Qu’y a-t-il derrière l’amnésie post-concert rapportée par les fans de Taylor Swift
« Si je devais décrire mon ressenti, je dirais que le concert n’a pas encore eu lieu », raconte Guenaëlle, 22 ans. Et pourtant, l’étudiante en master achats était bien à la Défense Arena, à Paris, le 9 mai, pour assister à l’événement qu’elle attendait depuis près d’un an : le concert de Taylor Swift, pop star américaine, sa chanteuse préférée. «Je ne me souviens pas de la couleur des tenues qu’elle portait, par exemple. Par contre, je me souviens très bien de chaque détail du chemin du retour et de mon hôtel. » explique Guénaëlle.
Une situation qu’elle n’est pas la seule à avoir vécu, en France ou ailleurs, lors de l’Eras Tour, la tournée de la star, débutée en mars 2023 aux Etats-Unis. Non, Taylor Swift n’est pas une sorcière qui voudrait hypnotiser ses spectateurs, comme le prétendent certaines théories complotistes sur les réseaux sociaux. Des explications scientifiques existent.
Psychiatre au Jersey Shore University Medical Center, New Jersey (États-Unis), Nathan Carroll aime la musique de Taylor Swift, mais ne se considère pas comme telle « Swiftie », fan inconditionnel, contrairement à certains de ses confrères. « Quand ils sont allés à son concert dans le New Jersey et m’ont dit le lendemain qu’ils avaient oublié des portions entières, je me suis dit que ça avait un intérêt scientifique »explique le médecin, qui avait également relevé ce type de témoignage dans les médias.
En fouillant dans la littérature, il est tombé sur un syndrome : l’amnésie globale transitoire, ou ictus amnésique, qui se caractérise par perte de mémoire sur une courte période. « Trop d’excitation est ressentie par le cerveau sous forme de stress, ce qui affecte sa capacité à encoder les souvenirs »poursuit le psychiatre qui, avec son équipe, a rédigé un article (en cours de publication) sur cette vague d’amnésie globale passagère liée à la tournée de Taylor Swift. « Notre mémoire est extrêmement sensible au stress, qu’il provienne d’une expérience positive ou négative »souligne-t-il.
Montée d’adrénaline et de cortisol
Selon une étude réalisée sur plus de 200 personnes en Argentine, publiée dans la revue de l’Académie brésilienne de neurologie Arquivos de Neuro-Psiquiatria, Cependant, il s’agit d’un syndrome beaucoup plus fréquent chez les personnes âgées, entre 50 et 80 ans.
« Nous pourrions comparer ce phénomène à ce que font les états de stress post-traumatique. L’intensité de la mémoire, la surexploitation de l’amygdale, les mécanismes à l’œuvre pour coder la mémoire émotionnelle sont sensiblement similaires. » avance Yann Humeau, chercheur CNRS à l’Institut interdisciplinaire des neurosciences (IINS) de Bordeaux. Une anticipation extrême peut provoquer de l’anxiété. La montée d’adrénaline et de cortisol, l’hormone du stress, peut contribuer à ce phénomène. Au cours des vingt dernières années, les recherches sur la perte de mémoire post-traumatique se sont multipliées. axé sur l’hippocampe, une zone du cerveau particulièrement impliquée dans le stress.
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