Qui sont les Resnick, ces milliardaires accusés de contrôler l’eau de Californie ?

Los Angeles, ravagée par des incendies de forêt et une sécheresse chronique, est au cœur d’une polémique qui dépasse les flammes dévastatrices. En arrière-plan, deux personnages centraux se dessinent. Il s’agit de Stewart et Lynda Resnick, milliardaires de l’agroalimentaire spécialisés dans la pistache, qui sont aujourd’hui accusés de monopoliser les ressources en eau.

Avec une fortune estimée à 13 milliards de dollars et un patrimoine agricole de 75 000 hectares répartis dans la vallée de San Joaquin, Stewart et Lynda Resnick sont les plus grands exploitants agricoles privés de Californie, explique le Courrier quotidien. Leur société, Wonderful Company, regroupe des marques emblématiques telles que Pom Wonderful (jus de grenade), Wonderful Pistachios, Fiji Water, Halos tangerines et le service de livraison de fleurs Teleflora. Mais au-delà de leur activité, c’est leur influence sur les ressources en eau de l’Etat qui suscite la polémique.

Les Resnick possèdent une participation majoritaire dans la Kern Water Bank, un vaste réservoir d’eau de 83 kilomètres carrés capable de stocker jusqu’à 1,85 milliard de mètres cubes d’eau. Cette banque d’eau leur permet non seulement de sécuriser l’irrigation de leurs terres agricoles, mais aussi de revendre de l’eau à l’État de Californie lorsque la demande est forte. « Comment une seule famille peut-elle contrôler plus d’eau que l’ensemble de Los Angeles, une ville de près de 4 millions d’habitants ? », s’indigne Yasha Levine, co-réalisatrice du documentaire « Pistachio Wars », cité par le quotidien. « Leur influence sur les ressources en eau est disproportionnée. »

Les contrats aujourd’hui controversés

Dans les années 1990, les Resnick ont ​​acquis des terres agricoles à prix réduit alors que la Californie investissait massivement dans les infrastructures hydrauliques pour détourner les rivières et stocker l’eau. Ces acquisitions stratégiques leur ont permis de conclure des contrats à long terme pour sécuriser leur approvisionnement en eau, un atout crucial dans un État en proie à des sécheresses répétées.

Une enquête menée par Mother Jones en 2016 a révélé que les fermes des Resnick utilisaient plus d’eau certaines années que l’ensemble de la ville de Los Angeles et de la région de la baie de San Francisco réunis. Cette surconsommation d’eau suscite des inquiétudes, notamment en période de sécheresse où les villes doivent restreindre leur utilisation de l’eau.

Un pouvoir politique critiqué

Les Resnick sont également connus pour leurs liens étroits avec les dirigeants politiques de l’État. Au fil des années, ils ont fait de généreux dons pour les campagnes électorales de plusieurs gouverneurs, dont Arnold Schwarzenegger, Jerry Brown et Gavin Newsom. En 2021, ils ont contribué 250 000 $ à une campagne visant à empêcher la destitution de Gavin Newsom, le gouverneur de Californie.

«Leur pouvoir politique est terrifiant», déclare Lauren Steiner, militante et organisatrice des manifestations contre les Resnick. « Ils sont comme les frères Koch de l’eau californienne. Ils achètent de l’influence et contrôlent l’accès à une ressource vitale. » Lauren Steiner craint que le soutien financier des Resnick n’encourage Gavin Newsom à fermer les yeux sur leur contrôle croissant des ressources en eau, alors même que la Californie fait face à une crise écologique sans précédent.

Une réponse insuffisante aux critiques

Malgré les critiques récurrentes, les porte-parole de Wonderful Company ont défendu les Resnick, affirmant que leur capacité à influencer les prix de l’eau était limitée. « Nous ne pensons pas avoir un pouvoir d’achat suffisant pour influer sur les prix de l’eau », déclarait un porte-parole en 2021 dans les colonnes de Forbes. Le couple a également investi dans des projets philanthropiques liés au climat et à la culture. Ils ont contribué près de 2 milliards de dollars aux universités, aux initiatives environnementales et aux organisations communautaires de la Central Valley de Californie.

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Mais ces actions ne suffisent pas à apaiser les critiques. «Leur philanthropie ne masque pas l’impact écologique de leur empire», estime Yasha Levine. « Ils profitent d’un système qu’ils ont contribué à façonner et qui exacerbe les problèmes environnementaux de la Californie. » »