en quantités absolument énormes, car le premier travail pour pouvoir étudier ces nouveaux radioéléments, c’est de les isoler dans le minerai, de parvenir à les extraire, à les séparer au sein du minerai. Et c’est un travail absolument considérable qui va être réalisé dans ce laboratoire de l’École supérieure de physique et de chimie industrielle. C’est un processus extrêmement long que Marie Curie décrit très bien elle-même dans une biographie qu’elle a écrite de Pierre Curie. Ce sont des heures de manipulation – qui se font à l’extérieur, car cela dégage des vapeurs, des odeurs… On fait macérer ces minéraux, on en extrait les différentes parties et on parle de parfois 30 ou 40 kilos de matière que Marie Curie est obligée d’installer dans des vases pour les chauffer, les séparer… Donc c’est vraiment un travail titanesque qui est réalisé à l’époque par Marie Curie, avec l’aide de Pierre Curie. Denis Guthleben
La méthode scientifique
57 minutes
Références sonores
Becquerelextrait de l’émission « Les Bâtisseurs du Monde », 1956
Histoire des sciences : la physique française à la fin du XIXe siècle, extrait de l’émission « Heure de culture française », RDF/RTF, 1950
Petite chanson radioactiveLoïc Desplanques
Tremblement d’oreilleTyler le créateur
Lecture de Pierre Curiepar Marie Curie, 1924