Il s’agit du premier d’une série de trois procès visant ce petit groupe extrémiste. Depuis lundi, neuf membres présumés du mouvement Reichsbürger (« citoyens du Reich ») ont comparu devant le tribunal de Stuttgart (Allemagne) pour un projet de coup d’État déjoué fin 2022. Dix-sept autres personnes soupçonnées d’appartenir à ce mouvement Les réseaux armés seront également jugés à partir du 21 mai à Francfort et du 18 juin à Munich. Pour chacun de ces trois procès, la justice allemande a prévu une cinquantaine de jours d’audience, jusqu’en janvier 2025 au moins. Alors que la procédure vient de s’ouvrir devant un tribunal de Stuttgart sous haute surveillance, 20 minutes fait le point sur ce petit groupe dont le démantèlement avait stupéfié l’Allemagne.
Qu’est-ce que ce mouvement des « citoyens du Reich » ?
Ce petit groupe est né dans les années 1980 avant de véritablement se développer et se structurer à partir des années 2010. Ses partisans, au nombre de 21 000 selon les services de renseignement intérieurs allemands, sont des extrémistes de droite, des théoriciens du complot et des passionnés des armes à feu qui rejettent la légitimité de la République allemande moderne. D’un autre côté, ils croient à la pérennité du Reich allemand avant la Première Guerre mondiale sous la forme d’une monarchie.
Plusieurs groupes de partisans ont également décrété la création de leurs propres mini-États, certains refusant de payer des impôts et n’ayant pas de carte d’identité. Le cerveau présumé de ce petit groupe est Henri XIII, qui se fait également appeler prince Reuss. Descendant d’une lignée originaire de l’Etat de Thuringe, cet aristocrate et homme d’affaires septuagénaire fait partie des neuf personnes jugées à partir de ce lundi, avec à ses côtés un ancien député d’extrême droite et un ancien haut gradé de l’armée allemande.
Que leur reproche la justice ?
Les neuf premiers accusés, tous allemands et âgés de 42 à 60 ans, sont soupçonnés d’avoir planifié un coup d’État « par haine de la démocratie » en 2022. Le groupuscule avait notamment prévu d’envahir la chambre des députés allemande à Berlin pour y arrêter des élus. fonctionnaires et renverser le gouvernement. Pour atteindre ses objectifs, le réseau avait accumulé un véritable arsenal de guerre avec 380 armes à feu, 350 armes blanches, 500 autres armes et près de 148 000 munitions saisies lors des perquisitions.
Ses membres étaient également équipés de casques balistiques, de gilets pare-balles, d’appareils de vision nocturne et de menottes. A Stuttgart, la plupart des neuf prévenus sont soupçonnés d’avoir tenté de recruter d’autres personnes à leur cause dans les rangs de l’armée ou de la police allemandes, ou parmi d’anciens membres de ces deux institutions.
Pourquoi l’ombre de Moscou plane-t-elle sur ce procès ?
Même si le Kremlin avait nié toute « ingérence » au moment du démantèlement de la cellule fin 2022, l’ombre de Moscou planera tout au long de ces trois procès. La compagne présumée d’Henri XIII, une ressortissante russe nommée Vitalia B., est en effet soupçonnée d’avoir « mis l’aristocrate en contact avec le consulat général de Russie à Leipzig et de l’y avoir accompagné en juin 2022 ». Selon les enquêteurs, Henri XIII cherchait à obtenir le soutien de Moscou.