Un procès en vue pour Rachida Dati ? L’enquête sur l’affaire Renault, pour laquelle elle est mise en examen « corruption passive » et « trafic d’influence passif par une personne détenant un mandat électif public », Le jugement a été validé ce mardi 2 juillet par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, qui a rejeté un recours de Rachida Dati sur la prescription et l’ancienneté des faits. Ses avocats ont aussitôt annoncé qu’ils déposaient un pourvoi en cassation. « Le fond n’est pas du tout réglé. Le problème est que le temps est une insulte à la mémoire. Il est difficile de comprendre une affaire 15 ans après les faits. »ont déclaré Olivier Baratelli et Olivier Pardo à l’issue de l’audience.
Celle qui est ministre de la Culture encore quelques jours, en attendant les résultats du second tour des législatives, comptait sur sa demande de prescription déposée par ses avocats. « Tout le monde était au courant de l’intervention de Rachida Dati comme avocate de Renault-Nissan en 2009 et 2010. Tout est parfaitement clair », a-t-il ajouté. ont-ils assuré à l’AFP avant l’audience.
Pas pour les juges d’instruction en tout cas, qui se demandent si, en réalité, Dati n’avait pas été payée 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour exercer alors qu’elle était députée européenne un travail de lobbying formellement interdit aux députés.
L’affaire a débuté en 2019 à la suite de la chute de Carlos Ghosn, alors tout-puissant magnat de Renault-Nissan, et de la plainte d’un actionnaire du groupe automobile franco-japonais, et est classée sans suite depuis le 12 septembre 2023. Le Parquet national financier met la dernière main à son réquisitoire définitif, qui devrait être signifié aux parties cet été maintenant que l’épée de Damoclès de l’annulation de l’ensemble du dossier a disparu.
Gagner du temps
Il reviendra ensuite aux juges d’instruction de trancher : non-lieu ou renvoi devant le tribunal correctionnel. Dans ce dernier cas, le risque est grand que Rachida Dati se retrouve rapidement au banc des accusés au tribunal judiciaire de Paris. La maire du VIIe arrondissement use donc de tous les artifices juridiques, notamment en faisant appel à la chambre de l’instruction, pour tenter de gagner du temps : elle sait qu’elle ne pourrait pas se présenter comme candidate à la mairie de Paris en 2026 ayant été condamnée, même si cette condamnation n’était pas définitive. Une autre demande, demandant un non-lieu, n’a pas encore été examinée – les réquisitions du PNF n’ont pas encore été prises.
Une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a même été déposée par les avocats du ministre sur une question de délai. La chambre de l’instruction a également décidé de la rejeter ce mardi.
Une autre QPC est en cours à la demande de Carlos Ghosn, dont le cheminement entre les juges d’instruction, la chambre de l’instruction, la cour de cassation et le conseil constitutionnel pourrait à nouveau permettre de reporter un éventuel procès. « Tout cela ressemble à un long péplum »conclut une source judiciaire sur un ton affligé.
Mise à jour : à 15h20, avec l’ajout d’un commentaire des avocats de Rachida Dati.