Elle est la plus âgée du groupe. Bénévole tout terrain depuis 2009. « Dans toutes les positions possibles », confirme Morgan Guyonvarch. Jusqu’à intégrer le conseil d’administration du festival et à être propulsé président de l’association Wild Rose, qui soutient Art Rock depuis 41 ans. La Briochine de 36 ans a grandi avec son épreuve, et vice versa. « Mon rôle est de faire en sorte que l’Art Rock puisse perdurer encore 40 ans », décrit-elle. Réunir les six salariés et tous les bénévoles du festival autour des trois jours qui font vibrer Saint-Brieuc. « Se donner les moyens de le faire, et être garant de ces moyens. »
Comme ses acolytes, Morgan est issue d’une formation universitaire culturelle. Tours, Lille, Dunkerque : une vie au Nord et des racines résolument briochines. La même qu’Alice Boinet. Dans le Nord, le Costaricain de 31 ans a grimpé encore plus haut, jusqu’en Suède, où, après Rennes, le futur programmateur d’Art Rock s’est d’abord concentré sur l’économie. Avant de se tourner vers la culture, elle rejoint la Sorbonne Nouvelle, où elle obtient son master en conception et gestion de projets culturels. Après tout, elle est baignée dans la culture depuis qu’elle est petite : ses parents ont fondé Art Rock.
Déconstruire pour mieux construire
Depuis 2018, c’est à lui que l’on doit les choix d’affiches du festival. «Quand j’étais plus jeune, j’ai aussi fait des stages dans une maison de disques», raconte Alice Boinet. Pour faire le bon choix entre musique live et musique enregistrée. » Ce seront les concerts, le public, le partage. Chez Art Rock, elle transmet, à travers de nombreux choix d’expositions, son amour de l’art contemporain, qu’elle partage avec Aurélie Denis. Celle qui dirige la communication du festival, à l’année et pendant neuf ans, en a fait une spécialité durant ses études, en master, après une première incursion en faculté de lettres, puis en communication. «J’étais plutôt destinée à travailler dans un centre d’art», raconte-t-elle. Mais il me fallait un projet humain qui ait du sens. »
En tant que président, je dois encore m’affirmer, sinon mes interlocuteurs ont tendance à s’orienter vers les hommes. Nous avons vraiment tous quelque chose à jouer pour que les choses avancent.
L’affiche, bien évidemment, est encadrée par Carol Meyer, directrice et chef d’orchestre des festivités. Cinq universités, autant de pays, les services culturels des ambassades de France à l’étranger. Un bagage fou. C’est ce qui les a conduites à ces postes encore rarement occupés par les femmes dans les grands événements culturels. «C’est dommage que ce soit le cas et j’espère qu’à terme, on ne le remarquera plus», songe Carol Meyer. Dans nos équipes, nous cherchons à inverser les tendances. Et cela va dans les deux sens. Nous nous efforçons de déconstruire ensemble, de lever les freins aux carrières des femmes. »
Plus de parité… Pour plus de diversité ?
Sur la programmation du festival, « les femmes se comptent encore sur les doigts d’une main », regrette Alice Boinet. « Ça change mais c’est lent. » Au conseil d’administration, même constat. « Il y a encore du travail », assure Morgan Guyonvarch. Je dois souvent m’affirmer, sinon mes interlocuteurs ont tendance à se tourner vers les hommes. Nous avons vraiment tous quelque chose à jouer pour que les choses avancent. » Cela nécessite une programmation où la parité est une priorité. « Cette année, nous avons 48 % de femmes artistes et aussi 25 % de locales », précise Alice Boinet. Il est important, au-delà de la programmation internationale, de donner aux artistes locaux la visibilité que peut offrir le festival. »
Leur sensibilité à ces questions d’inclusion est « aussi une question de génération », poursuit Alice Boinet. « Ensemble, nous avons apporté au festival notre envie de relever de nouveaux défis sociétaux et sociaux », explique le trentenaire. « Et notamment celui de la transition écologique de l’événement », ajoute Carol Meyer. Mon envie, dès mon arrivée, était aussi de développer l’Art Rock sur l’insertion, de travailler avec des écoles, des associations, des Ehpad et des publics minoritaires. C’est ce que nous avons fait et il reste encore beaucoup à faire. »
Notamment en termes de diversité culturelle, à tous les niveaux du festival. C’est le prochain objectif que l’équipe s’est fixé. « Le manque est assez étonnant du côté du public », reconnaît Alice Boinet. « C’est le prochain sujet car cela devient vraiment problématique pour nous », explique le directeur de l’événement. Et même si le changement prendra du temps, Art Rock aura peut-être, une fois de plus, l’avance qui le différencie.