Les embauches effectuées sans publication d’offres à l’avance sont une réalité incontournable. Comment accéder à cet environnement dynamique mais méconnu ? Quelques recommandations.
Le marché du travail invisible, quesaco ? Il s’agit simplement d’embauches effectuées sans publication d’offres d’emploi. Un marché pour le moins actif : selon les données communiquées par SmartData, la solution Big Data du groupe Randstad France, quelque 5 millions d’embauches ont été réalisées en 2023 par ce biais, sur un total de 9,4 millions. Le calcul est rapide : plus d’une offre d’emploi sur deux en France tombe sur le marché invisible. Le Figaro a également révélé que ce métier en pénurie et qui rapporte 3125 euros par mois dès les premières années recrute beaucoup sur le marché invisible.
Relation de confiance
Comment expliquer l’ampleur du phénomène ? « Ce sont des pratiques courantes dans certaines catégories de métiers, explique François Moreau, secrétaire général du groupe Randstad France. Et prenons l’exemple des agents administratifs, plongeurs ou aides de cuisine, tous très concernés par le recours aux CDD. « Lorsqu’une relation de confiance s’établit, un employeur aura tendance à faire appel aux mêmes candidats. Ces embauches ne font donc pas l’objet d’une offre d’emploi. »
Pour les salariés du ménage, le « bouche à oreille » est un vecteur de recrutement important, notamment auprès des particuliers. « Dans ces configurations aussi, aucune annonce préalable n’est nécessaire pour l’embauche. »
Cadres encastrés
En revanche, les cadres sont moins concernés par le marché invisible. Dans la mesure où leur expertise est plus rare et conduit parfois les entreprises à une véritable guerre des talents, les recruteurs sont contraints de multiplier les canaux pour trouver les bons profils : les offres d’emploi traditionnelles font partie de cette palette.
Implantation géographique
Toutes les régions sont-elles impactées de la même manière par l’essor du marché invisible ? « Qu’elle résulte d’une candidature spontanée, d’un contrat temporaire, d’une cooptation ou d’une embauche en CDI après un CDD, son poids varie selon les métiers et les régions »souligne François Moreau.
Les données collectées par le groupe Randstad montrent que c’est en Île-de-France que le marché de l’invisible est le plus fort, avec six embauches sur dix (60%) en 2023 réalisées sans publication d’annonce dans la région. Les Hauts-de-France (57%) et la région Grand Est (55%) complètent le podium.
A l’inverse, c’est dans les Pays de Loire que l’impact du marché invisible se fait le moins sentir : 42 % des embauches se font sans annonce préalable, un pourcentage inférieur à celui des autres régions.
Devoir d’identification
Face au poids du marché invisible en France, les demandeurs d’emploi sont amenés à intégrer ces données dans leurs recherches. « Le conseil numéro un est d’identifier clairement les secteurs et les entreprises qui recrutent ainsi », explique François Moreau. Bref, n’hésitez pas à vous renseigner directement auprès des acteurs de l’emploi, publics et privés. Dans le même esprit, il convient de consulter les études qui paraissent régulièrement sur le sujet.
Candidature spontanée
« Proposer proactivement son profil aux entreprises susceptibles de recruter est aussi une façon de suivrerecommande François Moreau, si le profil correspond aux attentes, la candidature sera examinée en priorité. » Oser postuler spontanément n’est donc pas une audace déplacée.
Demandez aux gens autour de vous
Le conseil numéro trois du secrétaire général de Randstad France repose sur l’activation du réseau. Etant donné que la cooptation est un levier apprécié des recruteurs, un profil recommandé aura plus de chance d’être étudié. « Tout le monde a un réseau, il ne faut pas hésiter à tendre la main à son entourage – famille, voisins, anciens étudiants, chefs d’entreprise, membres de son club de sport, anciens collègues, etc. – ni à utiliser les réseaux sociaux, notamment et surtout LinkedIn. »
Tremplin vers le marché du travail
Un dernier conseil : pousser la porte des agences de travail intérimaire permet, selon François Moreau, de valoriser les expertises. « Le travail temporaire offre la possibilité de faire ses preuves auprès des employeurs et débouche souvent sur des embauches à long terme. C’est un véritable tremplin vers le marché du travail. »