« Qu’ils mettent leur ego de côté » : les Carhaisiens inquiets des tensions entre les Vieilles Charrues et la mairie
Malagigi Boutot
Est-ce le début de la fin des Vieilles Charrues à Carhaix ? Ce n’est pas l’avis d’Emma, la vingtaine, croisée, samedi 13 avril, sur le marché. Originaire de Rouen, la jeune femme s’est installée sur la commune ces derniers mois. Si la 32e édition lui servira de première, cet été, une chose ne lui a pas échappé : les tensions entre la mairie et les organisateurs du festival. « J’ai entendu dire qu’il y avait un risque avec la bataille autour d’un immeuble », glisse-t-elle. Mais selon Emma, la rencontre « fait vivre trop de monde à Carhaix. Économiquement, c’est gagnant-gagnant et il est peu probable que cela change. »
Un optimisme loin de faire l’unanimité, ce matin-là, parmi les étals de la place du Champ-de-Foire. Patrick, sac plastique blanc à la main, est venu acheter une tranche de paella avant le déjeuner. Bénévole des Vieilles Charrues depuis une dizaine d’années, il ne comprend pas « le pourquoi de cette guéguerre » et ne cache pas sa « peur de voir le festival disparaître », même s’il imagine « plutôt un déménagement qu’un arrêt définitif ».
« Une véritable guerre des égos »
Les raisons de cette discorde ne prêtent pas à débat. «C’est une véritable guerre d’ego entre la Ville et le festival», assène Christine
Les Carhaisiens rencontrés sur le marché ne sont pas tous aussi optimistes quant à l’avenir des Vieilles Charrues.
Les Carhaisiens rencontrés sur le marché ne sont pas tous aussi optimistes quant à l’avenir des Vieilles Charrues. (Raphaël Rufflé-Marjot / Le Télégramme)
Devant le stand de saucisses du Petit Bougnat, Muriel va plus loin à propos de l’élu : « Si Christian Troadec fait partir les Vieilles Charrues, il perdra par la même occasion la mairie ». Aux côtés de sa fille Morgane, vêtue d’une veste arborant un pin’s de l’édition 2022, la Carhaisienne souhaite que « chacun mette son égo de côté » dans l’intérêt d’une « fête maintenue à des prix abordables ».
Craintes autour de l’économie locale Clémence, lunettes de soleil sur le nez, est fidèle au festival depuis sa première édition dans la commune. C’était en 1995, sur cette même place du Champ-de-Foire. Depuis, l’événement « a énormément pris de l’ampleur », reconnaît-elle, au point peut-être « d’accentuer les différences ». Loin d’être lassé des querelles, le quadragénaire entend « continuer à profiter » de la programmation. Son seul souci ? L’intérêt économique que représentent les Charrues pour Carhaix. « Le festival apporte beaucoup au commerce alimentaire, ainsi qu’aux particuliers qui louent des salles ou des terrains. La population ne doit pas être perdante de ces divisions.