Il est parfois surprenant de voir comment deux équipes créatives, distantes de milliers de kilomètres, parviennent à adopter des thèmes et des récits similaires, involontairement ou volontairement.
C’est le cas de l’agence Publicis qui a conçu la nouvelle campagne de lancement (quelques mois avant son lancement) de la R5 e-tech. Le scénario est simple : des centaines de vieilles bagnoles thermiques s’entassent sur une casse que le héros, qui ressemble à Mathieu Kassovitz, gravit non sans mal. Une fois arrivé au sommet, il découvre la lumière, le soleil et la révélation électrique à travers la nouvelle citadine du losange, soulignée par le slogan : la R5volution, une idée française. Vraiment française ?
Remarques similaires
Peut-être pas. Car au printemps dernier, les créatifs maison d’Apple avaient concocté une publicité pour le nouvel iPad Pro assez similaire, du moins dans son intention. On y voit des livres, des instruments de musique, une platine vinyle et une vieille console vidéo de bistrot empilés avant d’être écrasés par une gigantesque presse. La machine aplatit le tout pour nous faire comprendre que ce bazar tient entièrement dans un simple iPad, le plus fin jamais conçu.
On ne peut évidemment pas soupçonner les créatifs parisiens d’avoir plagié leurs collègues californiens. Pourtant, la similitude des deux spots saute aux yeux. Que nous disent ces courts métrages ? Que le vieux monde, celui des voitures thermiques, comme celui des instruments de musique, est balayé par la technologie : numérique d’un côté, électrique de l’autre. Jusque dans les couleurs angoissantes que l’on retrouve dans les deux publicités.
Un tollé contre Apple, pas contre Renault
Il reste une différence fondamentale entre les deux spots. Face au tollé provoqué par la publicité d’Apple, la direction de l’entreprise a décidé de retirer le spot en question. Car de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’attaque frontale contre « créativité humaine » symbolisé par les objets écrasés. En gros, ce sont Mozart et Flaubert qui sont assassinés.
Du côté français, où la publicité Renault est diffusée depuis plus d’une semaine, personne n’a réagi. Les voitures thermiques mises au rebut n’ont pas fait sourciller les aficionados. Ettore Bugatti et Enzo Ferrari ne sont pas Mozart.