Qui sont les dirigeants du Hamas visés par les mandats d’arrêt demandés par le procureur de la CPI ?
Yahya Sinwar, Ismaël Haniyeh et Mohammed Deif sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité après les massacres commis le 7 octobre et la prise de 245 otages, dont 132 sont toujours détenus dans la bande de Gaza.
Trois dirigeants du Hamas sont visés par des mandats d’arrêt demandés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis depuis l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le territoire israélien le 7 octobre. Qui sont-ils ? Le Figaro faire le point.
Ismaël Haniyeh, le leader politique
Élu chef du bureau politique du Hamas en 2017 pour succéder à Khaled Mechaal, Ismaël Haniyeh, 60 ans, s’est fait connaître du monde entier en 2006 en devenant premier ministre de l’Autorité palestinienne après la victoire surprise de son mouvement aux élections législatives. Mais la cohabitation avec le Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, fut de courte durée. Le Hamas l’a expulsé de force de la bande de Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d’Israël du territoire.
Ismaël Haniyeh, qui vit en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, deux pays alliés du Hamas, milite depuis longtemps pour concilier résistance armée et combat politique au sein du mouvement, considéré comme « terroriste » par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Connu pour son discours posé et posé, Ismaël Haniyeh, au visage rond encadré d’une barbe poivre et sel, entretient de bonnes relations avec les dirigeants des différents mouvements palestiniens, y compris rivaux. Il a été emprisonné à plusieurs reprises par Israël et expulsé pendant six mois vers le sud du Liban.
Sur des images diffusées par les médias du Hamas peu après le début de l’attaque sanglante contre Israël, on peut voir Ismaël Haniyeh discutant avec jubilation avec d’autres dirigeants du Hamas dans son bureau de Doha, regardant le reportage de la télévision arabe montrant des commandos du Hamas s’emparant de jeeps de l’armée israélienne. Alors que plus de sept mois de guerre ont laissé des pans de Gaza en ruines, Ismaël Haniyeh a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le groupe ne libérerait les otages que si les combats s’arrêtaient définitivement.
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Mohammed Deif, le « chef de cabinet »
Chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, c’est Mohammed Deif qui a annoncé dans un enregistrement diffusé par le mouvement, le matin du 7 octobre, le début de l’opération. « Inondation d’Al-Aqsa ». Sur l’enregistrement, illustré par une photo de Mohammed Deif dans le noir comme le fait toujours le Hamas pour qu’il ne soit pas identifié, on l’entend annoncer que « Les positions et fortifications ennemies ont été visées par 5 000 roquettes et obus pendant les 20 premières minutes » de l’attaque.
L’attaque a fait plus de 1.170 morts, pour la plupart des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Le Hamas a pris 252 personnes en otages. Celui que le Hamas présente comme « le chef d’état-major de la résistance » est une cible pour Israël depuis de nombreuses années. Il a échappé à au moins six tentatives de retrait connues. Le plus récent remonte à 2014, lorsqu’un raid aérien israélien le visant dans la bande de Gaza a entraîné la mort de sa femme et de l’un de leurs enfants.
Depuis près de 30 ans, l’homme, né en 1965 dans le camp de réfugiés de Khan Younes (sud de la bande de Gaza), est impliqué dans les coups les plus violents portés contre Israël : enlèvements de soldats, attentats-suicides, tirs d’armes à feu. roquettes… Nommé en 2002 à la tête de la branche armée du Hamas, après la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé, tué dans un raid israélien, Mohammed Deif a une longue histoire militante et clandestine qui a débuté dans les années 1980.
En 2000, au début de la deuxième Intifada dans les territoires palestiniens contre l’occupation israélienne, il s’est évadé – ou a été libéré – d’une prison de l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat. Au grand désarroi des Israéliens qui l’avaient dans leur ligne de mire. Juste après son accession au commandement des Brigades al-Qassam, il a été la cible d’une tentative d’élimination de la part d’Israël dont il est ressorti grièvement blessé, la paraplégie étant évoquée mais non confirmée. Il a valu à ses ennemis le surnom de « chat avec neuf vies » et devient aux yeux des Palestiniens une figure légendaire, aussi résolue dans sa lutte contre Israël que mystérieuse. Il a été inscrit en 2015 sur la liste américaine des « terroristes internationaux ».
Yahya Sinwarl’homme fort de Gaza
Élu en février 2017 à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, issu de la branche militaire du mouvement, fait partie des partisans d’une ligne dure. Agé de 61 ans, cet homme ascétique aux cheveux blancs a passé 23 ans derrière les barreaux en Israël avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers.
En 1987, la première Intifada éclate dans un camp de réfugiés au nord de la bande de Gaza, le natif de Khan Younes rejoint le Hamas nouvellement fondé. Il fonde ensuite Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.
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Ancien commandant d’élite des Brigades al-Qassam, recherché par Israël et également inscrit sur la liste américaine des « terroristes internationaux », Yahya Sinwar entoure ses déplacements du plus grand secret. Il n’est pas apparu en public depuis le 7 octobre. Mais en février, l’armée israélienne a diffusé une vidéo montrant le chef du Hamas dans un tunnel avec une femme et trois enfants.